The Crown a beau défrayer la chronique pour toutes les mauvaises raisons, rien n’y paraissait, mardi à Londres, en conférence de presse. Malgré une tempête médiatique impossible à ignorer, les acteurs du feuilleton royal de Netflix n’ont pas abordé la controverse entourant sa cinquième saison, qui paraît ce mercredi. Du moins, pas directement.

Il faut dire qu’aucune question concernant la polémique n’a été posée aux comédiens qui participaient au rendez-vous en mode virtuel. La Presse avait soumis deux questions. Dans l’une d’elles, on leur demandait s’ils se sentaient comme la véritable famille royale compte tenu de l’attention monstre qu’on leur accorde actuellement. Dans l’autre, on voulait savoir s’ils comprenaient le tollé provoqué par l’arrivée des nouveaux épisodes, à peine deux mois après la mort d’Élisabeth II et l’accession au trône du roi Charles III.

Nos requêtes n’ont malheureusement pas été retenues.

Invités à décrire la pression qu’ils doivent gérer en coulisses, Jonny Lee Miller (qui campe l’ex-premier ministre britannique John Major) et Lesley Manville (princesse Margaret) ont adressé à mots couverts les critiques concernant le travail de l’auteur Peter Morgan, que plusieurs proches du clan royal accusent de trafiquer la vérité et d’induire le public en erreur. « C’est bien de pouvoir raconter leur histoire au-delà des images qu’on a d’eux », a observé Lesley Manville.

C’est un travail que Peter [Morgan] fait avec beaucoup d’empathie, de générosité et d’élégance. Et c’est la raison pour laquelle le public continue de regarder la série. Elle humanise les gens. On comprend mieux ce que leurs vies ont été. Et c’est une bonne chose, avoir davantage de compréhension envers quelqu’un.

Jonny Lee Miller, acteur

Malgré des critiques moins enthousiastes qu’auparavant (The Guardian, Entertainment Weekly et Variety parlent d’une saison en dents de scie), les acteurs ont exprimé leur fierté par rapport au résultat final. « Je suis satisfaite de tout ce qu’on a fait, a déclaré Elizabeth Debicki, qui incarne la princesse Diana. On était tous nerveux. C’est une énorme responsabilité à assumer. Les gens qui regardent la série aiment non seulement la famille royale, ils sont attachés aux comédiens qui jouaient nos rôles avant nous. Il faut donc laisser de l’espace pour tout ça… C’est un processus merveilleux, mais c’est tout un défi. »

Décennie sombre

Cet automne, The Crown nous plonge au cœur des années 1990, une décennie sombre pour Élisabeth II et compagnie. Dans le premier épisode, situé en juillet 1991, la publication d’un sondage du Sunday Times crée des remous à Buckingham Palace. Selon les conclusions du rapport, la reine, perçue comme « déconnectée », « non pertinente » et « franchement vieille », devrait abdiquer en faveur du prince de Galles. Le public, qui voit Charles (Dominic West) comme un homme « énergique », « plein d’empathie » et « moderne », croit qu’il ferait un excellent roi… à condition, bien entendu, qu’il demeure avec Diana, le « principal facteur » derrière sa popularité.

PHOTO KEITH BERNSTEIN, FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Elizabeth Debicki (princesse Diana), Will Powell (prince Harry), Senan West (prince William) et Dominic West (prince Charles)

Cette première heure présente les grondements sourds qui feront – rapidement – tout basculer. Car aussitôt qu’on atteint le deuxième épisode, on amorce le chapitre Andrew Morton (Andrew Steele), le journaliste derrière la biographie explosive de Diana, à laquelle la princesse a secrètement participé, malgré les ordres du château. « Ils savaient qui était Diana, qu’elle était vulnérable, qu’elle avait connu une enfance difficile et qu’elle avait besoin de sécurité, de réconfort et d’amour. Mais est-ce qu’ils lui en ont donné ? Non. Ils lui ont donné l’inverse », déclare Morton.

Entièrement consacré à Mohamed Al-Fayed (Salim Daw), cet homme d’affaires égyptien déterminé à entrer dans l’orbite royale britannique, le troisième épisode montre la première rencontre entre le fils aîné du milliardaire, Dodi Al-Fayed (Khalid Abdalla), et Diana. Les deux deviendront amants quelques années plus tard, jusqu’à ce qu’ils périssent ensemble dans un accident de voiture à Paris.

Des coachs

The Crown demeure une série de prestige. Lors de la rencontre de presse, les acteurs ont révélé qu’ils avaient recouru aux services de plusieurs types de coachs (voix, mouvements) pendant qu’ils tournaient la cinquième saison.

Pour sa part, Imelda Staunton, qui campe la reine Élisabeth II après Claire Foy (saisons 1 et 2) et Olivia Colman (saisons 3 et 4), a salué l’équipe derrière la caméra. « Je tournais une scène hier et c’était extraordinaire l’attention accordée aux détails pour mon déjeuner. Et c’est comme ça dans chaque département : costumes, coiffures, accessoires… Personne n’est comme : ‟Oh, c’est correct, ils ne vont rien remarquer.” Tout doit toujours être parfait. »

PHOTO KEITH BERNSTEIN, FOURNIE PAR LA PRODUCTION

La distribution de The Crown

Selon Jonathan Pryce, qui défend le rôle du prince Philip, la famille royale britannique continue de fasciner le public parce que, contrairement aux autres familles royales d’Europe, ses membres ne vivent pas comme monsieur et madame Tout-le-Monde. « Leur travail, c’est d’être la famille royale, a commenté le comédien. Il y a une sorte de mystère qui enveloppe tout ça. »

The Crown 5 sur Netflix. La sixième saison est actuellement en tournage.