Son nom est inscrit tout en haut de l’histoire de la navigation. Magellan, l’ambitieux explorateur qui a lancé le premier tour du monde en bateau, fait l’objet d’une série documentaire présentée à TV5 qui marie ingénieusement prises de vue réelles et animation.

Se lancer dans une exploration maritime à l’ère des « grandes découvertes », c’était se lancer dans l’inconnu. Christophe Colomb cherchait la route des Indes vers l’ouest lorsqu’il s’est buté à l’Amérique. La carte du monde connu s’étoffait au fil des expéditions et l’appétit des couronnes européennes pour le dominer grandissait au même rythme.

L’extraordinaire périple de Magellan replonge dans cette époque fascinante, qui a marqué le monde et dont les traces subsistent encore aujourd’hui.

De ces explorations ont en effet découlé des mouvements de colonisation qui ont redessiné la carte du monde et le trafic d’esclaves à grande échelle.

Séparée en quatre épisodes, la série s’attarde d’abord à la vie de Magellan et au contexte dans lequel il élabore son plan pour trouver, au sud du Brésil nouvellement découvert, une route qui le mènerait aux Moluques, archipel faisant aujourd’hui partie de l’Indonésie, où se trouvait une épice rare, le clou de girofle.

IMAGE TIRÉE DE LA SÉRIE L’EXTRAORDINAIRE PÉRIPLE DE MAGELLAN, FOURNIE PAR TV5

La série documentaire le souligne sans trop s’y attarder : le commerce des épices était l’un des principaux moteurs de ces explorations audacieuses. Ces aromates occupaient une place à part dans l’économie et pouvaient servir de monnaie d’échange, pratique qui serait à l’origine de l’expression « payer en espèces ».

Une entreprise périlleuse

Le cadre historique planté, la série se concentre sur la figure de Magellan. Elle peint le portrait d’un soldat dévoué et d’un navigateur aguerri qui sera déçu par le peu de reconnaissance que lui témoigne le souverain portugais pour les services qu’il a rendus. Ce qui l’incite à proposer à la couronne voisine, l’Espagne, de prendre possession en son nom du fameux archipel des Moluques.

Magellan lèvera l’ancre en avril 1519 à la tête d’une flotte de cinq navires et environ 240 marins, et le voyage qui sera raconté s’appuie sur la chronique d’un des hommes à bord, l’Italien Antonio Pigafetta. Déjà périlleuse sur papier, son expédition devient vite menaçante : les capitaines espagnols fomentent une mutinerie avant même que les bateaux ne passent l’embouchure du Guadalquivir, qui donne sur l’Atlantique.

Le récit lent, mais fort intrigant, jongle habilement entre les deux fronts sur lesquels Magellan doit se battre : il doit, d’une part, affronter les mers déchaînées et s’enfoncer dans l’inconnu, et d’autre part, faire face à la dissidence d’une partie de ses équipages.

La narration donne un ton à la fois épique et solennel au documentaire et aux exploits réalisés par les marins, dont environ 30 seulement survivront à l’expédition. Magellan lui-même, mort aux Philippines, n’en verra pas le bout.

IMAGE TIRÉE DE LA SÉRIE L’EXTRAORDINAIRE PÉRIPLE DE MAGELLAN, FOURNIE PAR TV5

L’extraordinaire périple de Magellan s’appuie sur des « têtes parlantes » qui contribuent à donner toute la démesure de l’expédition en cours, des qualités de navigateurs requises pour la mener à bien et apportent les éléments historiques nécessaires à bien comprendre les jeux de coulisses.

La série se démarque toutefois tout particulièrement par une astuce esthétique : l’utilisation ingénieuse de séquences animées pour reproduire ce qu’il conviendra d’appeler des « scènes d’époque ». Ce recours au dessin ne fait pas seulement donner vie à Magellan et aux tempêtes qu’il affronte, il donne aussi de l’élan à une série autrement classique dans sa forme, malgré son sujet fascinant.

Dès lundi, 20 h, à TV5