GM suscite beaucoup d'excitation avec sa voiture hybride Volt, surtout que la bagnole semble destinée à faire 1,02 L/100 km en ville (ou 230 milles au gallon, si vous avez l'âge pour comprendre). Mais il y a des sceptiques chez la concurrence : les consommateurs voudront-ils vraiment payer autour de 45 000 dollars canadiens pour une berline électrique ?

Le président d'Audi, Johan de Nysschen, en doute tellement qu'il a récemment traité la Volt d'«auto pour idiots».

Évidemment, c'est la concurrence qui parle, le boss d'Audi ne va pas applaudir un produit rival, d'autant plus que M. de Nysschen, chez Audi, est un des partisans les plus farouches des nouvelles technologies diesel, en tant que remplaçant éventuel du moteur à explosion à essence.

 

Mais il y a quelque chose qui sonne sincère dans le dénigrement de la Volt par M. de Nysschen, qui affirme, justement, que la Volt n'est pas, loin de là, un produit concurrent de Audi.

 

Ce qui fait le plus tiquer M. de Nysschen dans la Volt, c'est son prix estimé de 40 000 $ aux États-Unis (43 000 dollars canadiens). À ce prix-là, on peut acheter un berline de luxe intermédiaire. Or, note M. de Nysschen, la concurrence naturelle de la Volt, quand on y regarde de plus près, est plutôt constituée de voitures à 25 000 $ US (26 800 huards). Alors, la Volt pourrait avoir des difficultés à trouver son créneau et sa clientèle.

 

"Personne ne va payer une prime de 15 000 $ pour une auto qui concurrence une Corolla, a déclaré M.de Nysschen à MSN. Alors ils ne trouveront pas assez d'idiots pour l'acheter."

 

Le patron d'Audi concède aux hybrides rechargeables l'avantage, en ville. Mais il pense que la majorité des conducteurs d'hybrides sont encore des fervents qui affirment leurs convictions. Les hybrides «sont pour les élites intellectuelles qui veulent afficher qu'ils sont des esprits éclairés», dit M. de Nysschen, (comme si le client type d'Audi était un tatoué qui va à l'usine avec une boîte à lunch et un tabloïd sous le bras...).

 

Audi travaille au développement de quelques hybrides, mais la firme allemande mise sur sa technologie diesel pour réduire la consommation de carburant et les émanations polluantes. Ses meilleurs moteurs diesel consomment 25 % moins de carburant et polluent 35 % moins que les moteurs à essence. Le tout à un coût de construction moindre que celui d'une hybride.

 

M. de Nysschen prédit que la Volt sera un flop et que le gouvernement américain interviendra encore pour maintenir en vie le programme.

 

Dans une communication subséquente, M. de Nysschen a pédalé par en arrière et indiqué qu'il ne se souvenait pas d'avoir utilisé l'expression « autos pour idiots », mais ni lui ni Audi ne le nie, et le journaliste de MSN, lui, s'en souvient. Mais en fait, le patron d Audi se fait plus critiquer pour son jugement au sujet de l'avenir commercial de la Volt que pour sa rafraîchissante franchise.

Plusieurs commentateurs ont fait remarquer que la Prius, de Toyota, a été déficitaire pendant un bout de temps avant d'être rentable. C'est comme ça quand on lance une nouvelle technologie, et pas seulement dans l'automobile.