Voici le moment de sortir vos factures d'essence et votre calculatrice et de savoir combien d'essence vous payez par année. Vous pourrez comparer avec le coût énergétique de la Nissan Leaf tout électrique, qui s'en vient l'an prochain.

Les cotes d'efficacité énergétique données par le ministère de l'Environnement américain sont sorties hier et si on applique ici les mêmes facteurs, on peut se hasarder à dire qu'il coûterait 352,18$ en électricité pour faire rouler une Leaf au Québec. Évidemment, c'est une moyenne, et évidemment, il faut la prendre avec des pincettes.

Voici comment on en arrive à ce chiffre. Vous allez voir, ce n'est pas sorcier. Et ce n'est pas une science exacte...

99 milles au gallon!

Même si elle est électrique, la Nissan Leaf aura une cote établissant l'équivalent de sa «consommation d'essence», tel que déterminé par le ministère américain de l'Environnement. Le quotidien New York Times a révélé hier que cette cote sera de 99 milles au gallon (2,38 litres/100 km) selon une moyenne calculée sur la grande route en ville.

Le Times a publié l'autocollant officiel de l'Environment Protection Agency (EPA) que les concessionnaires américains sont légalement tenus de mettre sur chaque modèle offert. On peut y lire, en grosses lettres : «Équivalent combiné de 99 milles au gallon - 106 en ville, 92 sur la route». L'autocollant donne aussi une moyenne du coût d'exploitation annuel à chaque modèle, pour aider le consommateur à comparer les voitures entre elles. Et c'est là que ce devient intéressant pour nous.

L'EPA a calculé qu'il coûtera en moyenne 561$ US en électricité pour faire rouler une Leaf durant un an. L'EPA ne dit pas quel kilométrage annuel elle a pris pour en arriver à ce coût, qui donne 574 dollars canadiens, Mais cette conversion en huards ne veut rien dire, puisque l'électricité est moins chère au Québec que dans presque toutes les grandes villes américaines, selon des tableaux comparatifs publiés par Hydro-Québec.

Ce qu'il faut savoir, c'est que l'EPA a utilisé un prix de 12 cents le kWh (12,24 cents canadiens, au taux de change de ce matin) pour évaluer la Leaf. Or au Québec, aujourd'hui, l'énergie pour charger une Leaf coûterait 7,51 cents (CAN) le kWh, selon le tarif domiciliaire d'Hydro-Québec. En faisant un savant calcul (une règle de trois apprise en 1967), on arrive à notre facture annuelle très approximative de 352,18$.

Il y a une autre variable locale (qui est vraie aux États-Unis aussi): notre hiver. Seul l'usage sur de longues périodes permettra de savoir si la Leaf et les autres voitures entièrement ou partiellement électriques perdent de l'efficacité énergétique au grand froid.

Soit dit en passant, en s'intéressant aux prix de l'électricité en Amérique du Nord, on constate jusqu'à quel point l'auto partiellement ou entièrement électrique est compatible avec le Québec, si (et c'est un gros si) ces voitures supportent bien l'hiver. Hydro-Québec a comparé ses tarifs avec ceux de 10 grandes villes américaines; à part l'exception de Seattle, où l'électricité coûte 99% du tarif québécois, les habitants des 10 autres villes américaines évaluées par Hydro-Québec paient plus du double, en moyenne, du tarif hydro-québécois (Portland, en Oregon, est au bas de la fourchette de prix des villes plus chères, avec 128% du tarif hydro-québécois, tandis que New York est au sommet de la cherté électrique des villes comparées, avec 312% du tarif d'ici.)

Sans compter qu'ici, l'électricité est essentiellement propre, produite avec des barrages hydroélectriques, pas des centrales au charbon. Une voiture mue par un moteur électrique soustrait vraiment beaucoup de gaz polluants au transport.

Par ailleurs, il n'est pas certain qu'on paiera le plein prix pour recharger sa Leaf, sa Chevrolet Volt ou sa Prius branchable. Plusieurs grands fournisseurs d'électricité américains ont indiqué leur intention d'offrir des rabais nocturnes aux propriétaires d'autos branchables, pour les inciter à consommer de la capacité inutilisée en dehors des périodes de pointe. Hydro-Québec pourrait les imiter hors des grands froids d'hiver (durant ces grands froids, le réseau est près de la pleine utilisation même la nuit et une grande quantité de voitures électriques à recharger pourraient être un problème).

On a essayé de joindre un porte-parole chez Hydro-Québec, mais nos appels sont demeurés sans réponse.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

L'EPA a utilisé un prix de 12 cents le kWh pour évaluer la Leaf. Or au Québec, l'énergie pour charger une Leaf coûterait 7,51 cents (CAN) le kWh.

Autonomie de la Leaf selon l'EPA: 117 km

Il n'y jamais d'essence dans une Leaf, qui utilise l'énergie stockée par un ensemble de batteries au lithium-ion. Mais l'EPA devait quand même donner une cote de consommation énergétique permettant de comparer aussi bien que possible des pommes avec des oranges : pour arriver à son estimation de 99 milles au gallon. L'EPA a ainsi calculé que 33,7 kilowatts-heures équivalent à un gallon américain d'essence.

La cote de 99 milles au gallon accordée à la Leaf est deux fois meilleure que la cote EPA de l'hybride en parallèle Toyota Prius (50 milles au gallon). L'EPA n'a pas encore annoncé la cote de l'hybride en série Chevrolet Volt.

L'autocollant EPA de la Leaf résume en peu de mots sa performance telle qu'évaluée par l'organisme. Le ministère a établi à 73 milles (117,4 km) l'autonomie moyenne de la tout-électrique de Nissan. Comme elle ne produit aucun gaz (il n'y a pas de tuyau d'échappement) l'EPA lui accorde la meilleure cote possible.

C'est pas mal moins que les 160 km d'autonomie annoncés par Nissan il y a quelques mois, mais l'EPA a ses propres façons de faire. D'ailleurs, observe le New York Times, les consommateurs vont trouver un peu mêlant tous les autocollants qui se retrouveront sur les Leaf dans les concessions automobiles américaines: «Pour ajouter à leur confusion, la Leaf portera aussi un deuxième autocollant, celui de la Commission fédérale du Commerce (qui régit la publicité des véhicules à combustibles alternatifs), qui indiquera une autonomie de 96 à 110 milles (154 km à 177 km)».

Sources: Hydro-Québec; Nissan; EPA; New York Times

Photo AFP

Pour arriver à son estimation de 99 milles au gallon, l'EPA a calculé que 33,7 kilowatts-heures équivalent à un gallon américain d'essence.