On sait déjà que Stéphane Gendron, maire de Huntingdon, est doté d'une puissante personnalité. Dans ses rôles de politicien ou de communicateur, il nous a habitués à ses légendaires coups de gueule. Et ce genre d'excès déborde largement du cadre professionnel, comme en fait foi sa passion pour l'automobile, laquelle, avons-nous constaté, est sans bornes.

Que dire d'un homme qui surnomme sa Ford Mustang GT 2006 «ma maîtresse» ou «ma deuxième conjointe»? Qui en lave le moteur presque chaque semaine? Et qui se lève en pleine nuit rien que pour écouter le V8 de sa belle américaine?

 

Certains appellent ça un cas de psychiatrie, alors que pour le principal intéressé, il s'agit là d'un comportement normal «de gars de char».Les faits sont là: Stéphane Gendron est un maniaque d'automobile. De conduite automobile, pour être plus précis. Ne lui parlez pas de mécanique, ni des dernières trouvailles technologiques de sa Mustang. Ce qui l'intéresse, c'est rouler (parfois trop vite), prendre du bon temps et s'arrêter pour photographier les paysages du Québec et de l'Ontario.

L'apparence du véhicule et les décibels qu'il produit sont des détails de première importance pour Stéphane Gendron. Il a d'ailleurs fait changer le système d'échappement de sa voiture pour que ça gronde davantage quand il roule. «Et ça ne gronde pas encore assez à mon goût», dit, un brin frondeur, celui qui écoute «dans le tapis» autant du ZZ Top que du country américain.

Et ce n'est pas tout: ce contestataire notoire compte faire peindre la combinaison de chiffres «666» sur les portières de sa voiture. «C'est un symbole de contestation que j'aime bien. D'ailleurs, je ne sais pas si vous l'avez remarqué, mais ma plaque arrière porte les chiffres 666. Je l'ai demandée au bureau de la SAAQ quand j'ai acheté mon auto», raconte ce maire vraiment pas comme les autres.

Marié et père de trois enfants, Stéphane Gendron affirme perdre son côté père de famille lorsqu'il se retrouve dans le siège du conducteur. Rouler seul, c'est son dada. Et si vous êtes son passager, évitez de parler: la chose l'irrite au plus haut point. «C'est mon cabinet de réflexion. C'est ici que je trouve la plupart de mes idées, que j'arrive à faire le vide», raconte-t-il au volant de sa Mustang. Il fera une exception l'été prochain. Il compte en effet parcourir la route 66 aux États-Unis en compagnie de sa conjointe.

Depuis 2006, cet avaleur de bitume a parcouru 120 000 km avec sa GT. Et seulement par beau temps, car de novembre à mars, alors que sa «maîtresse» est remisée, monsieur le maire roule en Jeep. Mais dès que le printemps pointe son nez, Stéphane Gendron compte presque les dodos qui le séparent de sa Mustang.

 

L'ex-chroniqueur de la défunte émission L'avocat du Diable, à TQS, ne s'en cache pas: il adore la vitesse. En mars dernier, il venait de payer 1500$ de contraventions quand nous lui avons rendu visite à Huntingdon. Il a même poussé sa belle jusqu'à 240 km/h en compagnie d'un chroniqueur automobile dont il préfère taire le nom.

Stéphane Gendron adore les voitures depuis qu'il a 10 ans. À l'époque, il s'assoyait sur les genoux de son père au volant d'un Dodge 1970. À 16 ans, il prenait la camionnette paternelle pour se rendre à l'école. Et à 18 ans, grâce à ses économies, il a payé comptant sa première voiture: une Renault Alliance. Il a par la suite possédé, entre autres véhicules, une Honda Civic, deux Mazda Protégé, un Jeep TJ et un Dodge Durango.Certaines de ces automobiles ont rendu l'âme, soit parce qu'elles ont été accidentées, soit parce que leur propriétaire a fait «sauter le moteur» ...

En achetant sa Mustang GT, en 2006, Stéphane Gendron a réalisé un grand rêve. Le mustang étant un cheval sauvage (donc, par définition, un être rebelle), la mythique voiture, qui fête cette année ses 45 ans, était toute trouvée pour lui. Le rêve absolu pour cet avocat de formation serait de mettre la main sur une Mustang Saleen, une voiture modifiée d'environ 80 000$.

Pour lui, aimer les voitures et la vitesse est quelque chose de tabou au Québec. «On nous fait passer pour des gens d'une époque révolue», dit-il. À la blague, Stéphane Gendron aimerait créer une sorte de groupe de rencontre, un peu à la manière des Alcooliques anonymes. «Ça s'appellerait les DAA, les Dépendants affectifs de l'automobile», rigole-t-il.