Les constructeurs automobiles ont du mal à vendre des voitures électriques en Chine, en dépit des milliards de dollars que le gouvernement dépense pour promouvoir ce mode de transport propre.

L'objectif affiché par la Chine est de voir circuler cinq millions de véhicules à «énergies nouvelles» en 2020, pour lutter contre les émissions polluantes et réduire la dépendance de la deuxième économie mondiale aux importations de pétrole. Mais les prix des voitures électriques, le manque d'infrastructures et d'enthousiasme des consommateurs risquent de rendre ce but difficile à atteindre.

Pour l'instant, il n'y a en Chine que 100 000 voitures électriques et hybrides, dont la plupart sont achetées par des entités gouvernementales, selon des estimations du secteur.

Mais Pékin a prévu d'injecter 100 milliards de yuans (16 milliards dde dollars) d'ici 2020 pour les promouvoir, et veut se concentrer sur le tout électrique.

Le constructeur chinois BYD (pour Build Your Dreams, Construisez vos Rêves), dans lequel a investi le milliardaire américain Warren Buffett, a lancé en octobre un véhicule entièrement électrique à 370 000 yuans (59 270$). Le prix, même réduit pour l'acheteur de 16% grâce à des subventions, reste largement au-dessus de celui de n'importe quel autre modèle de sa catégorie.

Un concessionnaire à Shanghai interrogé par l'AFP à Shanghai a pour sa part indiqué n'avoir vendu l'année dernière qu'une seule voiture entièrement électrique et deux voitures hybrides.

«Les gens hésitent à choisir des voitures à des prix élevés, concède Zhang Jiankun, directeur des ventes chez BYD. Même si le gouvernement peut subventionner les voitures fonctionnant avec des énergies alternatives, le manque de stations de recharge reste un souci majeur.» Le nombre estimé de stations pour l'ensemble de cet immense pays était de 243 fin 2011.

Les constructeurs étrangers ont néanmoins entrepris de lancer sans attendre leurs nouvelles technologies automobiles sur le premier marché mondial du secteur. General Motors a ainsi importé ses premières Chevrolet Volt en Chine et va commencer début 2012 à vendre des modèles hybrides chez 13 concessionnaires répartis dans huit villes.

Mais la Volt pourrait souffrir d'un problème d'image en Chine après l'enquête lancée aux États-Unis sur ses batteries au lithium, dont des tests ont montré qu'elles pouvaient prendre feu plusieurs jours ou semaines après un accident grave. GM développe aussi une autre voiture électrique avec son partenaire chinois SAIC, qui a de son côté lancé en novembre cinq modèles de voitures à énergies nouvelles.

«On dirait que tous les grands constructeurs ont leur programme de véhicules électriques, a déclaré l'an dernier à la presse Ray Bierzynski, directeur de la stratégie d'électrification de GM. Le but de GM est de prendre une position de leader parmi les constructeurs sur ce marché crucial.»

Le tournant vers la voiture électrique intervient en Chine alors que la croissance du secteur a très fortement ralenti l'an dernier après deux années de boom. Aussi beaucoup de constructeurs étrangers se concentrent-ils aujourd'hui sur les modèles hybrides, après avoir voulu passer directement au tout électrique.

«Ils ont réalisé que c'était beaucoup trop ambitieux», selon Klaus Paur, directeur des études sur le marché automobile d'Ipsos en Chine.

Les infrastructures pour que la voiture électrique puisse réellement s'imposer restent à créer. À travers la Chine, 15 zones pilotes ont pour l'instant été mises en place dans ce but. Pour l'heure, les Chinois restent davantage attirés par les voitures de luxe que par les véhicules propres.

«La priorité pour une voiture, à mes yeux, ce sont ses performances, parmi lesquelles il y a la puissance» du moteur, a déclaré à l'AFP Gu Jiahuan, un acheteur en train de choisir un modèle à Shanghai.

«Les véhicules à énergies alternatives ne sont pas assez mûrs. Et les voitures purement électriques ne peuvent pas aller bien loin».