Mercedes ne s'impose plus aucun tabou. La firme à l'étoile entend se lancer à la conquête du moindre segment de marché - quitte à se frotter à des marques moins huppées - pourvu qu'il offre une rentabilité suffisante. Et celui visé par le GLA - sa dernière création - s'annonce particulièrement prometteur.

Malaga, Espagne - Après la Classe B et plus récemment le coupé 4 portes CLA, le multisegment compact GLA vient à son tour chasser sur les terres des marques dites populaires. Mais le doyen des constructeurs allemands «s'autorise à descendre» en gamme à la seule condition de le faire avec ses propres technologies et méthodes.

À cet effet, personne ne s'étonnera d'apprendre que le GLA adopte la même architecture que les Classes A (non commercialisées au pays), B et CLA. Il s'agit donc de la quatrième variation de cette plateforme à roues avant motrices (traction). Au Canada, ce mode d'entraînement fera la place, de série, à un rouage intégral (4Matic), le même que l'on retrouve sur certaines déclinaisons de la CLA.

Avec le GLA, Mercedes-Benz compte poursuivre son objectif d'élargir et de rajeunir le spectre de ses acheteurs. Voilà pourquoi il réorganise en profondeur son catalogue, où les «modernes» (Classe A, Classe B, CLA et maintenant GLA) grignotent le territoire des «classiques» (Classe C, Classe E, Classe S).

Imperceptiblement, Mercedes glisse du statut de marque spécialiste et élitiste vers celui de constructeur centré sur le haut de gamme, mais à vocation généraliste. Qu'à cela ne tienne, en dépit de cette diversification, chaque modèle, même les plus «abordables», sait qu'il porte l'étoile Mercedes et que, par conséquent, il faut faire sérieux.

Plus compact qu'il n'y paraît



Contrairement à ce que laissent présager les photos, le GLA occupe dans la rue sensiblement le même espace qu'un Buick Encore ou son clone, le Chevrolet Trax. Elle est plutôt compacte, cette Mercedes.

Cela dit, la silhouette est athlétique avec des épaulements prononcés pour suggérer la puissance. Un design tout en force, surtout lorsque l'auto (le camion?) est chaussée de pneus de 19 pouces de diamètre et coiffe son ouvrant arrière d'un aileron, comme c'est le cas de sa déclinaison AMG. Cette dernière avec ses 355 chevaux sera très certainement la plus emballante et la plus explosive de la gamme, mais assurément la plus rarissime, plus élitiste.

En d'autres mots, tout le monde rêvera de cette version AMG, mais la majorité optera pour la GLA 250 4Matic dont le prix de détail sera vraisemblablement fixé au-dessous des 40 000$. À ce montant s'ajoutera une palette d'options destinée à personnaliser le GLA moyennant des débours supplémentaires. S'ils s'y trouvent, cochez sans réfléchir, les capteurs d'angles morts et la caméra de recul. Ces deux accessoires représentent des incontournables sur ce véhicule dont la vision périphérique pose problème lors des manoeuvres de stationnement et de dépassement.

Sous cette carrosserie en apparence volumineuse, ce vrai-faux VUS apparaît plus chic que pratique. La banquette asymétrique et rabattable ne manque pas de confort - le dégagement pour la tête y est nettement mieux que le CLA - sauf pour les jambes. On regrette déjà que Mercedes n'ait pas fait preuve de plus d'imagination dans ce domaine en permettant, par exemple, à l'assise arrière de coulisser. À défaut de cette fonctionnalité, les dossiers, eux, s'escamotent dans le but de personnaliser le volume utilitaire selon ses besoins. Quant aux rangements disponibles à l'arrière, il n'y en a guère.

Malgré de réels efforts de paraître dans le vent ou à la mode, si vous préférez, la présentation intérieure du GLA trahit certains passe-droits destinés à faire des économies d'échelle. L'écran de navigation suspendu comme un tableau au centre de la planche de bord, la sonorité de certains plastiques ou encore l'aspect mastoc des appliqués de (faux) bois représentent autant de fautes de goût. En revanche, toutes les commandes tombent sous la main et la qualité d'assemblage ne porte flanc à aucune critique particulière. La position de conduite est agréable et le bloc d'instrumentation bien en vue.



