Les écuries de Formule 1 doivent se plier cette année à de nouveaux règlements techniques aux changements draconiens. Conséquence, les monoplaces dévoilées la semaine dernière se sont toutes fait remarquer pour leur protubérance nasale particulière.

L'un des plus importants changements auxquels les écuries se préparent depuis bientôt deux ans concerne l'aérodynamisme. La partie frontale des voitures concentre le plus de modifications.

Ce changement imposé par la Fédération internationale de l'automobile (FIA) prend racine dans les années 90. Au début de cette décennie, la Tyrrell 019 révolutionne l'aérodynamisme avec son nez surélevé en forme de cône. Les écuries prennent rapidement conscience que ce design contribue à augmenter l'appui aérodynamique et la vitesse dans les virages.

Dès le milieu des années 90, ce principe est adopté par toutes les équipes pour en arriver en 2012 à des hauteurs de museau jamais vues en Formule 1.

Rapidement, la hauteur de ces nez a posé quelques problèmes de visibilité aux pilotes. Mais ce sont lors de collisions latérales entre deux bolides que l'on a réalisé le danger que représentait cette hauteur pour l'intégrité des pilotes. Le nez de certaines voitures était légèrement plus haut que les pontons et que le «cockpit» de la voiture éperonnée.

La FIA est alors intervenue pour limiter la hauteur des nez. Après une période de transition de deux ans, la nouvelle réglementation sur les dimensions et l'aérodynamisme des museaux est entrée en vigueur cette année.

Si le museau des Formule 1 a dû être abaissé pour des raisons de sécurité, il a fallu également que les équipes respectent les nouvelles dimensions de celui-ci ainsi que celles de l'aileron avant et du train avant.

Autant de caractéristiques qui accouchent des museaux que l'on sait.





Photomontage La Presse

Écurie Caterham 

Photomontage La Presse

Écurie Williams 

«Cachez ce nez...»

Un nasique, une quille de bateau, un Alien et même un vagin! Les museaux des nouvelles Formule 1, officiellement dévoilées la semaine dernière, se sont vus affublés de tous les noms pour souligner leur laideur. Même des patrons d'écurie n'ont pas caché leur scepticisme - et on est poli.

Cyril Abiteboul, le directeur de l'écurie Caterham, a été l'un des premiers à exprimer publiquement ses doutes, pour ne pas dire son dégoût, au sujet des nouveaux museaux qui habillent les F1 cette saison. L'adoption de nouvelles règles techniques (voir autre texte) a ainsi eu un effet pervers en matière de design.

Le patron de l'écurie malaisienne n'a pas hésité à dire à Autosport que la nouvelle Caterham allait être «laide».

«Cela me rappelle le film Alien avec ce qui sort de la bouche», a-t-il dit au magazine britannique en faisant allusion au nouveau nez de la monoplace.

Les écuries sont capables de rire d'elles-mêmes, il faut croire. Avant le dévoilement de sa nouvelle voiture, Lotus a fait preuve d'humour sur son compte Twitter en y publiant une photo d'un fourmilier accompagnée de ce commentaire: «Si on peut vous promettre une chose... c'est que notre nez ne ressemble pas à ça.»

Le nouveau museau de la Lotus E22 a pourtant suscité des railleries. Nos confrères américains de Jalopnik n'ont pas hésité à le comparer à... un vagin. Pour le site web automobile, le museau de la Williams FW36 n'est autre qu'un pénis, quant à lui.

Dans le même genre, on a retenu le museau de la nouvelle Toro Rosso qui évoque un nasique, ce petit singe de l'île de Bornéo. Ou encore celui de la Ferrari, qui s'apparente à une trompe d'éléphant écrasée.

Certaines équipes ont plus ou moins bien contourné le problème. On citera ici Mercedes et Red Bull, dont le nez de la voiture fait peut-être penser à une quille de bateau. Une comparaison qui n'est pas si mauvaise dans les circonstances...

L'écrivain Cyrano de Bergerac doit se retourner dans sa tombe.

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Écurie Toro Rosso 

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Écurie Lotus 

Les modifications en détail

1. Première mesure pour améliorer la sécurité et la visibilité, la hauteur du museau au niveau du train avant passe de 625 à 525 mm.

2. L'extrémité du museau ne peut pas être à plus de 185 mm du sol, contre 550 mm auparavant.

3. L'aileron avant est réduit de 150 mm, à 1650 mm de longueur. Cela va favoriser la circulation d'air autour des roues avant et augmenter la traînée.

4. La section centrale de l'aileron avant, longue de 500 mm, demeure une surface plane.

5. L'aileron avant doit encore être raccordé au museau par deux pattes.

Photomontage La Presse

Écurie Ferrari