La nouvelle série documentaire évènement de Netflix braque ses projecteurs sur Félix Auger-Aliassime. Break Point, qui sortira vendredi, brosse un portrait flatteur du joueur de tennis québécois et scrute suffisamment son association avec Toni Nadal pour créer quelques moments croustillants.

Émanant des mêmes producteurs que F1 : Drive to Survive, série ayant contribué à populariser la course automobile auprès d’un public plus large, plus jeune et plus diversifié, Break Point décortique la saison de tennis 2022 en suivant une douzaine d’étoiles montantes des circuits masculin (ATP) et féminin (WTA). Félix Auger-Aliassime est l’unique Canadien dans l’objectif des caméramans.

La majeure partie du cinquième épisode est consacrée au champion québécois, alors qu’il participe au tournoi majeur de Roland-Garros. On donne la parole aux personnes qui forment son entourage : son coach Frédéric Fontang, sa mère Marie, sa sœur Malika, son agent Bernard Duchesneau, et Toni Nadal, l’oncle et ancien entraîneur du célèbre Rafael Nadal, qui s’est joint au clan Auger-Aliassime en 2021 comme conseiller.

Aux premiers abords, Toni Nadal donne l’impression d’être un homme direct et sans filtre. Durant un entraînement de FAA, on l’entend même dire à Fontang : « Il joue beaucoup mieux que l’année dernière. L’année dernière, c’était un désastre. »

Les caméras suivent Félix Auger-Aliassime pendant toute la durée de l’épreuve ou plutôt jusqu’à ce qu’il plie bagage contre (alerte au divulgâcheur, bien que l’évènement date de huit mois) Rafael Nadal au terme d’un match chaudement disputé. L’ambiance sonore, la réalisation, les images, le montage… Tout s’arrime parfaitement pour créer un suspense. Et bien qu’en tant qu’amateur de tennis on connaissait l’issue du duel, on s’est quand même laissé prendre au jeu. Mains moites et palpitations cardiaques incluses.

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Félix Auger-Aliassime dans Break Point

Flairant la bonne affaire, l’équipe de Break Point a profité du duel avec Rafael Nadal pour exploiter pleinement la décision « controversée » de Toni Nadal d’assister au match en zone neutre, loin du box du Québécois. Avant l’affrontement, on l’entend même déclarer qu’il veut voir son neveu gagner. On comprend également qu’au cours des jours précédant la rencontre, l’oncle Toni n’a pas dit à Félix, qui paie pourtant son salaire, ce qu’il devait faire pour battre l’Espagnol. Et après l’empoignade, on l’aperçoit tout sourire.

Cette situation a évidemment fait beaucoup jaser. Et Netflix presse fortement le citron.

Devant l’objectif, l’ex-coach de Serena Williams, Patrick Mouratoglou, remet en cause le professionnalisme de Toni Nadal en signalant qu’il n’aurait, personnellement, « jamais fait ça » sous contrat. On nous montre des silences malaisants en coulisses. Et hors champ, on entend des commentateurs déclarer qu’ils seraient surpris que l’association entre FAA et Toni Nadal « survive » à pareil affront. (Aux dernières nouvelles, ils travaillent toujours ensemble.)

Ailleurs, au cours d’un repas où chacun des membres du clan Auger-Aliassime s’efforce de parler anglais bien qu’ils s’expriment individuellement mieux en français (pour les caméras, sans doute), on apprend que Félix n’a aucun souvenir d’une vie sans tennis. Côté humour, sa sœur rappelle une phrase que leur père (et ancien coach) aimait répéter quand ils étaient plus jeunes : « Tu manges tennis, tu bois tennis, tu dors tennis, tu chies tennis. » Bon appétit !

Grand public

La série Break Point a beau s’intéresser aux Matteo Berrettini, María Sákkari, Casper Ruud et autres Taylor Fritz, des joueurs loin du fameux « Big Three » (Roger Federer, Nadal, Novak Djokovic), elle ne s’adresse pas qu’aux mordus de tennis. L’intention de plaire au plus vaste auditoire possible saute aux yeux d’entrée de jeu, surtout lorsqu’on commence à expliquer les règles de base du sport.

Les producteurs ont également retenu les services d’illustres retraités, connus de monsieur et madame Tout-le-Monde, pour commenter l’action, dont Maria Sharapova, Chris Evert, Andy Roddick et Martina Navratilova.

En réalité, les aficionados risquent de s’ennuyer par moments, surtout s’ils suivent l’actualité tennistique avec attention. Les cinq premières heures s’avèrent pauvres en révélations fracassantes.

La série débute d’ailleurs en brossant le portrait de Nick Kyrgios, « bad boy » de l’ATP, qui tente de raviver sa carrière à Melbourne, près des siens, aux Internationaux d’Australie.

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Nick Kyrgios avec sa copine

Le discours de victime incomprise de Kyrgios, joueur bourré de talent qui pète les plombs chaque fois qu’il foule un court, l’amateur moyen l’a entendu des milliers de fois.

Heureusement, Break Point sort parfois des sentiers battus, notamment avec Paula Badosa, qui parle de santé mentale. La Tunisienne Ons Jabeur raconte les difficultés qu’elle a rencontrées pour parvenir au sommet, en tant qu’une des rares femmes du monde arabe au classement mondial. « Les gens pensaient que j’allais devenir une mère au foyer. Ils riaient quand je disais que j’allais gagner des titres importants. »

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Ons Jabeur avec sa mère

Et sans être transcendantes, les séquences qui montrent le couple Ajla Tomljanović-Matteo Berrettini se tirailler à propos du film qu’ils vont regarder au lit dans leur chambre d’hôtel aux allures de soue à cochons divertissent. (La paire a rompu depuis, mais l’histoire ne dit pas s’il faut blâmer le choix de long métrage.)

Les cinq premiers épisodes de Break Point atterrissent sur Netflix vendredi. Les épisodes 6 à 10 seront mis en ligne au mois de juin. Version française offerte.