Difficile d'être plus iconoclaste que ça. Présenter une petite voiture électrique à trois roues dans un grand salon automobile qui n'en a que pour les grosses caisses exotiques, c'est pour le moins culotté. Surtout quand ladite auto a été construite pour ressembler à un robot rétro des années 50!

C'est pourtant ce qu'a fait le petit constructeur britannique Morgan en dévoilant à Genève sa nouvelle EV3, version électrique de l'inclassable 3-Wheeler, réincarnation du modèle créé par Henry Fredrick Stanley Morgan en 1909. Essentiellement, on a décidé de remplacer le V-Twin à essence de 1983 cc par un moteur électrique de 46 kW (62 ch). Ce choix mécanique a toutefois engendré une cascade de différences qui font des deux véhicules des machines complètement distinctes. Comme le moteur électrique a été installé tout à l'arrière, à la place de la boîte d'engrenage de la transmission, la disparition du V-Twin de son emplacement si caractéristique niché au grand air entre les deux roues avant laissait un trou béant à combler...

«J'ai commencé à regarder toutes sortes de choses, a expliqué John Wells, directeur du design chez Morgan. Je savais qu'il devait y avoir un élément de modernité, j'ai pensé à l'allure des robots cyclopes des années 50, ce qui apparaît comme très moderne pour une Morgan! Je me suis aussi inspiré des véhicules des années 30 dessinés selon le courant streamline.

«Mais ces voitures avaient une immense grille de calandre, parce qu'elles avaient un moteur à essence qui devait être généreusement alimenté en air, a poursuivi M. Wells, en entrevue au site britannique Carfection. Dans notre cas, il n'y en a pas, mais les batteries et le moteur ont néanmoins besoin d'être refroidis. C'est ainsi que nous avons eu l'idée d'installer des lattes de refroidissement en laiton. Nous avons donc pu utiliser l'espace avant en harmonie avec les concepts de design que nous avions en tête.»

L'allure de la petite machine de 500 kg construite à la main sur un châssis en bois de frêne est en effet pour le moins réussie. Outre les accents apportés par les fines lattes de laiton, les panneaux de carrosserie faits de fibre de carbone composite complètent l'allure profilée de l'auto, hommage, comme chez toutes les Morgan, à leurs ancêtres des années 40 et 50.

Aérodynamisme rétro

Avec leurs trois roues, les premières Morgan étaient qualifiées d'«autocyclettes». John Wells s'est donc aussi inspiré des motos de course classiques pour dessiner l'étonnante calandre à un oeil de l'EV3. «On ajoutait aux motos des carénages très profilés où le phare était souvent décentré pour ne pas gâcher l'allure aérodynamique de l'ensemble, a-t-il expliqué. C'est ainsi que l'idée d'introduire des notions d'asymétrie au design de l'auto s'est inscrite dans notre processus de création. Le côté droit de la voiture est ainsi très profilé, presque parfaitement lisse, alors que de l'autre, on trouve le phare, le poste de pilotage, un déflecteur, l'arceau de sécurité de même que des éléments graphiques. L'auto est donc complètement asymétrique.»

L'EV3 doit sortir des ateliers de Morgan à l'automne. Les 19 premiers modèles seront vendus à Londres chez Selfridges, réputée chaîne de grands magasins britanniques. Son prix sera comparable à celui de la 3-Wheeler à essence, soit environ 36 000 $ US.

Par contre, ses performances seront un peu en retrait - 0-100 km/h en 9 secondes, vitesse maximale de 145 km/h -, mais qu'importe: l'EV3 est 100% électrique et 100% originale!