Malgré des aides gouvernementales qui coûteront une fortune au contribuable, il faudra au moins 20 ans avant que les véhicules hybrides rechargeables réduisent sensiblement la consommation énergétique et la pollution.

C'est ce que conclut le Conseil national de la recherche américain dans une analyse coût-bénéfice de la transition vers cette nouvelle technologie automobile.Ce rapport arrive comme un cheveu sur la soupe pour l'administration du président Barack Obama, qui veut tripler les 2,4 milliards $US déjà offerts en crédits d'impôts aux fabricants de technologies de pointe, dont les batteries utilisées dans les hybrides rechargeables.

Le document estime que le coût élevé des batteries lithium-ion risque de les empêcher d'être une alternative viable aux hybrides essence-électricité (sans fil de recharge) et aux voitures dotées de meilleurs moteurs à combustion interne. Le programme bonifié de crédits d'impôts, déjà annoncé par le vice-président Joe Biden, vise à réduire le coût des batteries; mais l'étude estime que «le potentiel de baisse importante de leur prix semble limité». Car les batteries lithium-ion «sont déjà produites à grande échelle par des fabricants, qui sont déjà avancés dans leur courbe d'apprentissage».

Le plan Obama critiqué

«Par conséquent, les véhicules électriques hybrides vont demeurer extrêmement chers et leur prix d'achat annulera toute économie d'essence», peut-on lire dans un éditorial du Washington Post, qui critique le plan fédéral d'aide aux hybrides rechargeables.

Ici, il convient de faire une distinction. Les véhicules hybrides rechargeables sont dotées d'un fil qui peut être branché dans une prise de courant domestique. Elles requièrent des batteries électriques extrêmement puissantes pour emmagasiner beaucoup d'électricité. Ce n'est pas le cas des hybrides les plus répandues, comme les Toyota Prius, la Honda Insight et la Ford Fusion hybride actuelles, n'ont pas (encore) de fil électrique. Leurs batteries n'ont pas besoin d'être aussi performantes parce qu'elles sont constamment rechargées par un petit moteur à essence, très économique.

«Les auteurs du rapport doutent qu'il y ait plus de 13 millions d'hybrides rechargeables d'ici 2030, une fraction des 300 millions de véhicules qui devraient rouler sur les routes américaines d'ici là. Le Conseil national de la recherche calcule qu'il faudra attendre 2047 au plus tôt pour qu'il ait assez d'hybrides rechargeables pour que les économies de carburant finissent par égaler les subventions annuelles pour les rendre compétitives avec les véhicules conventionnels. Et le gouvernement fédéral devra dépenser 303 milliards de dollars pour nous amener à ce point», poursuit le Washington Post.

Le gouvernement fédéral américain a déjà promis un crédit d'impôt remboursable de 7500$ à chaque acheteur de Chevrolet Volt, quand cette hybride essence-électricité sera lancée à la fin de 2011. Sans subvention, cette berline peu luxueuse se vendrait le prix d'une petite BMW. Même subventionnée, la Volt reviendra quand même à 33 000$ US, soit plus chère que sa concurrence.

Une subvention aux bien-nantis

L'éditorial note que le rapport fédéral est muet sur une évidence: les subventions fédérales vont profiter aux bien nantis, ceux qui ont les moyens d'acheter et d'entretenir une voiture comme la Tesla tout électrique à 50 000 $US et la Fisker hybride à 40 000 $US (après les crédits d'impôt), ou encore la Chevrolet Volt.

L'étude affirme que les hybrides rechargeables demeureront trop chères pour le consommateur au revenu moyen. Le Conseil national de la recherche américain note cependant qu'il serait autrement plus rentable d'investir dans l'amélioration de l'efficacité énergétique des moteurs à essence traditionnels et des technologies hybrides essence-électricité. Ce faisant, on pourrait espérer réduire de 40% la consommation d'essence d'ici 40 ans.

«Pas si mal, et sûrement moins cher pour les contribuables, souligne l'éditorial du Washington Post. Les politiciens préfèrent les hybrides électriques et les autres technologies qui en mettent plein la vue. Subventionner à gogo donne l'impression que le gouvernement fait quelque chose d'efficace contre le chômage, notre dépendance énergétique et la pollution environnementale. Mais les faits récemment exposés permettent d'en douter.»

 

En octobre, le vice président Biden avait annoncé un prêt d'un demi-milliard de dollars au constructeur d'autos hybrides Fisker pour l'aider à ré-outiller une usine désaffectée du Delaware. Le gouvernement fédéral américain finance aussi un programme de recherche sur les batteries automobiles, au Michigan, au coût de 2 milliards. L'administration Obama veut que les ventes de véhicules hybrides rechargeables et tout électriques atteignent 1 million d'unités d'ici 2015. Cet objectif est assorti d'un programme de développement des voitures tout électriques doté de 25 milliards en fonds fédéraux.

Sources: Washington Post ; LeftLaneNews