Un chercheur de l'Université de Waterloo, en Ontario, aurait découvert comment utiliser la lumière du soleil pour transformer le dioxyde de carbone en carburant, un procédé novateur et peu coûteux qui imiterait la photosynthèse.

Yimin Wu assure que les applications pratiques de sa découverte sont pratiquement illimitées, puisque le procédé pourrait être utilisé par quiconque produit du dioxyde de carbone.

Il qualifie le procédé de « feuille artificielle ».

« J’ai cherché de nouvelles façons d’imiter la photosynthèse dans la nature, quand les feuilles utilisent la lumière du soleil pour convertir le dioxyde de carbone et l’eau en glucose et en oxygène », a-t-il expliqué lors d’une entrevue.

Plutôt que de produire du glucose, M. Wu a ajusté la réaction pour produire du méthanol, un produit qui peut notamment être utilisé comme carburant pour les véhicules.

« Le but est de réduire les émissions de dioxyde de carbone, un gaz à effet de serre, et possiblement de réduire le réchauffement climatique et produire une énergie renouvelable », a dit M. Wu.

L’étude est publiée lundi par le journal Nature Energy.

M. Wu explique que cette découverte est l’aboutissement de plus de trois ans d’efforts. Il qualifie le tout de « grand pas dans le domaine ».

La conversion du dioxyde de carbone fait depuis longtemps miroiter la possibilité de combattre les gaz à effet de serre qui contribuent aux changements climatiques. Les efforts précédents nécessitaient des températures élevées ou de l’électricité pour la conversion, a dit M. Wu, ce qui les rendait inefficaces et gonflait hors de portée les coûts à grande échelle.

Les recherches dans le domaine s’accélèrent toutefois.

La NASA a récemment mis au point une technologie pour transformer le dioxyde de carbone en carburant en utilisant la lumière du soleil et une mince couche d’oxyde métallique.

Des chercheurs australiens ont quant à eux découvert comment transformer le dioxyde de carbone en carbone solide à la température ambiante en utilisant comme catalyseur un alliage métallique. Leur technique n’utilise qu’une faible quantité d’électricité.

La « feuille artificielle » de M. Wu utilise de l’oxyde de cuivre comme catalyseur. M. Wu dit que l’efficacité de la conversion solaire-à-carburant est de 10 %, soit dix fois plus que l’efficacité d’une feuille naturelle.

« Cela présente plusieurs avantages, a-t-il dit. Tout d’abord, nous convertissons l’énergie solaire directement en carburant sans utiliser d’électricité, ce qui empêche la perte d’une partie de l’énergie. L’autre avantage du recours à l’énergie solaire est que nous n’avons pas besoin d’une infrastructure complexe et on peut lui donner une plus grande ampleur plus facilement qu’avec l’utilisation de l’électricité. »

Les secteurs où son invention trouverait une application la plus évidente sont ceux des hydrocarbures, de l’automobile et de l’acier, auprès de compagnies qui cherchent à réduire leurs émissions polluantes.

« Et nous pouvons fournir un carburant renouvelable aux constructeurs automobiles pour remplacer l’essence, a précisé M. Wu. Je m’attends à ce que mes travaux aient un impact concret sur le monde. »