Depuis deux semaines, Joliette est la toute première ville du Québec à mettre à la disposition des automobilistes des bornes de recharge pour véhicules électriques dans son espace public. Une première planifiée de longue date qui devance l'arrivée du circuit électrique d'Hydro-Québec.

Robert Parent est un visionnaire. Et un rêveur. «Je rêve de la voiture électrique depuis que je suis tout petit», confesse celui qui est directeur d'Hydro-Joliette, service municipal de distribution d'électricité. Un rêveur qui a été pris très au sérieux.

À l'automne 2007, il a proposé aux élus de concrétiser son rêve en planifiant l'arrivée de la voiture électrique dans notre quotidien. Quand la rénovation du centre-ville de Joliette s'est imposée, son idée a été adoptée. Conduits, raccordements et panneaux de distribution d'électricité ont alors été installés sur le stationnement de l'hôtel de ville et sur la place Bourget, afin de fixer ultérieurement huit bornes de recharge de 240 volts. Trois ans plus tard, deux d'entre elles sont sorties de terre et trois autres sont attendues fin avril-début mai.

«On est même déjà prêt pour la recharge rapide, on a un puits d'accès où on a toute la puissance nécessaire déjà», ajoute M. Parent.

L'investissement s'est élevé à 7500$ par borne et à environ 600$ pour l'installation de chacune. Au cours de ces 12 prochains mois, les propriétaires de voitures électriques pourront les recharger gratuitement après s'être procuré une carte d'accès aux bornes au coût de 10$. Un tarif horaire de 1$ à 2$ par recharge sera ensuite appliqué, l'an prochain. Hydro-Joliette compte s'adapter progressivement à l'offre de véhicules électriques sur le marché et à la demande des automobilistes.

Au moment où ces véhicules font une percée timide sur le marché automobile, le jeu en vaut-il la chandelle? «Le lendemain de l'inauguration des bornes, une Chevrolet Volt était à recharger dans le stationnement de la place Bourget. Je crois que plus on va avoir de bornes, plus ces véhicules vont devenir populaires. C'est le principe de l'oeuf ou la poule», répond Robert Parent, qui projette de s'acheter une voiture électrique - le contraire eût été étonnant.

Et la réaction des Joliettains? «Les gens veulent s'informer, c'est une curiosité. Je n'ai rien entendu de négatif.»

Intérêt à Sherbrooke

Joliette est l'une des neuf municipalités au Québec à exploiter son propre réseau électrique. Elle peut ainsi acheter de l'électricité auprès d'Hydro-Québec, pour ensuite la redistribuer et la revendre sur son territoire. La Ville de Sherbrooke bénéficie également de ce droit acquis. Et s'intéresse de près à l'initiative qu'a prise Joliette pour les voitures électriques.

«On a de l'intérêt pour le projet, l'analyse des besoins est en cours. À la fin de l'été, une décision sera prise et une proposition sera faite au conseil municipal», confirme Louis Gosselin, porte-parole d'Hydro-Sherbrooke.

Quant au réseau public de recharge d'Hydro-Québec, il sera en exploitation dans les agglomérations de Montréal et de Québec au mois de mars. Rappelons que Communauto dispose de son propre réseau pour ses abonnés au service d'autopartage, dans l'île de Montréal et au centre-ville de Québec.

Maintenant que Joliette est «sur la map», gageons que d'autres le seront.