Prof de français au secondaire, improvisatrice, comédienne : Fabiola N. Aladin, qu’on voit de plus en plus sur nos écrans, chérit la vie qui lui permet de vivre toutes ses passions. Et elle embrasse chacune avec ferveur.

Elle semble intimidée pendant la séance photo, mais il ne faut pas se fier seulement à sa voix douce et à ses mains qui virevoltent quand elle parle. Son visage s’éclaire spontanément d’un large sourire lorsqu’une blague fuse, et elle commente tout ce qui se passe avec un mélange d’ironie et de franchise.

Bref, Fabiola N. Aladin est très drôle, et ce n’est pas si surprenant, puisque c’est une as de l’impro. Star du Punch Club, entre autres, elle a même nouvellement été admise dans l’alignement régulier de la Ligue nationale d’improvisation, après y avoir été joueuse substitut.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Fabiola N. Aladin est une as de l’impro.

« Quand j’ai reçu le courriel tant attendu, j’étais à l’épicerie. J’essayais d’appeler toutes mes amies pour leur annoncer, mais personne ne répondait. Alors je l’ai dit à la caissière. »

C’est d’ailleurs grâce à l’impro que Fabiola N. Aladin a obtenu son premier rôle. En effet, c’est là qu’elle a fait la connaissance de Florence Longpré, qui lui a proposé de faire partie du chœur de sa pièce Sylvie aime Maurice en 2017. Peu de temps après, elle obtenait le rôle de Tessa dans M’entends-tu ?, et tout s’est mis à débouler : les séries web, les pubs, les apparitions ici et là, jusqu’au rôle de l’infirmière Yasmine dans l’excellente série Sans rendez-vous.

« Ça m’a donné de la visibilité, j’ai fait une autre série web, d’autres pubs, puis une audition pour Viking... » Un café avec le réalisateur Stéphane Lafleur plus tard, elle se retrouvait dans l’équipage de ce film atypique et brillant qui l’a menée jusqu’au tapis rouge du Festival du film de Toronto au début de l’automne.

« C’est quoi le rapport ? », s’exclame celle qui, à travers tout cela, a continué à pratiquer son métier d’enseignante au secondaire.

Quand j’ai commencé mon bac en enseignement à Sherbrooke et que je faisais des sketchs dans des bars, je n’aurais jamais pensé que l’impro m’amènerait jusque-là. J’étais vraiment bien avec ça, être prof. Ça m’allait, parce que j’aimais tellement enseigner. J’aime encore tellement enseigner.

Fabiola N. Aladin

Les jeunes aussi, elle les aime – « ça n’a pas de sens à quel point ». Et ce métier qu’elle a choisi, elle veut continuer de le pratiquer tant que ce sera possible. Même si sa carrière décolle, même si c’est parfois de « gros morceaux de vie » en matière d’horaire.

« Mais tout en vaut la peine. Ce n’est pas comme si je me réveillais fâchée. Toutes mes journées, je les ai choisies. »

Tout faire

C’est un peu par hasard que Fabiola N. Aladin a commencé à faire de l’impro à la fin de son secondaire. Pour la jeune fille qui a grandi à Repentigny, dans la couronne nord, cette rencontre avec les arts lui a permis « d’Être avec un E plus majuscule ».

Si elle n’a pas fait d’école de théâtre, c’est que l’enseignement la passionnait tout autant. Mais à 33 ans, quand elle regarde sa vie, elle n’en revient pas de réussir à faire tout ce qui l’intéresse sans être obligée de choisir.

« J’ai la chance ou la malchance d’aimer beaucoup d’affaires, et là, je peux tout faire : écrire, jouer, enseigner, chanter. Je pourrais éclater en sanglots quand j’y pense trop longtemps. Comme si tout s’était mis ensemble pour que je puisse avoir un quotidien à l’image de toutes les choses que j’aime. Mais quelle chance ! »

Une chance aussi de côtoyer plein de nouvelles personnes intéressantes, et d’apprendre chaque jour, entre autres en travaillant avec des comédiens aguerris.

« À côté d’eux, je me sens comme un gros bébé ! »

Mais je pense que les gens respectent la nature différente de mon parcours. Et chaque scène tournée avec ces artistes remplit mon coffre à outils. J’arrêtais pas de dire ça à Steve Laplante pendant Viking : c’était comme une leçon de jeu chaque fois.

Fabiola N. Aladin

Et puis l’impro lui donne d’autres forces, comme cette « réelle écoute de l’autre », et une facilité à s’adapter aux situations.

La suite

Fabiola N. Aladin ne sait pas où elle sera dans trois ans. Mais elle ne manque pas de projets. Au printemps, on la verra au théâtre dans Tony vend des billets chez Duceppe, puis plus tard sur Club illico dans la série Dernier recours de Louis Choquette, avec Pier-Luc Funk et Sarah-Jeanne Labrosse.

Elle espère également trouver du temps pour travailler à la coscénarisation d’un long métrage. Et n’a pas l’intention de quitter le milieu de l’éducation.

« J’ai envie de me présenter comme Fabiola, l’enseignante, comédienne, improvisatrice, et non Fabiola, comédienne, improvisatrice, autrefois enseignante. C’est mon identité, rendu là. J’ai besoin de continuer à être cette personne qui est moi. »