Les constructeurs automobiles peuvent regretter le temps passé, celui où l'on distribuait les voitures comme des tickets de rationnement. Autrefois, on se pressait à la porte de l'usine pour espérer décrocher un bon de commande. Aujourd'hui, la situation s'est inversée. Ce sont plutôt les constructeurs qui font la queue à la porte des clients en tentant de les attirer dans leurs filets. Certains bradent les prix au mépris de leur image, d'autres comme Volvo tentent de défendre une idée élitiste de l'automobile et peaufinent de nouvelles formules.

Le XC60 qu'il vient de présenter en est la parfaite illustration. Il s'agissait pour le constructeur scandinave de créer une sorte de Graal technique qui permettrait de regrouper, sous un seul format, les caractéristiques parfois antagonistes de plusieurs formules de véhicules. Un autre multisegment? Oui, mais Volvo souhaite le positionner comme étant le plus sûr, pas forcément le moins cher.

 

Cette fois, c'est sûr: le profil d'armoire normande qui caractérisait les Volvo d'antan appartient bel et bien au passé. Chaque modèle qui apparaît pérennise les nouveaux codes esthétiques de la marque. Les flancs se creusent, la calandre s'affirme, le profil se dynamise et, surtout, les feux arrière se font de plus en plus sculpturaux.

L'ensemble qui ne manque ni d'élégance, ni de caractère, repose sur une architecture technique éprouvée puisque similaire à celle de l'actuelle berline S80. Comme son code numérique le laisse supposer, ce véhicule se positionne juste en dessous de la XC70. Volvo espère en écouler 1500 unités du XC60 au Canada au cours de la prochaine année.

Pour cela, le constructeur suédois mise sur le style, mais aussi sur la sécurité. En effet, le secret du XC60 réside dans son dispositif City Safety. Ce dispositif livré de série lui permet d'éviter ou de diminuer l'impact des collisions dans le trafic urbain, à moins de 30 km/h, avec le véhicule qui précède. Un radar, intégré dans la partie supérieure du pare-brise à la hauteur du rétroviseur intérieur, peut surveiller les véhicules jusqu'à six mètres de distance. Il est programmé pour réagir aussi bien si le véhicule qui précède est à l'arrêt que s'il se déplace dans la même direction. Le City Safety effectue alors 50 calculs par seconde pour déterminer la vitesse de freinage nécessaire. Si la force de freinage calculée dépasse un certain seuil sans que le conducteur ne réagisse, le risque de collision est considéré comme imminent. Efficace de jour comme de nuit, le radar optique doit cependant avoir la vue dégagée. Ses capacités sont donc altérées par le brouillard, la buée, la neige ou les fortes précipitations.

Innovant, ce système représentera un formidable atout pour l'automobiliste lunatique. Toutefois, même si cette Volvo se défend bien de vouloir conduire à notre place, cette aide à la conduite destinée à pallier nos faiblesses ne risque-t-elle pas à terme d'endormir notre méfiance légitime que nous devons développer face à la conduite automobile? De plus, la présence d'un régulateur de vitesse avec contrôle de la distance de sécurité, d'un système de surveillance de l'angle mort, d'un avertisseur de franchissement involontaire de ligne s'accompagnent de témoins sonores et visuels qui énervent plus qu'ils ne rassurent.

Sur le plan de la sécurité active toujours, le XC60 retient, de série toujours, les services d'un rouage à quatre motrices. Élaboré avec Haldex, ce dispositif combine une répartition variable du couple entre les essieux et un contrôle dynamique de trajectoire qui lui est corrélé. En d'autres termes, l'électronique parvient à anticiper nombre de situations pour équilibrer le comportement, mais elle n'intervient que lorsque la variation de couple entre les essieux n'a pas réussi à régler tous les problèmes d'adhérence. Ce qu'il faut retenir est que dans des conditions routières idéales, le système achemine 90% du couple moteur aux roues avant. Cependant, sous de fortes accélérations ou lorsque le coefficient d'adhérence est limité, 65% (c'est le maximum) du couple est redirigé aux roues arrière.

