Honda prolongera également la garantie sur certains de ses modèles, dont les Odyssey, Accord et Acura construits entre 2002 et 2006. La raison : un odomètre qui tourne trop vite et qui, par conséquent, accumule plus de kilomètres au compteur que la normale.

Honda prolongera également la garantie sur certains de ses modèles, dont les Odyssey, Accord et Acura construits entre 2002 et 2006. La raison : un odomètre qui tourne trop vite et qui, par conséquent, accumule plus de kilomètres au compteur que la normale.

Cette décision fait suite à une poursuite intentée par un avocat de Fort Smith en Arkansas. Me Jay Kutchka conduisait une Honda Odyssey lorsqu'il s'est aperçu que sa grand-mère demeurait 16 kilomètres plus loin depuis qu'il avait troqué sa Mazda contre une Honda. Au lieu d'afficher les 550 km habituels, l'odomètre comptait plutôt 566 km.

Le constructeur automobile et l'avocat en sont arrivés à une entente à l'amiable et Honda a reconnu que les odomètres n'affichaient pas fidèlement les kilomètres parcourus. Le constructeur automobile a entrepris depuis d'informer les quelque six millions de propriétaires de véhicules Honda et Acura qu'ils avaient droits à un prolongement de la garantie de base et dans certains cas à une compensation financière pour avoir payer pour un excédent de kilométrage à la fin de leur contrat de location.

Aux États-Unis, une norme de la Society of Automotive Engineer's permet une marge d'erreur de plus ou mois 4 % à l'odomètre, limitant toutefois cette marge à 6,4 km par tranche de 160 kilomètres parcourus.

Or, Honda allègue que ses odomètres répondent aux normes puisqu'ils sont précis dans une marge de 3,75 % en ce qui concerne le surplus de kilométrage enregistré au compteur et de 1 % en kilométrage de moins. Néanmoins, le constructeur accepte de prolonger la garantie des véhicules touchés de 5 %. À titre d'exemple, si la garantie se termine à 60 000 km, Honda l'allongera de 3000 km, en plus de rembourser la pénalité de kilométrage que ses clients de location ont dû débourser à cause des odomètres trop rapides. Cette somme représenterait plus de 6 millions de dollars en surcharge de location.

Un porte-parole de Honda, Chris Martin, a indiqué au quotidien américain USA Today qu'un odomètre ne sera jamais parfait. «Mais en se basant sur le recours collectif intenté par l'avocat, Honda réalise que ses clients s'attendent à ce que l'odomètre de leur voiture reflète le vrai kilométrage et que par conséquent, Honda a conclu une entente à l'amiable pour satisfaire sa clientèle.»

Sur ses modèles 2007, Honda a décidé de resserrer la précision de ses odomètres dans le but d'atteindre 0 % d'erreur.

Un tribunal du Texas devrait approuver l'entente intervenue entre les parties au cours de l'été prochain.

Aucune norme canadienne

Au Canada, aucune poursuite semblable n'a encore été intentée contre un constructeur automobile.

George Iny, président de l'Association pour la protection des automobilistes (APA), précise que dans les années 60, des automobilistes s'étaient plaints aux constructeurs américains que les odomètres de leur voiture étaient peu fiables. Les constructeurs automobiles avaient alors répliqué qu'il était normal d'avoir une marge d'erreur de l'ordre de 3 % à 4 %. Selon eux, plusieurs facteurs pouvaient influencer la lecture d'un odomètre, dont la dimension et l'usure des pneus.

Mais, comme l'a expliqué M. Iny, on avait alors constaté que l'erreur allait toujours dans le même sens : les compteurs affichaient presque toujours un surplus de kilométrage. «Ce qui, dans certains cas, a occasionné des frais non justifiés de réparation aux consommateurs, dont les garanties étaient échues.»

Selon Transports Canada, Honda n'a fait aucun rappel touchant les odomètres et on ne sait même pas si le problème existe ici. Au pays, aucune norme n'oblige les constructeurs à s'assurer que les odomètres indiquent avec rigueur le kilométrage parcouru. Le seul guide que nous possédons s'inscrit dans la Loi fédérale sur les poids et mesures, laquelle est administrée par la Gendarmerie royale du Canada. C'est cette réglementation qui interdit de trafiquer les odomètres.

En l'absence de réglementation spécifique, l'industrie canadienne de l'automobile semble appliquer la norme SAE américaine qui accepte qu'un odomètre puisse avoir une marge d'erreur de plus ou moins 3 % à 4 %.

Un enquêteur de l'organisme fédéral a précisé à La Presse qu'une norme a déjà été établie pour assurer la fiabilité des odomètres, mais qu'elle n'existait plus. Cette norme, qui existait au début des années 60, accordait une marge de manoeuvre de plus ou moins 10 % aux constructeurs, mais elle a été abandonnée.

Comme l'a fait remarquer l'APA, les répercussions d'un odomètre peu fiable sont énormes pour l'automobiliste. «Mis à part les garanties qui arrivent à échéance avant terme et les frais de location pour du kilométrage en surplus, on na qu'à penser à la fiabilité des GPS qui pourrait être faussée et de la vitesse à laquelle un véhicule file sur une autoroute», a conclu M. Iny.