Quoi qu'on fasse, rouler en voiture produit du dioxyde de carbone, un gaz à effet de serre. Une entreprise californienne tentera de rendre l'automobile plus écolo en produisant l'essence la plus verte qui soit: elle sera fabriquée à partir du CO2, et ne jouera qu'un rôle minime dans le réchauffement de la planète.

La société Carbon Sciences n'a pour le moment qu'un prototype. Mais elle espère d'ici un an avoir une unité industrielle branchée à une usine de production d'électricité brûlant du charbon. Si Carbon Sciences réussit son pari, elle transformera l'automobile de cauchemar environnemental en cause mineure de pollution.

 

«Nous sommes sûrs que nos coûts seront concurrentiels, a expliqué en entrevue téléphonique Byron Elton, président de l'entreprise. Nous n'avons pas tenu compte des coûts de transport et de transformation, mais pas non plus des éventuelles taxes sur le carbone, dont nous tirerons profit. Le laboratoire gouvernemental Sandia a un procédé similaire, mais beaucoup plus énergivore parce qu'il utilise une haute température, et son prix de revient est de 4$ le gallon d'essence.»

Le procédé de Carbon Sciences, qui utilise des «enzymes biocatalytiques», fonctionne à température et à pression normales. Plus de 99% du CO2 entrant dans la machine est transformé en carburant (le carbone du CO2 est jumelé à l'hydrogène d'une source d'eau, H2O). Selon M. Elton, la quantité d'énergie nécessaire est minime. Chaque unité de production de carburant serait jumelée à un grand émetteur de CO2.

Des éloges

La concurrente de Carbon Sciences, responsable du programme de Sandia, a récemment fait l'éloge du procédé biocatalytique durant les audiences d'un sous-comité sur l'énergie du Sénat des États-Unis. Les calculs de M. Elton montrent qu'en utilisant de 25% à 40% du CO2 émis par les centrales au charbon du monde, il parviendra à combler 30% des besoins mondiaux en carburant.

Récemment, une carrière de calcaire du Missouri a demandé une soumission, et 600 000 gallons d'essence pourraient être produits chaque jour.

Les enzymes utilisées font partie du processus de photosynthèse qui permet aux plantes de produire des feuilles en respirant du CO2 et en expirant de l'oxygène. «À l'état naturel, ces enzymes ne sont pas très efficaces pour produire du carburant», dit M. Elton, qui est né au Canada et qui a longtemps travaillé en télécommunications, notamment chez le fournisseur de services internet AOL. «L'essence coûterait de 300$ à 400$ le gallon à produire. Mais nous avons mis la main sur un procédé mis au point par un ingénieur chimique pakistanais qui a longtemps travaillé pour l'industrie chimique saoudienne.»