Chaque village a ses rumeurs. À Stanstead, on parle d’une réunion des Beatles qui aurait eu lieu à la bibliothèque municipale. À Saint-André-de-Kamouraska, il est question d’une bombe atomique qui aurait explosé au-dessus du fleuve en 1950. Dans la série Secrets de villages, Luis Oliva parcourt le Québec afin de trouver le fond de vérité derrière une foule d’histoires parfois incroyables.

Des séries qui promettent de dévoiler la vérité, toute la vérité, derrière des crimes irrésolus ou des phénomènes inexpliqués, il en existe des tonnes. Luis Oliva lui-même en regarde beaucoup. « Je suis souvent déçu, admet le comédien et animateur de Secrets de villages. On n’en apprend jamais beaucoup, en fin de compte dans ces séries-là, on n’a pas de réponse. »

Secrets de villages, présentée à Historia, n’est pas une série d’enquêtes. Luis Ovila ne s’y donne pas le mandat de trouver coûte que coûte la vérité qui se cache derrière les rumeurs qui bruissent dans les villages du Québec.

On essaie quand même d’aller au fond des choses, on se demande d’où viennent ces histoires-là.

Luis Oliva

La nuance est capitale : ne pas être certain de découvrir la vérité ne l’empêche jamais de s’approcher de la source d’une rumeur. Et d’y jeter un éclairage intéressant. Ainsi, à Stanstead, il se rend à la bibliothèque municipale pour découvrir s’il est vrai ou non que les Beatles ont planifié de s’y rencontrer afin de prévoir leur retour ensemble.

La bibliothécaire de l’époque affirme qu’une discussion en ce sens a bel et bien eu lieu. L’emplacement de la bibliothèque, carrément construite sur la frontière canado-américaine, donne un certain poids à la rumeur : John Lennon, qui ne pouvait pas sortir des États-Unis, et Paul McCartney, qui ne pouvait pas y entrer, auraient en effet pu se retrouver au même endroit au même moment sans avoir à franchir un poste de douane.

Plus loin, à Highwater, Luis Oliva s’intéresse aux travaux de Gerald Bull, expert en balistique qui a créé un énorme canon et qui a été assassiné à Bruxelles en 1990. Peut-être par les services secrets israéliens… Toujours près de la frontière américaine, à Frelighsburg, il fait le portrait de Conrad Labelle, contrebandier d’alcool considéré comme le bras droit de nul autre qu’Al Capone dans ce coin du pays au début des années 1920.

PHOTO FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Luis Oliva, les deux pieds sur la frontière canado-américaine qui traverse la bibliothèque municipale de Stanstead

Trois « secrets » sont explorés dans chacun des dix épisodes de la série, qui a été tournée dans huit régions du Québec, dont l’Abitibi, la Montérégie, le Bas-Saint-Laurent et les Cantons-de-l’Est. « Ce que j’aime le plus dans ce projet-là, c’est de voir la lumière dans les regards des gens, leur fierté qu’on mette la lumière sur ces histoires-là, raconte l’animateur. C’est tout le temps super touchant. »

Luis Oliva se trouve aussi souvent devant des gens qui ont été très proches des fameux secrets qu’il cherche à éclaircir. L’ancien député Paul Crête est à l’écran pour confirmer la rumeur voulant qu’une bombe atomique ait explosé devant Saint-André-de-Kamouraska. Les meurtres confirmés et présumés de celui qu’on surnommait le docteur L’Indienne sont racontés par celui qui habite l’ancienne maison de l’assassin… où il a découvert des traces de sang.

« Les gens qu’on a rencontrés, qu’ils soient conteurs ou historiens, sont bien au fait des histoires et de l’histoire de leur région, se réjouit l’animateur. Et la passion des interviewés pour les histoires qu’ils racontent est aussi intéressante que les histoires elles-mêmes. »

Secrets de villages offre un vaste éventail d’histoires : certaines frisent la légende, d’autres prennent leur source dans des serments d’amitié ou des évènements historiques. Il en est ainsi, entre autres, de Putainville, endroit qui a existé près de Malartic à l’époque de la ruée vers l’or. Ces secrets de villages, même les plus gonflés par la rumeur, ont tous un fond de vérité.

Et c’est ce qui fait l’intérêt de cette série bien menée, où les secrets sont bien racontés et qui plante dans nos têtes des images auxquelles on va inévitablement repenser si on passe près de Highwater, de Kamouraska ou de Pointe-des-Cascades. « Il y a de bonnes histoires partout au Québec, croit Luis Oliva, il suffit de trouver les bonnes personnes pour les raconter. »

Dès mercredi, 21 h 30, sur Historia