Le constructeur automobile japonais Nissan a dévoilé dimanche son premier modèle de voiture entièrement électrique, la «Leaf», première réalisation concrète de sa nouvelle stratégie axée sur la commercialisation de masse de véhicules à zéro émission polluante.

La «Leaf» a été présentée par Carlos Ghosn, le PDG de Nissan et de son allié français Renault, à l'occasion de l'inauguration du nouveau siège social du groupe japonais à Yokohama, près de Tokyo.

Cette voiture de taille moyenne (5 places), d'apparence proche d'un véhicule à combustion de même catégorie, est équipée d'une batterie lithium-ion qui la rend capable, selon Nissan, de rouler plus de 160km sans recharger. Sa vitesse maximale est de 140km/h.

Le constructeur prévoit de la commercialiser massivement à partir de fin 2010.

Il a, dans la foulée, conclu 27 accords de coopération avec des États (Israël, Danemark, etc.) et collectivités de par le monde, qui créeront un réseau de stations de rechargement pour batteries de façon à faciliter la circulation des voitures électriques sur leur territoire.

La voiture «ouvre une nouvelle ère dans l'industrie automobile», a affirmé M. Ghosn. «La Leaf est totalement neutre pour l'environnement: elle n'a pas de pot d'échappement, pas de moteur qui brûle de l'essence, juste l'énergie silencieuse et efficace apportée par les packs de batteries lithium-ion de notre fabrication», s'est-il vanté.

La batterie de la «Leaf» peut être rechargée à la maison, sur une prise secteur, en huit heures. Elle peut aussi être rechargée à 80% de sa capacité en 30 minutes dans les stations prévues à cet effet. L'autonomie a été calculée en fonction d'études montrant, par exemple, que 90% des Américains roulent moins de 160km par jour.

Selon M. Ghosn, la «Leaf» coûtera autant à l'achat qu'une voiture à combustion, tandis que la batterie (louée à part) et les recharges coûteront moins cher chaque mois que des pleins d'essence.

Nissan compte, à terme, lancer une gamme complète de voitures électriques. Il mise sur les avantages fiscaux que devraient offrir divers gouvernements à qui achètera ce type de véhicule «propre», et sur le pétrole cher qui amènera les consommateurs à se détourner des carburants classiques.

Nissan et Renault affirment être les premiers constructeurs à «investir massivement» les voitures électriques. Ils ont ainsi mis au point leurs propres batteries, en collaboration avec le japonais NEC.

Leurs concurrents Mitsubishi Motors et Subaru ont toutefois lancé cette année deux petites voitures électriques, l«'iMiEV» et la «Stella».

«Nous n'avons pas la même vision du marché. Nous voyons les voitures électriques non comme un marché de niche, mais comme un marché de masse» qui pèsera «plus de 5% des ventes mondiales», a expliqué Carlos Ghosn.

Ce pari pour le «tout électrique» distingue Nissan de ses compatriotes Toyota et Honda, qui ont pour leur part mis l'accent sur les technologies hybrides (essence+électricité). Les voitures hybrides connaissent ces derniers mois un vif succès commercial au Japon.

En matière d'émissions polluantes, la différence entre l'électrique et l'hybride «est comme entre fumer un peu et ne pas fumer», a philosophé M. Ghosn. «Ne pas fumer, c'est mieux que de fumer un peu, mais c'est une catégorie complètement différente», a-t-il dit, signalant que Nissan n'allait pas pour autant réduire son offre en voitures à combustion ou renoncer à l'hybride.

La présentation de la «Leaf» a eu lieu le même jour que l'inauguration du nouveau quartier général de Nissan. Le groupe quitte le quartier tokyoïte chic de Ginza pour s'installer dans une tour de 22 étages à Yokohama, son berceau historique.