Les mauvaises langues (et elles sont nombreuses) prétendent que la Volt n'est que poudre aux yeux. Un mirage pour amadouer les investisseurs et les environnementalistes. Il est vrai que GM a milité très longtemps contre les lois qui durcissaient les normes antipollution. Mais la multinationale américaine est aujourd'hui acculée au mur et se doit maintenant de tenir promesse.

La Chevrolet Volt va changer radicalement l'idée que les gens se font de General Motors et, par ricochet, de la capacité de l'industrie automobile à s'adapter aux contraintes environnementales et politiques qui lui sont imposées. Mais derrière l'image, beaucoup de questions demeurent sans réponse.

Pourtant, à voir la Volt, on est tenté de croire que la dépendance au pétrole tire à sa fin. Cette berline de quatre places ne fonctionne qu'à l'électricité. Elle produira l'équivalent de 250 chevaux, mettra moins de neuf secondes pour atteindre les 100 km/h après un départ arrêté et pourra atteindre une vitesse de pointe de 160 km/h. De plus, elle aura, grâce à sa batterie au lithium-ion, une autonomie de 60km, ce qui correspond, selon les données recueillies par GM, aux besoins de 78% des Nord-Américains, qui parcourent en moyenne moins de 64km par jour. Économie annuelle: 1900 litres d'essence, sans compter la préservation de l'environnement.

Il manque quelques kilowatts pour vous rendre à la maison? La Volt démarre automatiquement son moteur trois-cylindres 1 litre suralimenté par turbocompresseur et alimenté au E85 (un mélange de 85% d'éthanol et de 15% d'essence). Ce moteur n'entraîne pas la Volt mais veille plutôt à recharger la batterie pour vous permettre de regagner votre domicile, où vous pourrez la brancher à une prise de courant classique.

Sur papier, le concept est révolutionnaire. Mais soyons clairs. La majorité des constructeurs sont des convertis de fraîche date au «tout-électrique». Il ne faut jamais oublier que c'est sous la double contrainte de la flambée des prix du pétrole et des exigences environnementales accrues qu'ils ont pris le virage en accéléré...

Par conséquent, il est encore trop tôt pour dire si la technologie est tout à fait au point. Chose certaine, elle a intérêt à l'être. Il y va de la survie de la planète tout autant que de l'avenir de l'industrie automobile. Cette dernière est en effet convaincue - et c'est tant mieux - que si elle ne parvient pas à éliminer totalement les émissions de CO2, les voitures seront à terme interdites dans les grandes agglomérations.

Mais la commercialisation de la Volt et de ses semblables (d'autres constructeurs travaillent de concert avec la fée Électricité) ne résoudra pas du jour au lendemain les problèmes de pollution engendrés par l'automobile. Loin de là.

Une question de coût et de disponibilité

Si tout le monde est bavard sur le faible coût supposé d'utilisation, on en sait beaucoup moins sur le surcoût réel initial. Et GM se garde bien d'avancer le prix qu'il compte demander aux consommateurs pour la Volt. Seule certitude, sans aide publique massive, elle sera invendable. Et pourrait bien ne rester qu'une magnifique démonstration technologique. D'ailleurs, la semaine dernière, plusieurs responsables de sa création ont admis que GM ne fera «pas un cent» avec cette première génération. Comprenez par là que la multinationale américaine demande implicitement aux gouvernements d'absorber une partie de la facture.

Les deux candidats à la présidentielle américaine se sont déjà prononcés sur la question. Le démocrate Barack Obama veut accorder un crédit d'impôt de 7000$ aux nouveaux propriétaires. John McCain, le représentant des républicains, promoet 5000$. Mais GM table aussi sur un prêt à taux préférentiel de plusieurs milliards de dollars pour financer une partie de sa restructuration et de ses coûts de développement de nouvelles énergies durables.

Et le Canada dans tout ça? Combien nos élus seront-ils prêts à mettre sur la table pour favoriser l'accès à ces véhicules plus propres? Et le reste du monde, lui? En somme, avant de convaincre vraiment l'acheteur, la voiture électrique a encore quelques gages à donner, quelques chicanes à franchir.

Mais General Motors n'a d'autre solution que d'aller au bout. Il s'est engagé, subvention ou pas, à commercialiser la Volt en novembre 2010 et à en produire 10 000 unités dès la première année avant d'atteindre 60 000 unités, soit la pleine capacité de l'usine chargée de la produire. Mais sans l'aide gouvernementale attendue, qu'adviendra-t-il de ce projet? Et de GM?