L'auto électrique suscite la convoitise. Pendant qu'on mijote à Ottawa, en collaboration avec les grands constructeurs automobiles, un plan visant à fortifier l'industrie du transport électrique, le Québec prépare la prochaine génération de batteries électriques. D'importantes annonces sont à prévoir, dans l'une et l'autre des capitales.

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Afin de répandre plus rapidement l'usage de l'auto électrique au Canada, un groupe de réflexion rattaché au gouvernement fédéral recommandera que 5% des véhicules qui circulent au pays soient électriques d'ici 10 ans.

Selon ce qu'a appris La Presse, le rapport, qui déterminera ce qu'Ottawa doit faire pour que progresse le secteur de la mobilité électrique, sera déposé à Toronto le 26 novembre prochain.

Le groupe est composé des membres les plus influents de l'industrie, tels GM, Ford, Hydro-Québec et les syndicats de l'automobile. Il travaille en étroite collaboration avec les fonctionnaires de Ressources naturelles, Industrie et Transports Canada.

Au cours des trois réunions qui ont eu lieu à ce jour, dont une à Montréal le 11 septembre dernier, les membres du groupe ont jeté les bases du rapport définitif, qui recommandera que 5% de tous les véhicules neufs en circulation au Canada soient alimentés par des sources électriques renouvelables d'ici à 2018. Cela représente, selon les chiffres de 2007, quelque 80 000 véhicules.

Les discussions ont aussi permis de lancer quelques idées qui pourraient bien se retrouver dans ce document, que les fonctionnaires appellent «la feuille technologique». Il est question de la construction d'une auto électrique entièrement canadienne, de la révision du code du bâtiment afin de répondre aux besoins en électricité des futurs véhicules et de la formation des employés de l'industrie en vue de la mise sur pied de la filière électrique, entre autres choses.

«La feuille de route permettra d'abord de se doter d'une vision, ensuite de recommander des actions concrètes pour arriver là», explique Al Cormier, directeur de Mobilité électrique Canada, association d'entreprises et d'organismes voués à la promotion du transport électrique.

Un tremplin

Si l'on se fie aux expériences similaires réalisées dans le passé, il y a de fortes chances que le rapport serve de tremplin à Ottawa pour d'éventuelles annonces politiques et financières.

En 2003, par exemple, le Canada avait mis sur pied un groupe de réflexion semblable dans le but de contribuer à la commercialisation des piles à combustible. Par la suite, deux importantes annonces ont été faites: l'implantation de l'«autoroute de l'hydrogène» en Colombie-Britannique, puis l'attribution de 15 millions de dollars à l'Institut d'innovation en piles à combustible du Canada.

«La feuille de route pourrait permettre d'obtenir des fonds dans le budget fédéral 2009, se réjouit Pierre Lavallée, du Centre national du transport avancé (anciennement le Centre d'expérimentation des véhicules électriques du Québec). Les investissements pourraient toucher autant la recherche et le développement que le soutien à la fabrication de véhicules et l'élaboration de programmes incitatifs pour les consommateurs et les gestionnaires de parcs automobiles.»

Une étude de la firme Fleet Technology Partners, commandée par le groupe de réflexion, conclut d'ailleurs qu'Ottawa aurait tout intérêt à financer l'industrie. «Le Canada, écrit-on, dispose de nombreux atouts qui favorisent le développement de la technologie du véhicule électrique», dont la présence sur son territoire du principal producteur de batteries enfichables (plug-in) en Amérique du Nord (Electrovaya) et le premier constructeur de véhicules enfichables (Bombardier).»

Mais si le Canada veut progresser sur le marché des véhicules électriques, ajoutent les auteurs, «il est important, voire essentiel, que le gouvernement offre une reconnaissance semblable à celle donnée par les gouvernements étrangers».

Aux États-Unis, par exemple, un projet de loi est à l'étude en ce sens. Il prévoit des subventions de 2500$ à 15 000$ à l'achat de véhicules électriques ainsi que de l'aide financière pour l'industrie des piles à combustible.

Au Canada, en revanche, on s'apprête à mettre au rancart le programme de remise écoAuto, qui arrivera à échéance le 31 décembre. Cela permettait aux acheteurs de véhicules hybrides et électriques de toucher une somme de 1000 à 2000$.

 

Position des partis sur l'auto électrique:

PLQ: Accélérer l'investissement pour la mise au point du moteur électrique. Discuter avec Hydro-Québec en vue d'en faire un fournisseur de technologie, ou plutôt un constructeur.

PQ: Favoriser l'électrification des transports collectifs et des parcs publics et commerciaux de véhicules. Renforcer l'industrie des transports terrestres électriques.

ADQ: Investir 10 millions de dollars dans la recherche et le développement liés aux énergies propres, dont une portion sera réservée à l'auto électrique.

Québec solidaire: Miser sur l'électrification des transports collectifs plutôt que de développer le transport individuel.

Parti vert: Miser sur l'électrification des transports collectifs plutôt que de développer le transport individuel.