La comédienne Catherine Chabot avait les larmes aux yeux, mercredi, lors de l’annonce des détails entourant La candidate, la nouvelle série d’Isabelle Langlois. Non pas à cause des pépins techniques qui plombaient la conférence Zoom de Radio-Canada, mais parce qu’il s’agit du premier rôle principal qu’elle décroche au petit écran.

Dans cette comédie inédite de l’auteure de Rumeurs, Mauvais karma et Lâcher prise, l’actrice défendra le personnage d’Alix Mongeau, une mère de famille monoparentale débordée qui, pour aider un vieil ami du secondaire (Olivier Gervais-Courchesne) devenu conseiller politique, accepte de poser sa candidature aux élections provinciales dans une circonscription où — soi-disant — elle n’a aucune chance de gagner.

Mais contre toute attente, la technicienne en pose d’ongles remporte le scrutin.

Précipitée dans l’arène politique sous la bannière du PPDQ (Parti Progrès et Démocratie du Québec), la pauvre doit soudainement apprendre les rudiments d’un métier dont elle ne sait rien et pour lequel elle n’a aucun intérêt.

Réalisée par Sébastien Gagné (Lâcher prise, Nuit blanche) et produite par Groupe Encore (Les beaux malaises, Fugueuse), La candidate sera présentée en primeur sur ICI Tou.tv Extra en 2023. Elle atterrira ensuite sur ICI Télé, confirme le diffuseur. La première saison comptera 10 épisodes d’une heure. Les tournages débuteront lundi.

Tout le monde a envie de jouer les mots d’Isabelle [Langlois]. C’est l’une des plus grandes, sinon la plus grande dialoguiste du Québec. Je suis une fan d’elle depuis Fripe et Pouille. Je l’admire depuis longtemps.

Catherine Chabot

La comédienne, qu’on a pu voir au cinéma l’été dernier dans Lignes de fuite — qu’elle a coécrit et coréalisé —, est particulièrement émue d’apparaître au sommet du générique d’une série d’Isabelle Langlois. Et pourtant, son curriculum vitæ compte une autre série de l’auteure chevronnée : Lâcher prise. On parle toutefois d’une autre catégorie de rôle : un rôle muet qu’elle avait décroché quelques années après être sortie du Conservatoire d’art dramatique de Montréal. Son mandat consistait essentiellement à « lancer des tomates à Emmanuel Schwartz », mais son tir manquait de précision et l’une d’elles avait frappé l’assistante-réalisatrice en pleine poire.

« J’étais très stressée et impressionnée ! se rappelle la comédienne. Dans l’équipe de Sébastien [Gagné], je suis connue comme la fille qui avait garroché la tomate ! »

La candidate mettra également en vedette Noé Lira (qui jouera la meilleure amie coiffeuse d’Alix), Inès Talbi (qui campera la whip du parti politique chargée de soutenir Alix), Christian Bégin, Éric Bernier, Geneviève Brouillette, Hugo Dubé, Isabelle Vincent, Louis Champagne, Geneviève Alarie et Patrick-Emmanuel Abellard. Fait à noter, l’ex-ministre péquiste Maka Kotto y tiendra également un rôle.

Inspiré par Ruth Ellen Brosseau

Isabelle Langlois ne s’en cache pas : La candidate est « en partie » inspirée du parcours de Ruth Ellen Brosseau, cette célèbre candidate poteau du NPD, ancienne gérante adjointe de bar, que l’irrésistible vague orange avait propulsée au Parlement lors des élections fédérales de 2011. Malgré un départ cahoteux qui laissait présager une courte carrière politique, la jeune femme qui parlait à peine français a réussi à s’illustrer à Ottawa. Durant sa carrière, elle a hérité de plusieurs titres d’importance, dont celui de présidente du caucus national.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

La scénariste Isabelle Langlois

L’auteure se souvient d’une entrevue entre Ruth Ellen Brosseau et Jean-René Dufort à Infoman en 2019, après sa défaite dans Berthier-Maskinongé.

« J’ai trouvé son parcours formidable et j’ai trouvé qu’il y avait quelque chose à raconter. Mais j’ai créé une histoire, j’ai écrit des personnages, j’ai créé un parcours », insiste la scénariste, qui révèle s’être également inspirée de deux documentaires : Nos élus, une récente série de Télé-Québec qui brossait le portrait de députés d’arrière-ban, et Chers électeurs, un long métrage de Manuel Foglia datant de 2008.

Isabelle Langlois a écrit La candidate sans jamais entrer en contact avec Ruth Ellen Brosseau. Selon ses propres dires, l’auteure n’avait pas envie de « contaminer son processus créatif ». « J’aurais eu peur qu’on me prête des intentions de moquerie, alors que ce n’est pas ça pantoute. J’ai trouvé son parcours vraiment formidable ».

Pour sa part, Catherine Chabot décrit Alix Mongeau comme une femme intelligente, mais peu instruite (street smart) dotée d’un front de bœuf.

« Quelque chose en elle me parle beaucoup. Je sais qui elle est. Je l’aime avec mes tripes. Je sens que je vais vivre un parcours initiatique mémorable. »