Ce devait être un jeudi comme les autres. Enfin presque. Aujourd'hui, le train est gratuit. Parfait pour moi qui ne sait où me procurer un billet. Le train quitte la gare Pierrefonds-Roxboro en direction du centre-ville à 8h. J'y suis à 7h35. Avec ma voiture que je ne parviendrai jamais à garer. Pas même dans les rues avoisinantes. Le train est passé; me laissant derrière avec ma voiture... Sans doute, aurait-il mieux valu vous pointer à 7h, voire même à 6h30 pour garantir une place à votre auto, dites-vous ? D'accord, mais pourquoi ne pas prendre mon auto; la circulation est si fluide à ces heures.

Ce devait être un jeudi comme les autres. Enfin presque. Aujourd'hui, le train est gratuit. Parfait pour moi qui ne sait où me procurer un billet. Le train quitte la gare Pierrefonds-Roxboro en direction du centre-ville à 8h. J'y suis à 7h35. Avec ma voiture que je ne parviendrai jamais à garer. Pas même dans les rues avoisinantes. Le train est passé; me laissant derrière avec ma voiture... Sans doute, aurait-il mieux valu vous pointer à 7h, voire même à 6h30 pour garantir une place à votre auto, dites-vous ? D'accord, mais pourquoi ne pas prendre mon auto; la circulation est si fluide à ces heures.

«En ville sans ma voiture», je veux bien mais comment va-t-on s'y prendre pour me séduire ? En me promettant de pouvoir pratiquer mon yoga sur la rue Sainte-Catherine ? Allez, un peu de sérieux. L'automobiliste que je suis n'aime pas qu'on lui impose de prendre les transports en commun tant et aussi longtemps que ses responsables n'auront pas démontré son efficacité, sa fiabilité (les chauffeurs d'autobus ne distribuaient-ils pas des tracts lors de cette journée pour faire part de leurs revendications ?), sa flexibilité et sa sécurité. Pour tout dire, avec moi, ils ont totalement manqué la cible. D'autant plus que sur le chemin du retour, le train à bord duquel je serais monté est tombé en panne. Voilà de quoi me rassurer dans mes convictions.

Exclure les quatre roues du cœur des agglomérations tend à reporter les embouteillages en périphérie, là où les déplacements augmentent déjà au rythme le plus soutenu. Décourager les automobilistes par une approche malthusienne des infrastructures ou une insuffisance de parkings n'a de sens que si les transports collectifs sont capables d'absorber les reports de trafics ainsi générés, ce qui n'est pas le cas. Tout comme il serait aussi trop facile, comme le suggèrent certains chroniqueurs, de dissuader les automobilistes par l'argent. C'est le choix qu'a fait Londres (et d'autres villes) en mettant en place une taxe d'embouteillage. Mais Londres n'est pas Montréal.

Chacun construit sa propre routine. Cela a l'avantage de faciliter le quotidien, mais porte en soi l'inconvénient qu'il est difficile de changer. La voiture est aujourd'hui une routine avec laquelle les individus ont construits leurs déplacements. Des solutions ? Elles sont nombreuses. Et coûteuses aussi ! Pour que les gens laissent effectivement leur voiture au garage, il faut impérativement que l'offre des transports en commun s'améliore. Et la journée En ville sans ma voiture représentait l'occasion idéale pour tomber sous le charme ou encore pour mesurer les progrès accomplis par les transports publics.

Pourquoi la Société de transports de Montréal (STM) ne s'est pas faite plus belle en cette journée toute spéciale ? Pourquoi ne pas avoir augmenté le nombre de wagons ou d'autobus ? Pourquoi avoir seulement ciblé les résidants du 450 avec la gratuité ? Sont-ils les seuls responsables de toute cette pollution, de tout ce bruit ?

L'ampleur de la tâche nécessite une mobilisation de tous les acteurs concernés pour adopter une politique globale des déplacements dans les agglomérations. Aujourd'hui, la gestion de l'espace public urbain demeure encore beaucoup trop éclatée politiquement ainsi qu'en termes de compétences professionnelles. Ces acteurs doivent ensemble favoriser une approche sociologique et non plus technique des transports urbains, comme cela a été fait généralement jusqu'ici. Parmi les solutions à l'étude (le retour souhaité du tramway par exemple), aucune n'est satisfaisante à elle seule.

D'ici là, nous restons très attachés à nos voitures. Sa part ne cesse d'augmenter dans nos déplacements quotidiens, mais ce n'est pas une fatalité. Là où il existe une volonté politique forte de développer les transports en commun la courbe s'inverse. Avec le temps et des opérations comme celles de jeudi dernier, le changement des mentalités que nous commençons à percevoir se traduira dans les faits : il faut décourager l'usage de la voiture quand il n'est pas adéquat, pas celui de l'auto en général. À ce sujet, il est toujours nécessaire de rappeler qu'il existe des situations et des catégories de population pour lesquelles l'automobile constitue la seule solution. Et pour longtemps !

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