Si la garde au sol élevée de ce véhicule suggère qu'il est en mesure de s'aventurer dans les forêts, sachez cependant qu'il ne dispose d'aucune boîte de réduction (ou de transfert, si vous préférez). En revanche, Volvo propose un système de régulation pour la descente (hill descent control).

Taillée pour les voyages

Sur une route pavée, le XC60 se révèle une routière pour le moins agréable, même si certains sifflements de vent (était-ce le propre de notre véhicule?) se faisaient parfois bruyamment entendre sur les montants du pare-brise.

Correctement suspendue, cette Volvo contient les mouvements de sa caisse avec brio et nous fait souhaiter que les sièges aient un peu plus de maintien. En revanche, la conduite n'est pas aussi dynamique que ses lignes extérieures le suggèrent. Le véhicule est lourd soit, mais la direction - dépourvue de toute sensation au centre - exige du coup une impulsion plus marquée que de coutume pour l'inscrire dans les virages. Il est toujours possible de rectifier partiellement la situation en modifiant l'assistance et la démultiplication de la direction au moyen de l'ordinateur de bord. Mais pour le faire, il faut s'armer de patience puisque le mode d'emploi n'est pas évident en plus de ne pas être très convivial.

Le moteur, un six-cylindres en ligne de 3 litres suralimenté par turbocompresseur, ne manque pas de chevaux. En effet, les accélérations semblent plus véloces qu'elles ne le sont réellement. Monté en position transversale, ce qui pénalise son agilité au moment de garer le véhicule, ce moteur ne passe pas pour être le plus avancé techniquement dans sa catégorie (absence d'injection directe, de calage variable des soupapes).

À bord, Volvo s'est accordé quelques économies en reprenant intégralement l'habillage de la S80. Ne boudons pas notre plaisir et apprécions plutôt cet univers cossu que les (nombreuses et coûteuses) options viendront parfaire et cette console élégante, mais peu logeable. La présentation intérieure plaît beaucoup: ambiance épurée, finition soignée et matériaux de qualité. L'habitabilité est très correcte pour quatre personnes et le volume de coffre, moyen.

Au terme de cette première prise en main, force est de reconnaître que cette XC60 innove et de belle manière aux chapitres du style et de la sécurité. En revanche, une question fondamentale demeure sans réponse: le prix. La direction canadienne ne le fera connaître que dans quelques semaines, mais laisse entendre que celui-ci sera aligné sur la X3 de BMW. Cela nous apparaît un peu trop élevé considérant la concurrence qui affiche des prix beaucoup plus serrés.



Les frais de transport et d'hébergement liés à ce reportage ont été payés par Volvo.

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On aime

> La présentation intérieure accueillante

> L'innovation sur le plan de la sécurité active (City Safety)

> Le confort de roulement



On aime moins


> La modularité somme toute classique du coffre

> La direction engourdie

> Le prix qui s'annonce plus élevé que souhaité



Ce qu'il faut retenir


Fourchette de prix : 47 000$ - 50 000 $ (estimation)

Frais de transport : nd

Consommation moyenne obtenue au cours de l'essai : 12,1 L/100 km (estimée)

Concurrentes : Audi Q5, BMW X3, Mercedes GLK

Pour en savoir plus : www.volvo.ca

Moteur : L6 DACT 3 litres suralimenté par turbocompresseur

Puissance : 281 ch à 5600 tr/mn

Couple : 295 lb-pi entre 1500 et 4800 tr/mn

Poids : 1893 kg

Rapport poids/puissance : 6,73

Accélération 0-100 km/h : 7,3 secondes (chronométrage manuel)

Mode : intégral (quatre roues motrices)

Transmission de série : semi-automatique six rapports

Transmission optionnelle : aucune

Direction/diamètre de braquage : crémaillère/11.7 mètres

Freins avant/arrière : disque/disque

Pneus : 235/60R18

Capacité du réservoir de carburant/carburant recommandé : 70 litres/super