Le patron de Renault et Nissan Carlos Ghosn a plaidé lundi pour des mesures incitatives pour faire décoller le marché des voitures non polluantes, électriques notamment, car les consommateurs «ne sont pas prêts à payer plus» pour une voiture parée de vertus écologiques.

«Les automobilistes exigent au contraire que les voitures soient moins chères», a souligné M. Ghosn lors d'un symposium organisé à Tokyo par le Centre national de la recherche scientifique français (CNRS) et son équivalent japonais, l'Institut national des sciences et technologies industrielles avancées (AIST).

Cette attente des clients oblige selon lui à revoir les modèles de financement et de distribution: si l'automobiliste ne paie plus directement les surcoûts de développement et de production de voitures à «zéro émission» de carbone, il faut un payeur de substitution.

Pour M. Ghosn, il revient dès lors aux autorités de mettre en place des mécanismes favorisant l'achat de voitures propres.

«Les pouvoirs publics sont intéressés par la question environnementale et obligés de prendre des mesures face à la pollution», a rappelé le patron de Renault et Nissan.

Des mesures fiscales au bénéfice des véhicules propres, une révision des taxes sur les carburants issus du pétrole sont, selon M. Ghosn, des mesures nécessaires pour que les ventes de voitures électriques, au «diesel propre» ou autres sources d'alimentation non polluantes, prennent leur essor.

Nombre de pays sont d'autant plus poussés à favoriser les voitures sans pétrole que «leur dépendance vis-à-vis de l'or noir les préoccupe de plus en plus», a poursuivi M. Ghosn.

En ce sens, la Chine est un marché à fort potentiel pour la voiture électrique, a-t-il assuré, en ajoutant; «Nous en discutons avec eux».

En revanche, un autre grand pays émergent, le Brésil, lui apparaît moins porteur puisqu'il dispose de réserves pétrolières et emploie des véhicules à l'éthanol.

«La voiture électrique, c'est pour maintenant», pas dans un avenir lointain, a insisté M. Ghosn, rappelant les projets de livraison de flottes d'automobiles de ce type dans plusieurs pays où Renault et Nissan ont conclu des accords avec des autorités locales.

«Il n'y aura pas de substitution immédiate, mais on risque d'aboutir à un changement rapide de la structure du marché, avec un pourcentage croissant de voitures électriques».

En 2016, environ 10 millions des quelque 70 millions de nouvelles automobiles mises en circulation dans l'année avanceront à l'électricité, a estimé M. Ghosn.