Les voitures à propulsion hybride, mariant électricité et essence pour minimiser les passages à la pompe, se taillent une part de plus en plus respectable aux États-Unis, avec une hausse de 21% de leurs ventes en février, en dépit de l'effondrement du marché automobile.

Toyota, pionnier sur ce segment avec sa Prius lancée en 2000 (dès 1997 au Japon), a annoncé mercredi avoir vendu aux États-Unis plus d'un million de ces voitures. Le groupe japonais propose désormais une telle motorisation sur sept modèles de marque Toyota ou Lexus (haut de gamme).Mais le Japonais n'est plus seul, imité par ses compatriotes Honda, Nissan et Mazda, et surtout par les constructeurs américains, qui multiplient les motorisations mixtes même pour leurs gros 4x4 traditionnels.

Ford a annoncé mercredi que son 100 000e 4x4 hybride venait de sortir d'une chaîne d'assemblage du Kansas.

General Motors et Chrysler, qui ont déjà reçu des aides publiques colossales et demandent encore plusieurs milliards supplémentaires, ne cessent également de vanter leur développement de voitures plus écologiques, mieux en phase avec les aspirations des pouvoirs publics et des consommateurs.

Toyota a souligné que l'année du déclic, où la Prius a gagné un public plus large, dépassant la seule niche écologiste, a été 2005.

Cette année-là, alors que l'essence dépassait les trois dollars le gallon pour la première fois à la fin de l'été, le constructeur en a vendu 107 000.

Et les consommateurs se laissent encore séduire: près de 310 000 voitures hybrides neuves se sont vendues en 2008, année marquée par des prix record à la pompe avant la chute des cours de la fin d'année.

Rien qu'en février il s'en est vendu 22 400, selon les chiffres du cabinet spécialisé Edmunds.com, soit une progression de 21% en un an alors que le marché s'effondrait globalement de 41%.

D'après Chintan Talati, un porte-parole d'Edmunds, l'acheteur-type est quelqu'un qui devance les modes ou les adopte facilement, qui s'inquiète du réchauffement de la planète, et souvent avec un niveau élevé d'études et de revenus.

La Prius est devenu un accessoire de bon ton pour des célébrités hollywoodiennes, de Leonardo DiCaprio au scénariste de la série télévisée Seinfeld, Larry David.

Elle est aussi de plus en plus présente aux portes des supermarchés des banlieues cossues de Washington ou de New York, où il est bien vu d'afficher ses intentions de réduire la facture énergétique du pays.

Toyota promet que sa prochaine Prius, prévue pour la fin de l'année, ne consommera que 4,7 litres d'essence aux 100 kilomètres.

La consommation des gros modèles ou des modèles sportifs est moins économique (de 8 à 11 litres), mais reste substantiellement inférieure à celle des modèles classiques, selon Edmunds.

Pour autant, les voitures hybrides ne représentent encore que 2,4% du marché américain, pénalisées notamment par un coût à l'achat supérieur à celui des modèles classiques, de 20% en moyenne.

Elles souffrent aussi d'une vision erronée de leur fonctionnement, certains imaginant qu'il faut recharger des batteries en branchant la voiture sur secteur tous les soirs, alors qu'en fait les batteries se rechargent toutes seules au freinage.

Un fonctionnement qui est particulièrement adapté au style de vie américain et à la conduite de banlieue: les batteries se rechargent mieux avec des freinages fréquents mais en douceur, alors que les à-coup brusques, difficilement évitables en ville, sont moins rentables, et que l'autoroute est peu adaptée.

Élément supplémentaire signant l'adaptation de ces modèles à une clientèle plutôt aisée, les constructeurs soignent l'apparence, ne serait-ce que pour justifier le surcoût.