Les voitures électriques vont contribuer à la réduction des émissions de CO2 dans le monde, mais cela va prendre du temps et les défis à relever pourraient ralentir leur production, avertit l'organisation Transports et Environnement dans un rapport publié la semaine dernière.

«Les visiteurs du Salon de l'automobile de Francfort en 2009 ont eu le sentiment que l'avenir sera électrique. Chaque constructeur a en effet présenté un projet virtuel de voiture électrique, et c'est devenu le sujet dont on parle», souligne l'organisation.

 

Mais la réalité est toute autre. «Il va falloir attendre plusieurs décennies» pour espérer voir ces modèles se substituer aux voitures à essence, a affirmé un des représentants de l'organisation, Dudley Curtis, au cours d'une conférence de presse à Bruxelles.

 

«Leur développement sera limité jusqu'en 2030», estime-t-il. «Selon les estimations, les voitures électriques devraient représenter 25% des ventes de véhicules neufs vers 2050», précise le rapport.

 

Mais il va falloir surmonter plusieurs obstacles. Le principal sera d'«éviter un choc électrique», c'est-à-dire les conséquences d'une forte augmentation de la consommation d'électricité, insiste l'organisation.

 

Selon un rapport réalisé en 2009 par Eurelectric, l'association des producteurs d'électricité de l'Union européenne (UE), «un remplacement complet du parc automobile par des véhicules électriques entraînerait une augmentation de 15% de la consommation dans l'UE».

 

«Cette nouvelle demande va signifier une plus grande utilisation du charbon et du nucléaire», affirme Transport et Environnement.

 

Aujourd'hui, la France, qui compte le plus important parc de centrales nucléaires de l'UE, ne peut pas satisfaire la demande nationale en hiver pour le chauffage électrique et «doit recourir à des capacités additionnelles» en charbon et en gaz, a souligné le patron de GDF Suez, Gérard Mestrallet, dans un entretien au quotidien Libération le 19 octobre.

 

«Un autre gros obstacle va être le coût et les capacités des batteries», souligne Transport et Environnement.

 

La mise au point des voitures électriques est une nécessité, soutient l'organisation. «Les transports dans l'UE brûlent les deux tiers du pétrole consommé et sont la cause de 28% des émissions de CO2», rappelle son rapport.

 

Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a promis de s'attaquer à la pollution des transports au cours de son second mandat, notamment en favorisant les voitures électriques.

 

La Chine, les États-Unis et la France aident économiquement les constructeurs automobiles à se lancer dans l'électrique. Les nouvelles règles adoptées par l'UE pour limiter les émissions de CO2 des voitures et des camionnettes favorisent cette voie.

 

Mais le temps joue contre la voiture électrique, dont le premier modèle a été inventé en 1832, et le seul moyen pour que ce rêve devienne réalité est de maintenir la pression sur les décideurs, soutient Dudley Curtis.