Agile et amusant



Le très joli volant à trois branches renvoie des sensations assez déconcertantes de prime abord. À basse vitesse, cela manque de consistance, mais à bonne allure, la direction à assistance électromécanique donne le sentiment de manquer de lest. On s'y habitue.

Agile et bien assis sur ses roues, le GLA se révèle incroyablement stable et neutre. Pas trop tape-cul non plus en dépit de son empattement plutôt court. Dans les entrées de virages négociés rapidement, on ressent un zeste de sous-virage (l'avant semble tirer tout droit) avant. C'est alors que les capteurs envoient le signal aux roues antérieures de leur prêter main-forte. Compréhensible, le rouage intégral du GLA en est un à prise temporaire, c'est-à-dire qu'il n'entre en fonction que lorsque les roues avant sont débordées.

Entre le moteur quatre cylindres turbocompressé et la boîte de vitesses semi-automatique à sept rapports, l'entente est presque parfaite. Cette dernière est un peu lente à réagir. Elle permet néanmoins de modérer le niveau de consommation, qui descend sous la barre des 10 L/100 km (d'essence Super) si l'on conduit d'un pied léger.

Au chapitre des performances pures, les accélérations sont acceptables sans plus avec un temps de 7 secondes (chronométrage manuel) entre 0 et 100 km/h. Les relances sont moins impressionnantes en raison d'une transmission qui semble hésiter à sélectionner le rapport le plus agressif; même en optant pour le mode Sport (le bouton est ici sur le tableau de bord).

Parmi les autres éléments que son éventuel propriétaire pourra paramétrer se trouve le mode sentier. Celui-ci permet notamment de bénéficier d'un contrôle de descente en pente et des points de passage des rapports sont adaptés afin de répondre aux exigences de la conduite sur le terrain. Mais qui ira se balader dans les sous-bois avec un GLA? Personne.

Si Mercedes aspire à devenir le généraliste du luxe, ses prix s'annoncent toutefois encore assez salés, qu'il s'agisse du prix de base ou de celui avec options. Considérant sa taille, son habitabilité et ses caractéristiques de série, ceux du GLA se trouveront loin devant les autres multisegments urbains, sans doute moins raffinés, mais aussi bien motorisés et parfois plus ingénieux. Son allure à la fois bourgeoise et dynamique, ses avancées techniques et la grosse étoile à trois branches placée bien en évidence au milieu de la calandre devraient néanmoins suffire à lui assurer du succès.



Les frais de transport et d'hébergement liés à ce reportage ont été payés par Mercedes-Benz Canada.

Ce qu'il faut retenir

> Marque/Modèle : Mercedes-Benz GLA

> Fourchette de prix : 37 000 $ à 54 000 $ (estimation)

> Modèle à l'essai : GLA 250 4Matic

> Garantie de base : 4 ans/80 000 km

> Consommation réelle : 9,8 L/100 km (estimation)

> Visible dans les concessions : Automne 2014

> Pour en savoir plus : www.mercedes.ca

> Moteur (essence) : L4 2 litres suralimenté Turbo

> Puissance : 208 ch à 5500 tr/min

> Couple : 258 lb-pi entre 1200 et 4000 tr/min

> Poids : 1505 kg

> Rapport poids-puissance : 7,23 lg/ch

> Mode : Intégral

> Transmission de série : Semi-automatique 7 rapports

> Transmission optionnelle : Aucune

> Direction/Diamètre de braquage (m) : Crémaillère/11,8

> Freins (av.-arr.) : Disque/Disque

> Pneus (av.-arr.) : 215/60R17

> Capacité du réservoir/ Essence recommandée : 62/Super

ON AIME

> Son agilité

> Ses dimensions compactes

> Sa gamme diversifiée

ON AIME MOINS

> Le dégagement aux jambes à l'arrière

> Sa présentation intérieure tarabiscotée

> La direction peu communicative