La Norvège, comme le Canada, est un pays nordique qui exporte beaucoup de pétrole et qui est dirigé par un gouvernement minoritaire. Mais certains politiciens norvégiens abordent les problèmes environnementaux liés à l'or noir d'une façon bien différente que le Canada.

En Norvège, la ministre des Finances a déposé un projet de loi qui interdirait dès 2015 la vente de voitures neuves propulsées seulement à l'essence. Ce coup d'éperon donné aux constructeurs automobiles les inciterait à accélérer leur virage vert, affirme la ministre des Finances Kristin Halvorsen, chef du Parti de la gauche socialiste.

Loin de faire consensus, son idée a créé une polémique, récoltant des appuis prévisibles chez les écolos et suscitant d'aussi prévisibles objections dans l'industrie.

Le Parti de la gauche socialiste de Mme Halvorsen est le plus petit membre du gouvernement de coalition à trois partis dirigé par le Parti travailliste. Son projet de réglementation a peu de chances d'être adoptée : le premier ministre Jens Stoltenberg et d'autres s'y opposent. Ce rejet probable ne décourage pas Mme Halvorsen, qui pense que le statu quo n'est pas une option.

«Nous sommes souvent le parti qui avance les idées neuves», a-t-elle déclaré à l'agence de presse Reuters.

Le magazine français Écho Nature note que ce débat n'est pas sans rappeler le projet de référendum soutenu en juillet 2008 par le mouvement écologiste suisse des Jeunes Verts. Une pétition réclamait une réglementation interdisant les véhicules rejetant plus de 250 g de CO2/km et plus de 5 mg de particules fines par km. Comme le cas norvégien, le projet suisse a été vivement critiqué.

«C'est beaucoup plus réaliste que ce qu'en pensent les gens à prime abord», a déclaré la ministre norvégienne à Reuters, en défendant le projet de loi présenté par son parti, qui proscrirait d'ici six ans la vente des voitures propulsées uniquement par un moteur à combustion interne.

«Ces constructeurs automobiles aujourd'hui en difficulté savent qu'ils doivent développer leur technologie parce qu'il nous faut aussi régler la crise climatique une fois la crise financière passée», dit-elle.

«Voilà pourquoi nous voudrions une interdiction dès 2015», a dit la ministre Halvorsen lors d'un salon de l'auto électrique et au bio-gaz à Oslo, durant lequel elle a participé à une course au volant d'une Mitsubishi MiEV électrique blanche, contre d'autres politiciens. (Elle a fini parmi les derniers.) Les écolos appuient l'idée Si sa proposition devenait loi, dès 2015, il ne se vendrait en Norvège que des voitures fonctionnant totalement ou partiellement aux carburants verts électricité, hydrogène ou bio-gaz, etc. Par exemple, les hybrides essence-électricité seraient permises.

L'échéance de 2015 a l'appui de groupes environnementaux de partout au monde, qui y voient une façon de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Son adoption ne déplairait sûrement pas au constructeur de voitures électriques Think, qui est norvégien.

Le pétrole est un gros morceau en Norvège. Halvorsen affirme que son projet de loi ne nuirait pas à l'économie de la Norvège, sixième exportateur mondial de pétrole.

«Le monde va avoir besoin du pétrole et du gaz pour plusieurs décennies encore, mais il faut encourager les nouvelles technologies et c'est le but de cette proposition.» Bien des Norvégiens ont mal compris sa proposition, dit-elle. «Les gens sont très attachés à leur voiture, c'est comme un membre de la famille. Certains pensaient que l'interdiction viserait toutes les voitures déjà sur la route en 2015. Ce n'est pas le cas, l'interdiction viserait seulement la vente de voitures neuves.»



Sources : Reuters, Écho Nature