L'équipementier Takata, mis en cause pour des coussins gonflables défectueux associés à plusieurs morts, a pris mardi une série de mesures visant à rassurer les autorités américaines et à regagner la confiance des consommateurs.

Mais le groupe nippon reste flou sur ses intentions quant à l'ultimatum posé par l'agence américaine de la sécurité routière (NHTSA) qui lui a donné jusqu'à minuit (heure de Montréal) mercredi pour lancer un rappel national de véhicules équipés de ses coussins de sécurité sous peine d'une amende pouvant atteindre 35 millions de dollars.

Alors que son vice-président responsable de la qualité, Hiroshi Shimizu, doit être à nouveau entendu par une commission parlementaire mercredi, Takata campe sur ses efforts de ne rappeler et de ne remplacer des coussins gonflables défaillants que dans les zones à forte humidité - Floride, Porto-Rico, l'île de Guam, les îles Vierges et Hawaï.

Les coussins gonflables défectueux peuvent exploser et projeter des fragments de métal et plastique sur les passagers. L'agent gonfleur utilisé - du nitrate d'ammonium - est notamment susceptible de se détériorer en cas d'exposition à une humidité excessive.

Ce défaut est à l'origine de nombreux incidents et de cinq décès, dont trois confirmés par Takata et le constructeur automobile nippon Honda, plus gros client de l'équipementier.

Dans un courrier adressé aux 43 500 salariés, obtenu par l'AFP, le président du conseil d'administration Shigehisa Takada annonce des «pas importants» pour «démontrer (notre) engagement pour la sécurité».

Le groupe nippon met en place un comité «indépendant» présidé par un ancien ministre des Transports américain, Samuel Skinner.

Ce panel est chargé d'évaluer ses procédures et méthodes de fabrication production de ses coussins gonflables et aura accès, selon la lettre, à toutes les ressources. Son rapport sera rendu public.

Takata a par ailleurs décidé de s'entourer de deux anciens ministres des Transports américains, Rodney Slater et Norman Mineta, qui vont devenir conseillers spéciaux de l'entreprise.

«Leur rôle est de nous aider à s'assurer que les réponses que nous donnons pour regagner la confiance du public sont adéquates et importantes», écrit Shigehisa Takada.

Menaces

Face à la pénurie des pièces de remplacement, l'équipementier assure qu'il va augmenter sa capacité de production. Il produit actuellement 300 000 kits par mois et a déjà promis de passer à 450 000 à compter de janvier.

Takata reste pour l'instant sourd aux injonctions du régulateur routier NHTSA et fait planer des incertitudes sur sa volonté de se plier à l'ultimatum expirant dans quelques heures.

«Nous reconnaissons que la NHTSA a ordonné à Takata et à ses clients d'étendre les campagnes de rappels régionales en cours à l'échelle du pays», écrit Shigehisa Takada, ajoutant que «nous allons prendre toutes les actions nécessaires pour mettre en avant la sécurité du public, ce qui implique produire des unités de remplacement supplémentaires en cas de rappels additionnels qui pourraient être annoncés par nos clients».

Les autorités américaines, elles, ne relâchent pas la pression. Le directeur de la NHTSA, David Friedman, a réitéré mardi l'ordre à un rappel national de véhicules et mis en garde le groupe nippon.

«Si Takata ne s'exécute pas, la NHTSA va enclencher la procédure nécessaire pour l'y forcer», menace M. Friedman, selon la déclaration qu'il doit faire devant les élus américains mercredi et qui a été rendue publique mardi.

Il reconnaît toutefois que les données en la possession de ses services ne justifient pas vraiment cette décision.

La semaine dernière, l'agence de régulation disait pourtant avoir «provisoirement conclu» que la malfaçon s'étendait à l'ensemble des États-Unis.

À ce jour, plus de 16 millions de véhicules ont d'ores et déjà été rappelés à travers le monde dont la moitié aux États-Unis.

Outre la pression des élus américains, Takata est par ailleurs visé par une enquête pénale du département de la Justice. De Toyota à Honda en passant par BMW, Chrysler et Ford, les grands constructeurs lui gardent leur confiance.

Toyota a néanmoins appelé mardi l'industrie automobile à effectuer des tests communs indépendants.

Ces tests «vont permettre aux constructeurs affectés de partager les informations afin de mieux comprendre comment effectuer les réparations», argue le premier constructeur mondial.