Encore une mauvaise nouvelle pour Toyota, qui montre vraiment des signes de fatigue après des années de progression soutenue.

Le numéro un mondial de l'automobile a annoncé qu'elle doit couper de 10 % la capacité de production de ses usines au Japon, aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. C'est énorme. Toyota perdra une capacité totale de 1 million de voitures par année. Le but de cette véritable amputation fait partie d'un effort considérable déployé pour renouer avec la rentabilité dès la fin de l'année financière 2010. La firme veut éviter de perdre de l'argent pour une troisième année consécutive.

 

Les tuiles s'accumulent sur Toyota, qui avait déjà révélé au début de l'été qu'elle perdait de l'argent aux Etats-Unis. Tout récemment, elle a dû rappeler rien de moins que 688 000 voitures en Chine pour faire corriger un défaut. Ce défaut n'est pas bien grave (l'interrupteur des fenêtres électriques), mais c'est le plus grand rappel jamais fait en Chine.

 

Depuis plusieurs mois, Toyota a de la capacité excédentaire partout au monde, ce qui l'oblige à financer plusieurs usines au ralenti, en deça du point de rentabilité individuel de chacune de ces installations. Généralement, les usines de Toyota doivent tourner autour de 70 % pour faire leurs frais. Ce qui veut dire que baisser les cadences en deça de ce pourcentage fait en sorte que Toyota fait des pertes sur chaque véhicule assemblé dans ces usines sous-utilisée.

 

C'est le même dilemme que GM a vécu pendant des années, mais Toyota, au moins, semble disposé à prendre le taureau par les cornes.

 

Pour le moment, Toyota a une capacité mondiale d'environ 10 million d'unités par année. C'est trop, quand on considère que Toyota prévoit une production réelle de seulement 6,88 millions d'unités cette année, soit 25,5 % de moins que les 9,2 millions d'unités produites l'année dernière.

 

Lutte Toyota-Volkswagen pour le premier rang mondial

 

Tout cela ramène à l'avant-plan la lutte que se font Volkswagen et Toyota pour le titre de no 1 mondial de la production, que le constructeur japonais vient d'arracher à General Motors.

 

Le grand patron de Volks, Martin Winterkorn, a clairement affirmé son ambition de voir le géant allemand au sommet mondial des unités vendues dès 2018. Avec la réduction de capacité chez Toyota, cette date pourrait être avancée.

 

Avant même la reculade de 1 million d'unités annoncée aujourd'hui par Toyota, la tendance à long terme montrait une progression constante de Volks aux dépens de Toyota. En 2008, Volks a fait des progrès et grugé une partie de l'avance de Toyota, augmentant ses ventes mondiales de 1,3 % (à 6 271 724 véhicules) et sa production totale de 2,1 % (à 6 346 515 unités). Toyota, par contraste, a subi une baisse de 4,2 % de ses ventes (à 8 972 000 unités) et de 2,9 % de sa production (à 9 225 000 unités).

 

Une analyse récente du magazine Automotive News note la même tendance depuis cinq ans: depuis 2004, les ventes de Volks ont grimpé de 23,5% (1,19 million d'unités de plus). Toyota aussi a progressé, mais de 19,5% (1,25 millions d'unités de plus). La production de Volks est en hausse de 24,6 % sur la même période, tandis que celle de Toyota est en hausse de 22,2%.

 

Mais Volkswagen aussi s'attend à vendre moins de voitures cette année que les 6,3 millions produites l'an dernier.

 

Toyota : ventes japonaises et exportations en baisse

 

Au Japon, où les ventes de véhicules neufs ont touché un creux de 30 ans en 2009, Toyota a dû réduire sa production de 49 % entre janvier et juin, par rapport au premier semestre de 2008. La firme va fermer une ligne de production au complet à son usine de Takaoka. Cette ligne, qui assemble des Yaris et d'autres petites voitures, peut produire 220 000 unités par année, affirme l'agence de presse Bloomberg News.

 

«Toyota cherche désespérément à couper ses coûts», a déclaré à Bloomberg Yuuki Sakurai, président de Gestion de capital Fukoku, de Tokyo. «La compagnie doit cesser de construire des voitures impopulaires et non rentables.» La production de l'usine de Takaoka sera consolidée dans d'autres usines japonaises et 1700 employés seront transférés.

 

Les exportations de Toyota, sont en forte baisse. «La reprise économique ne viendra pas avant 2011 et on n'est même pas certain de cela, a dit M. Sakarai. Même après, Toyota pourrait laisser la ligne de production fermée.»

Fermer des usines et des chaînes de montage oblige à réorganiser la production et la logistique mondiale. C'est un casse-tête organisationnel qui occupe beaucoup les dirigeants.

 

Fermer certaines installations et transférer la production ailleurs, pour que les usines tournent aux cadences optimales, est plus facile à faire qu'à dire. Et ce n'est pas sans travail ni coûts supplémentaires.

 

Il faut refaire et étirer les parcours géographiques de l'approvisionnement en pièces, et coordonner tout ça avec les fournisseurs. De plus, produire les usines à moins d'endroit dans le monde augmente les frais de transport, puisqu'on augmente la durée et la longueur des livraisons. Sans compter la nécessité d'ajuster la production en lots de voitures destinées à chaque marché, dans les cas où les diverses réglementations nationales obligent des spécificités locales.

 

 

L'usine californienne NUMMI va fermer

 

L'usine NUMMI (New United Motor Manufacturing Inc) que Toyota exploite conjointement avec GM en Californie, 'sera la première usine complète à fermer, affirme le quotidien d'affaires japonais Nikkei. Le journal ajoute que des usines en Grande-Bretagne et au Japon suivront.

 

GM avait déjà annoncé en juin qu'elle se cessera d'assembler ses Pontiac Vibe à NUMMI, où Toyota fabique des Corolla et de petites camionnettes Tacoma.

 

En Grande-Bretagne, Toyota emploie 4000 travailleurs dans une usine de montage à Burnaston (où sont assemblées des Yaris et des Avensis) et dans une usine de moteurs au Pays de Galles.

 

Sources : Nikkei ; Automotive News ; Automotive News Europe; Agence Bloomberg

Photo AP

L'usine NUMMI (New United Motor Manufacturing Inc) que Toyota exploite conjointement avec GM en Californie, 'sera la première usine complète à fermer, affirme le quotidien d'affaires japonais Nikkei.