Le numéro un mondial de la voiture haut de gamme BMW a connu un troisième trimestre qualifié «d'excellent» par les analystes, mais le groupe reconnaît naviguer à vue quant à 2012, année pleine de dangers pour le secteur automobile.

Le constructeur de Munich (sud) a dégagé au troisième trimestre un bénéfice net en hausse de 24% à 1,08 milliard d'euros, supérieur aux attentes, et le chiffre d'affaires a progressé de 3,8%, à 16,5 milliards d'euros.

Très observée par les analystes, la rentabilité des activités automobiles de BMW a atteint 12,1% sur les neuf premiers mois, comme celle d'Audi (12,2%) et mieux que Daimler Mercedes-Benz (9,3%). Les trois marques allemandes se partagent l'essentiel du marché mondial de l'automobile haut de gamme.

BMW a confirmé ses objectifs annuels ainsi que ses objectifs de rentabilité pour 2012, précisant toutefois que ces derniers étaient tributaires «du cadre politique et économique». Le groupe table toujours sur des ventes de plus de 1,6 million de voitures en 2011 (+10%), tout en améliorant son bénéfice avant impôts, qui était de 4,8 milliards d'euros en 2010.

Les résultats seront peut-être moins brillants au quatrième trimestre, «en raison d'effets saisonniers et des coûts» liés au lancement de nouveaux véhicules, notamment sa nouvelle Série 1, un petit modèle destiné à attirer une nouvelle clientèle plus jeune, et sa Série 3, a averti son patron Norbert Reithofer lors d'une téléconférence.

Malgré cela, «ces résultats sont excellents», jugeait Tim Schuldt, analyste chez Equinet. «La question clé est maintenant de savoir ce qui va se passer l'année prochaine», notait toutefois Max Warburton, spécialiste de l'automobile chez Bernstein Research.

Le patron Norbert Reithofer a en effet reconnu qu'il n'avait aucune visibilité sur l'année 2012, «en raison de la volatilité de l'économie». Face aux «grands risques pour la conjoncture mondiale», il a tenu à rassurer, écartant le scénario d'une répétition de la crise de 2008-2009, dévastatrice pour les constructeurs.

BMW table sur «un ralentissement de la croissance en Europe et aux États-Unis, mais pas sur une récession» et est prêt «à réagir de manière rapide et flexible» en diminuant sa production, a-t-il déclaré. Il s'est dit serein face à une éventuelle panne du crédit, BMW pouvant «se refinancer directement auprès de la Banque centrale européenne (BCE)» car disposant de son propre établissement bancaire.

À la merci de la Chine

Les analystes s'inquiètent également de la croissance du marché chinois, poule aux oeufs d'or des fabricants haut de gamme allemands, qui sont devenus dépendants de ses taux de croissance exponentiels.

«Combien de nouveaux millionnaires la Chine peut-elle créer chaque année?», s'interroge M. Warburton. «Le risque d'une chute des ventes de BMW, Audi et Mercedes-Benz en 2012 est réel» si la Chine se grippe, estime-t-il.

Chez BMW, on estime que l'on «va bien sûr vers des taux de croissance un peu plus modérés» l'an prochain en Chine.

Au troisième trimestre, les ventes de voitures ont contribué pour 1,7 milliard d'euros (2,4 milliards de dollars; +36%) au bénéfice avant impôts de BMW, tandis que les services financiers, c'est-à-dire notamment le location automobile, ont rapporté 357 millions d'euros (502 millions de dollars; +11%). Cette dernière activité, cruciale pour les constructeurs haut de gamme (quatre voitures sur dix chez BMW sont écoulées avec un crédit-bail maison) a profité de l'acquisition de la branche location du néerlandais ING.

Le groupe a confirmé qu'il réfléchissait à implanter une usine au Brésil, et était en discussion avec le gouvernement du pays sur les conditions fiscales offertes. Il espère pouvoir annoncer sa décision d'ici la fin de l'année.