L'industrie automobile recycle davantage que prévu, selon une étude ontarienne. Le nouveau calcul porte à près de 90%, et peut-être même davantage, la proportion d'une voiture qui est recyclée après sa mise à la retraite.

«Un calcul simple montre que le taux de recyclage est légèrement meilleur, de 12%, que le taux qui est généralement utilisé», explique Susan Sawyer-Beaulieu, qui a fait ce travail dans le cadre de ses études postdoctorales en génie à l'Université Windsor. «Mais c'est probablement plus élevé, parce que les voitures sont mélangées avec des électroménagers avant d'être recyclées. Or, les électroménagers ont probablement beaucoup moins de matériaux recyclables que les voitures.»

Les recherches menées par Mme Sawyer-Beaulieu auprès de huit récupérateurs de voitures mises à la casse - sept démanteleurs, communément appelés «cours à scrap», et un déchiqueteur - montrent que les démanteleurs récupèrent jusqu'à 12% des voitures en pièces et liquides divers et que 80% à 85% du produit du déchiquetage est récupéré sous forme d'acier et des métaux non ferreux . «Le deuxième chiffre était connu, mais on ne tenait pas compte du premier», dit l'ingénieure ontarienne.

Donc, au total, le taux de récupération monte à 83%-87%. Mais attention: les déchiqueteurs mélangent ce qu'ils reçoivent des démanteleurs à d'autres produits, notamment des électroménagers. «Je vais examiner la question à la fin de mon postdoctorat», précise Mme Sawyer-Beaulieu.

Les améliorations sont notables. Les modèles produits à la fin des années 80 sont beaucoup moins recyclables que ceux qui ont été produits après. Parmi les véhicules envoyés à la casse entrant dans la catégorie «faiblement recyclables», l'année moyenne de construction était 1990. L'année moyenne de production des véhicules de la catégorie «hautement recyclables» était 1998.

L'ingénieure ontarienne a un parcours peu commun. «J'ai été ingénieure environnementale dans le secteur minier pendant 10 ans, dit-elle. J'ai notamment travaillé dans le nord du Québec et j'ai fait une maîtrise en métallurgie. Ensuite, j'ai fait une réorientation de carrière vers les usines de traitement des eaux. J'ai conçu un système de contrôle de la moule zébrée pour les usines. J'ai fini par retourner faire mon doctorat et j'ai eu la chance de rencontrer mon superviseur, Edward Tam, qui travaillait sur le secteur automobile.»

Sa spécialisation en métallurgie permet à Mme Sawyer-Beaulieu d'apprécier à sa juste valeur les métaux provenant du recyclage des automobiles. «Il reste un peu de contamination par des résidus non métalliques et par des métaux lourds, mais c'est inférieur au métal qu'on tire des mines. Alors on peut envoyer les métaux ferreux directement aux aciéries, pour lesquelles c'est une source d'approvisionnement à bas coût. De plus, c'est bon pour l'environnement, à la fois parce qu'on évite des déchets et parce qu'on réduit l'activité minière.» Selon certaines études, la renaissance des aciéries américaines est en partie due à cette source abordable de fer.

Un autre objectif est de réutiliser les matériaux non métalliques avant d'envoyer les carcasses au déchiqueteur, pour limiter la contamination des métaux. «Par exemple, la mousse des sièges peut être réutilisée pour fabriquer d'autres sièges. La technologie existe déjà. Au Michigan, il y a une société qui réutilise la mousse d'autres industries, généralement celle du matelas, pour fabriquer un produit chimique appelé opoliol, qui entre dans la recette de la mousse des sièges d'auto. Certains modèles de Chrysler se servent de cette filière.»