Il n'y a pas que chez Audi et Volkswagen que l'on partage quelquefois les mêmes moteurs. Ainsi, que vous souleviez le capot de la séduisante Maserati Gran Turismo, de la splendide Ferrari California ou de la spectaculaire Alfa Romeo 8C Competizione, vous y trouverez le même moteur V8 en aluminium à divers stades de mise au point.

Conçu à l'enseigne du cheval cabré, ce moteur en V à 90 degrés prête sa polyvalence à trois des étoiles du groupe Fiat au sein duquel on trouve en plus de Ferrari, Maserati et Alfa Romeo, la marque Lancia, la moins visible depuis qu'elle a abandonné sa grande spécialité qu'était le rallye à l'échelle internationale.

 

Mais, qui est donc Alfa Romeo, dirons ceux ou celles qui ne dévorent pas les bouquins automobiles ou les magazines spécialisés? Son absence de notoriété étonne quand on sait que c'est la seule marque au monde à avoir emprunté le nom de la ville de Montréal pour un de ses modèles.

 

Dans le passé, Cadillac s'est tourné vers Séville pour glorifier une nouvelle berline, Dodge s'est arrêté à Monaco, Chrysler s'est tourné vers Cordoba, Ford s'est servi de la renommée de Capri et même Mercury a choisi la ville de Milan comme vocable de sa version de la Ford Fusion. Soit dit en passant, l'Alfa Montréal fut d'abord dessiné pour mettre en relief le design italien lors de l'Expo 1967 avant d'être commercialisé plus tard sous le même nom.

 

Par ailleurs, les amateurs de cinéma ont, quant à eux, fait connaissance avec la marque Alfa Romeo dans le film The Graduate où Dustin Hoffman se promenait dans un spider Alfa Duetto.

 

 

Retour en Amérique

 

Cela dit, le nom Alfa Romeo reviendra dans l'actualité d'ici un an ou deux grâce à cette nouvelle collaboration entre le groupe Fiat et Chrysler. Et quoi de mieux pour claironner ce retour que la plus récente addition à la liste des voitures d'exception, la 8C Competizione, qui fait revivre l'une des plus célèbres créations de la marque milanaise?

 

C'est sur la piste d'essai d'Alfa Romeo, à Balocco, entre Turin et Milan, que j'ai eu l'occasion de découvrir le coupé 8C («otto cilindri»), dont seulement 500 exemplaires, vendus à l'avance, ont été construits. La bonne nouvelle toutefois est que l'on vient de mettre en production 500 autres exemplaires en version spider. La mauvaise nouvelle est qu'une 8C décapotable coûte aussi cher qu'une Ferrari.

 

Venons-en à cette belle pièce d'architecture que l'on doit au crayon bien aiguisé de Frank Stephens, le designer américain responsable, entre autres, de la réincarnation de la légendaire Mini. Précisons que la carrosserie du coupé 8C est entièrement en fibre de carbone, ce qui a permis de contenir le poids à environ 1500 kg, tout en assurant une grande rigidité à la structure.

 

Pour que ce poids soit parfaitement réparti, le moteur occupe une position centrale avant, ce qui signifie qu'il est placé derrière l'essieu avant. Selon le principe de la boîte-pont, la boîte de vitesses robotisée à six rapports est montée à l'arrière. Ce bel équilibre des masses se ressent en conduite sportive par un comportement très neutre, pimenté d'un léger survirage si l'on prend soin de débrancher l'antipatinage. Cette 8C est sans doute en léger retrait en matière de tenue de route absolue, mais ce léger désavantage est compensé par un grand confort.

 

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

L'Alfa Romeo 8C Competizione Spider.

Un V8 envoûtant

 

Le moteur reste la tête d'affiche de cette Alfa Romeo non seulement par la vigueur de ses performances, mais aussi par le gargouillis typique qui accompagne la mise à feu de ses 450 chevaux. En chiffres, cela signifie que l'on se sent catapulté vers les 100 km/h en 4 secondes et un clin d'oeil. Inutile de dire que la vitesse de pointe est du même acabit et que l'on n'en verra jamais l'étendue sur nos routes.

 

Le coupé 8C s'adapte à votre humeur et ne refuse pas la conduite sobre de tous les jours. En revanche, un circuit fermé comme celui de Balocco lui permet de s'exprimer plus librement, à la condition de sélectionner le mode sport ou «fortissimo». Les deux sorties d'échappement qui étaient restées silencieuses jusque-là se joignent alors aux deux autres pour doubler non seulement l'agréable volume du bruit, mais aussi celui des sensations ressenties au volant. Bref, l'Alfa qui était en mode répétition passe subito en mode action.

 

Le plaisir de rouler dans cette voiture ne se limite pas à ses performances diaboliques. La présentation intérieure est un superbe exercice de design qui flatte le regard grâce à un mélange judicieux de cuir, de fibre de carbone et d'aluminium. Le volant, le pédalier et les sièges empreints du célèbre logo Alfa Romeo ajoutent à l'élégance de l'habitacle.

 

Comme la grande majorité de ses congénères, la 8C ne se soucie nullement de la visibilité arrière et encore moins des bagages. Les quelques espaces derrière les sièges ne sauront être utiles que si vous succombez aux magnifiques valises que le constructeur vous facturera en sus du prix de vente d'environ 300 000$.

 

Avec une facture aussi élevée, on comprend mieux que la production soit limitée à 500 exemplaires. Cela lui confère cette exclusivité qui permet d'espérer une hausse de la valeur au fur et à mesure que les collectionneurs commenceront à frapper aux portes. Cela dit, l'Alfa Romeo 8C Competizione est l'une des voitures Grand Tourisme les plus réussies du marché et son vrai royaume est celui des «autostrada».

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

Seulement 500 exemplaires de la 8C Competizione, vendus à l'avance, ont été construits. La bonne nouvelle toutefois est que l'on vient de mettre en production 500 autres exemplaires en version spider.