Le géant automobile japonais Toyota, qui subit un déluge de critiques et d'actions en justice après avoir rappelé des millions de voitures affectées par des défauts techniques, a nié vendredi avoir dissimulé ces problèmes au public et affirmé que ses voitures «sont sûres».

«Croyez-moi, les voitures Toyota sont sûres!» s'est exclamé le PDG Akio Toyoda au cours de sa première apparition en public depuis le début de la crise. Il s'est déclaré «sincèrement désolé» pour les défauts. Toyota, premier constructeur automobile mondial, a été contraint de rappeler plus de huit millions de véhicules dans le monde depuis l'automne 2009 en raison de pédales d'accélérateur pouvant rester bloquées en position enfoncée.

 

Selon le quotidien économique Nikkei, le groupe va en outre rappeler au Japon et aux États-Unis quelque 270 000 exemplaires de la dernière génération de la voiture hybride Prius, lancée l'an dernier, en raison de freins qui peuvent agir avec retard par temps froid.

 

Toyota a reconnu vendredi qu'un rappel était envisagé, mais a affirmé qu'aucune décision n'avait été prise pour le moment. Des vérifications sont en cours «par précaution» sur la berline de luxe Lexus HS hybride, équipée de la même technologie de freinage que la Prius.

 

«J'ai donné des instructions pour qu'une solution soit trouvée le plus rapidement possible» à ce problème de freins, a affirmé M. Toyoda. «La sécurité des clients est primordiale, a encore assuré le PDG, justifiant les rappels massifs. Nous tentons de rendre nos produits meilleurs. Donc ce genre de procédé est bon pour les consommateurs», a-t-il dit.

 





Multiples enquêtes

 

Le constructeur nippon fait l'objet, aux États-Unis et au Canada, de plusieurs actions en recours collectif de la part d'usagers qui l'accusent d'avoir tardé à révéler au public les défauts de ses véhicules. Le quotidien Financial Times Deutschland a affirmé vendredi que Toyota avait connaissance du problème de pédale d'accélération depuis 2007.

Le groupe fait également l'objet d'enquêtes administratives aux États-Unis et au Canada, et s'est retrouvé dans le collimateur du secrétaire américain aux Transports, Ray LaHood. Ce dernier a même conseillé aux propriétaires des Toyota concernées d'«arrêter de les conduire», avant de retirer ses propos.

 

Toyota a farouchement nié toute dissimulation. «Notre entreprise ne dissimule jamais ce genre de cas. Nous les signalons au ministère des Transports et nous enquêtons», a déclaré le vice-président chargé de la qualité, Shinichi Sasaki, au cours de la conférence de presse.

 

Le gouvernement nippon a également critiqué Toyota pour sa gestion de cette crise. «Je me demande si Toyota n'a pas, dans une certaine mesure, ignoré le point de vue des consommateurs», a déclaré le ministre des Transports Seiji Maehara.

 

«C'est un problème pour l'ensemble de l'industrie automobile japonaise, et pour la confiance envers les produits japonais», a pour sa part déploré le ministre des Affaires étrangères, Katsuya Okada.

 

L'agence de notation Standard & Poor's a menacé de dégrader la note de la dette de Toyota qui est actuellement de «AA», la troisième meilleure sur une échelle de 22. «Même si les récents problèmes de qualité n'auront qu'un impact limité sur le profil de risque financier de Toyota, un affaiblissement de son image de marque pourrait affecter sérieusement les ventes à moyen terme du groupe», a-t-elle estimé dans un communiqué.

 

«C'est une période de crise pour Toyota, mais afin de regagner la confiance des clients, Toyota va devoir resserrer les rangs et coopérer de façon étroite avec ses concessionnaires», a reconnu M. Toyoda.

 

À la Bourse de Tokyo, l'action Toyota a rebondi vendredi de 1,07% à 3315 yens. Les investisseurs ont salué le relèvement, la veille, des prévisions financières annuelles de l'entreprise malgré la crise en cours.

Photo Raymond Gervais

Le système de freinage de la Lexus HS250h, le même qui équipe quelque 270 000 Prius menacées de rappel, est actuellement à l'étude par Toyota.