Comme prévu, Sophie Grenier a remporté La voix dimanche soir. Deux mois après avoir pris son envol et s’être imposée comme grande favorite en reprenant L’oiseau de René Simard aux auditions à l’aveugle, la Franco-Ontarienne a poursuivi son ascension en remportant le vote populaire.

Sophie a récolté 42 % du scrutin, loin devant Jay (26 %), Christopher (23 %) et Adam (9 %). « Ça veut dire tellement de partager le français ici », a déclaré la jeune femme de 17 ans originaire d’Ottawa après son triomphe, pendant que son coach, Mario Pelchat, visiblement ému, essuyait ses larmes. Pleurs dans une pluie de confettis.

Cette victoire était prévisible. Du moins, par quiconque avait jeté un œil au compte Facebook officiel de l’émission au cours des dernières semaines. Chaque fois qu’une nouvelle publication concernant la candidate apparaissait, elle récoltait systématiquement un plus grand nombre de « J’aime » que celles des autres concurrents. En demi-finale, sa relecture du célèbre Laissez-moi danser de Dalida avait accentué la tendance, en plus d’écarter une autre grosse pointure, Steffy Beyong.

Dimanche soir, Sophie Grenier avait sorti l’artillerie lourde pour espérer remporter cette finale : une version bilingue d’une chanson anglophone de Céline Dion de 1997, Let’s Talk About Love. Pour maximiser ses chances et ratisser le plus large possible, elle s’était même entourée d’un chœur d’enfants (dont certains n’étaient pas beaucoup plus jeunes qu’elle). La totale !

PHOTO BERTRAND EXERTIER, FOURNIE PAR TVA

La gagnante Sophie Grenier avec son coach, Mario Pelchat

Avec sa victoire, Sophie Grenier touche une bourse de 50 000 $ et décroche un contrat de disque avec Musicor.

Stratégie ballade

Deux autres finalistes avaient également adopté la stratégie des ballades à l’emporte-pièce pour séduire l’auditoire. Christopher Therrien a repris I Don’t Wanna Miss a Thing, un tube en puissance d’Aerosmith qui fête cette année son 25e anniversaire. Le ressortissant du Nouveau-Brunswick a livré une interprétation très juste — quoiqu’un peu lisse — du titre signé Diane Warren, pendant que Marjo, toujours aussi enthousiaste, se faisait aller les bras dans les airs. « Ça, c’est ce qu’on appelle chanter », a déclaré Mario Pelchat, une fois son passage au micro complété.

Pour sa part, Adam El Mouna n’y est pas allé de main morte avec Ne me quitte pas de Jacques Brel. La voix tremblotante après seulement cinq secondes, le représentant de Sainte-Catherine a tellement misé sur l’émotion qu’à plusieurs reprises, la justesse a écopé. Son numéro hautement théâtral a été qualifié d’« audacieux » par Charles Lafortune et Corneille.

Enfin, Jay a adopté une stratégie inverse en proposant un succès souvenir du groupe rap québécois Muzion, qu’il a dédié « aux personnes qui travaillent dur ». Le Montréalais d’origine haïtienne s’est même permis d’adapter les paroles aux évènements des derniers jours (tempête de pluie verglaçante) en lançant : « La panne d’Hydro montre qu’on est dépendants du système. »

Après coup, son coach Corneille a salué son « parcours courageux », parcours au cours duquel il n’a jamais hésité à mettre la culture créole en avant.

Ça rock !

D’une durée de 2 h 30, cette finale a offert une dizaine de numéros musicaux. L’un des moments forts est survenu quand Ariane Roy, Les Shirley et Lou-Adriane Cassidy, épaulées par Sophie Grenier, ont partagé la scène pour offrir leurs chansons respectives, réunies dans un furieux pot-pourri. Il fallait voir Marjo, debout devant son fauteuil, taper des mains et sourire à pleines dents devant cette éclatante démonstration, visiblement ravie d’observer des femmes rocker avec autant de fougue qu’elle.

France D’Amour est d’ailleurs venue rejoindre le groupe en clôture de prestation pour chanter quelques lignes de J’lâche pas, en clin d’œil surprise à l’icône des années 1980, qu’elle avait remplacée comme coach au cours des deux semaines précédentes, COVID-19 oblige.

Jonathan Roy, Banx & Ranx, Preston Pablo, Rêve, Louane et Josiane Comeau, la gagnante de 2020, ont également participé au rendez-vous dominical.

Ginette Reno a livré Plus grand, une pièce inédite tirée de C’est tout moi, son 42e album, paru vendredi. En grande forme vocale, l’artiste de 76 ans a séduit son auditoire, mais on aurait quand même aimé un extrait souvenir en bonus, histoire de terminer en apothéose.

Est-ce que La voix reprendra l’antenne de TVA pour une 10e saison l’hiver prochain ? En ondes, l’animateur Charles Lafortune n’a donné aucun indice concernant un éventuel retour.