Les automobilistes vont de moins en moins au garage, l'industrie du service après-vente en fait les frais.

Dans une étude qu'elle vient de publier, l'Association des industries de l'automobile (AIA) du Canada constate que bien des propriétaires de véhicules retardent l'entretien et les réparations essentiels. Quand ils ne les oublient pas carrément...

Ce «problème perpétuel» pour l'industrie, qui avait été souligné déjà il y a deux ans, s'est accentué avec l'augmentation du parc automobile canadien, de l'ordre de 15% entre 2008 et 2010.

Le consommateur néglige ou repousse l'entretien et les réparations qui concernent surtout les freins, les amortisseurs, le circuit de refroidissement ou encore le liquide de transmission.

Conséquence, l'industrie voit des milliards lui échapper. «Si tous les Canadiens adoptaient les habitudes d'entretien et de réparation des automobilistes les plus diligents, 12 milliards de dollars de plus circuleraient entre tous les paliers de la chaîne d'approvisionnement, de l'atelier jusqu'aux fabricants», estime Marc Brazeau, président de l'AIA. D'après les résultats de l'étude, les services réellement rendus s'élèvent à 18,49 milliards annuellement.

Les consommateurs boudent les garages alors que le coût moyen des réparations mécaniques n'a quasiment pas augmenté depuis 10 ans.

Selon une enquête réalisée l'an dernier par le cabinet d'analyse DesRosiers Automotive Consultants, la facture annuelle moyenne des réparations sur un véhicule est passée de 812$ à 867$ par année, entre 2000 et 2009, tous âges de véhicules confondus, pièces et main-d'oeuvre comprises. Un chiffre qui n'inclut pas l'entretien régulier ni les frais induits par un accident. Cette faible inflation cumulée (6,7%) est entre autres due à l'amélioration des voitures, à la chute des prix des pièces détachées et à la concurrence intense que se livrent les garages.

Alors pourquoi diable l'automobiliste en fait-il toujours moins en matière de prévention mécanique?

Marc Brazeau cite plusieurs raisons: «Les voitures sont conçues d'une façon plus avancée qu'auparavant, dit-il. La technologie et les matériaux font qu'il y a moins d'entretien. Mais les gens circulent de plus en plus. Il y a donc cette fausse perception que les voitures sont mieux conçues.»

Le président de l'AIA ajoute que les gens accordent tout simplement moins de temps et d'attention à leur automobile. Sans compter que le contexte économique impose des choix budgétaires. «Et les gens évitent d'aller chez le concessionnaire ou au garage tant que l'automobile n'est pas en panne.»

L'entretien est pourtant moins cher à long terme que les réparations. Peu importe le modèle.