Harley-Davidson incarne le genre custom de manière si absolue que les marques rivales sont souvent accusées de copiage pur et simple. Mais il y a des exceptions, et la nouvelle BMW R18 2021 en fait décidément partie.

Une machine inhabituelle

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La BMW R18 2021 (à gauche) et son inspiration, la BMW R5 1936

Mélange pêle-mêle de Béhème des années 1930, de style custom américain classique et de mécanique allemande traditionnelle, la R18 n’a rien à voir avec les innombrables imitations de Harley offertes par les constructeurs rivaux au fil des ans. Imitations qui, depuis le récent déclin de la catégorie custom, ont d’ailleurs presque toutes été retirées du marché. Mais qu’à cela ne tienne, après de multiples concepts – dont beaucoup arboraient une ligne rétro plutôt que custom –, BMW persiste et livre la version de production. La R18 se résume donc à une combinaison inusitée de caractéristiques rejoignant une classe en perte de vitesse juste au moment où la concurrence se retire. Intéressant.

Prise 2

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La BMW R1200C 1997

BMW n’en est pas à son premier essai chez les customs. Inaugurée sur le grand écran en 1997 avec, aux commandes, nul autre que James Bond interprété par Pierce Brosnan dans Tomorrow Never Dies, la R1200C a été la première incursion de la marque allemande dans cette catégorie. Contrairement à la situation actuelle, le genre custom jouissait à l’époque d’une forte croissance. Bien que controversée parce qu’elle ne ressemblait ni de près ni de loin à une Harley-Davidson, la R1200C a obtenu un succès décent durant ses premières années sur le marché. Mais l’intérêt s’est estompé et BMW l’a retirée au milieu des années 2000, sans jamais la remplacer.

Leçons apprises

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BMW R18 2021

De ses années à produire la R1200C, des décennies qu’ont passées d’autres marques à vendre des customs et du déclin de la classe, BMW a tiré plusieurs leçons. La première est qu’une imitation de Harley n’intéresse plus personne. La deuxième est qu’une mécanique émotionnelle s’avère essentielle à l’expérience custom et bien plus importante que n’importe quelle donnée chiffrée. Et la troisième est que si certaines marques peuvent se permettre de copier sans entacher leur identité, d’autres doivent rester authentiques. Mue par une version exceptionnellement communicative du plus traditionnel des moteurs de moto BMW et dessinée avec un style custom à forte saveur allemande, la R18 est le fruit de cette éducation.

Une expérience mécanique unique

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La R18 fait vivre une expérience aussi forte qu’unique. Comme les gros V8 qui faisaient tanguer les bagnoles américaines après un coup d’accélérateur au neutre, un bicylindre Boxer BMW pousse légèrement la moto vers la gauche à la suite du même geste. Dans le cas de l’immense Big Boxer de 1802 cc de la R18, l’effet se trouve incroyablement amplifié. Chaque explosion des deux gros pistons est ressentie sous la forme d’une pulsation franche et atteint les oreilles par un ton grave et lourd. Les montées en régime sont agréablement puissantes, mais surtout marquées par une production massive et immédiate de couple. En matière de sensations mécaniques, la R18 est carrément un délice.

Controverse ergonomique

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S’il est un aspect de la R18 qui a été critiqué depuis son lancement tard en 2020, c’est son ergonomie, plus précisément la façon dont elle force le pilote à considérablement plier les jambes. Il s’agit d’une plainte justifiée en ce sens que la proximité de la selle basse par rapport aux repose-pieds en position centrale fait effectivement plier les jambes. Cela dit, à la défense de la R18, le fait est qu’on retrouve ce type d’ergonomie sur beaucoup d’autres modèles. Il faut savoir que l’équation ergonomique peut varier énormément au sein de la classe custom. On a finalement le droit d’aimer ou pas celle de la R18.

Comportement à l’allemande

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En ce qui concerne son comportement routier, la R18 a également essuyé quelques critiques, mais dans ce cas, toutes résultent de l’ignorance typique de nombreux chroniqueurs à l’égard des customs. On parle principalement de repose-pieds qui frottent éventuellement en virage et de performances supposément limitées. Remettons donc les pendules à l’heure : la R18 se comporte très bien en virage grâce à un châssis agréablement solide et précis ainsi qu’à des suspensions qui travaillent facilement, mieux que la moyenne dans cette classe. Au chapitre des performances, les 91 chevaux représentent une puissance très respectable qui génère des accélérations relativement élevées pour la classe. Freinage, embrayage et transmission n’attirent aucune critique.

Conclusion

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Les leçons apprises par BMW et appliquées à la R18 ont donné naissance à un modèle custom unique. Il s’agit d’une monture très particulière, dont les traits les plus marquants sont un caractère mécanique exceptionnellement fort et une ergonomie inhabituelle. Est-ce un succès ? Pour l’amateur commun de customs classiques que certaines caractéristiques pourraient désorienter, ça n’est pas clair. Mais pour les connaisseurs capables d’apprécier la rareté et le plaisir d’une mécanique aussi extraordinairement communicative, pour les fervents de ce type de motos qu’une ergonomie un peu hors norme ne dérange pas, la R18 prend la forme d’une proposition presque inespérée, soit celle d’une expérience custom aussi différente qu’exquisément réussie.

Fiche technique

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BMW R18 2021

Marque : BMW
Modèle : R18
Prix : 20 895 $
Garantie : 3 ans/kilométrage illimité
Moteur : bicylindre Boxer de 1802 cc refroidi par air et huile
Transmission : à 6 rapports, entraînement final par arbre
Poids tous pleins faits : 345 kg
Frein avant : 2 disques avec étriers à 4 pistons et ABS
Frein arrière : 1 disque avec étrier à 4 pistons et ABS
Pneu avant : 120/70 R19
Pneu arrière : 180/65 B16