Marie-Lyne Joncas a beau s’être construit un personnage de fille de party toujours prête à lever le coude, la réalité est tout autre. Sa définition du bonheur, c’est être dans son salon à 17 h, la télécommande à portée de main pour « écouter ses émissions ».

Aussi étonnante soit-elle, la révélation de l’humoriste valide notre choix de plage horaire pour mener l’entrevue : en plein cœur de l’après-midi, histoire qu’elle ait suffisamment de temps pour répondre à toutes nos questions et rentrer chez elle pour l’heure du souper. « Je suis une vieille personne », affirme la principale intéressée, sans broncher.

Le lendemain, au téléphone, Ève Côté, sa complice des Grandes Crues, confirmera ses paroles en affirmant qu’elles sont « capables d’être matantes la semaine ».

La confession de Marie-Lyne Joncas surprendra particulièrement les 100 000 personnes ayant assisté au spectacle des Grandes Crues, un two-women show judicieusement intitulé Su’l gros vin qu’elles traînent depuis 2018 et dans lequel elles s’enfilent des consommations alcoolisées à vitesse grand V.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Marie-Lyne Joncas et Ève Côté, qui forment le tandem humoristique Les Grandes Crues, en 2018

Mais durant notre rencontre au ludique Pastel Rita, café-boutique du quartier Mile End, à Montréal, l’étoile montante dévoile au grand jour son côté casanier entre deux gorgées de café – et non d’un vin nature figurant au menu.

Je ne suis pas une fille qui veut être à Sept-Îles un mardi. Ou qui veut aller roder un numéro à L’Abreuvoir un mercredi. Partir en char avec deux techniciens, me maquiller à 19 h 15 avant d’aller sur scène et devoir faire 10 heures de route le lendemain, ce n’est pas ça qui me fait triper.

Marie-Lyne Joncas

En d’autres termes, Marie-Lyne Joncas n’a plus envie des tournées de longue haleine. Après celle des Grandes Crues, qui s’achèvera en décembre prochain, elle n’imitera pas Ève Côté en entreprenant sa propre aventure en solo… à moins qu’elle puisse se déplacer par téléportation.

« J’adore être sur scène. C’est l’horaire qui m’emmerde. En fait, je pourrais faire de l’humour tous les jours… si c’était dans une salle à Montréal de midi à 13 h. »

Version non édulcorée

Marie-Lyne Joncas n’a pas accepté notre invitation pour parler de cocooning, mais pour promouvoir sa nouvelle émission sur Noovo. Dès aujourd’hui, elle prend les rênes du Fabuleux printemps de Marie-Lyne, un rendez-vous quotidien de 30 minutes dans lequel elle interviewe des personnalités de différents domaines. Le tout entrecoupé de segments auxquels participe une brochette éclectique de huit collaborateurs : ses fidèles complices Ève Côté et Sacha Bourque, les humoristes Mona de Grenoble et Preach (« un gars d’opinion qui n’a peur de rien »), les acteurs Geneviève Schmidt (« la plus grande comique du Québec ») et Félix-Antoine Tremblay, le rappeur Samian (« un homme fascinant ») et l’animatrice Marie-Josée Gauvin (« une passionnée de musique »).

Marie-Lyne Joncas discute avec beaucoup d’enthousiasme de l’émission, d’autant qu’elle vient d’en avoir un avant-goût.

« J’étais vraiment stressée. J’étais comme : “Tout d’un coup que ce n’est pas ma couleur ?” Je fais super confiance à l’équipe, mais j’ai quand même un ton qui grafigne, qui dépasse parfois la ligne. J’avais peur qu’il soit coupé au montage. J’avais peur d’être édulcorée ! Mais j’ai regardé les deux premiers épisodes, et c’est exactement moi. C’est drôle, c’est punché, c’est niaiseux, c’est imparfait… Je capote ! »

IMAGE SACHA BOURQUE

Marie-Lyne Joncas (au centre) et ses collaborateurs du Fabuleux printemps de Marie-Lyne

Une facette plus douce

Le fabuleux printemps de Marie-Lyne est produit par ToRoS, la boîte de production de Julie Snyder, avec qui l’humoriste entretient une relation de confiance depuis OD+ en direct en 2017.

« Un jour, Julie est venue me voir et elle m’a dit : “Tu me fais tellement penser à moi quand j’étais jeune ! Ton côté fofolle, coloré…” J’ai vite senti qu’avec elle, je pouvais être totalement moi-même. »

Julie a la réputation d’être quelqu’un de très intense au travail. C’est une fille qui sait ce qu’elle veut, et des fois, ça dérange des gens. On est pareilles là-dessus. Moi aussi, je sais ce que je veux. Et comme elle, je peux avoir un côté ultra-vulnérable malgré ma carapace de femme forte.

Marie-Lyne Joncas

Cette facette plus douce, Marie-Lyne Joncas l’expose – en partie, du moins – lorsqu’elle parle de Guy Ménard, son beau-père. Ce dernier est entré dans sa vie alors qu’elle avait 5 ans, après qu’elle eut perdu son père à cause d’un accident d’auto quelques années plus tôt. En 2021, elle est officiellement devenue sa fille, au terme d’une procédure d’adoption. Et l’hiver passé, elle a signé la préface de Parti courir – Chroniques pandémiques, son premier livre paru aux Éditions Victor et Anaïs. Tous les profits serviront à soutenir la recherche d’un traitement du myélome multiple, type de cancer qu’il a contracté.

« Guy a tellement une belle plume, dit-elle. Ça mérite d’être un best-seller tellement c’est bon. »

Le rêve suprême

Marie-Lyne Joncas a grandi au Saguenay–Lac-Saint-Jean, puis en Montérégie. Elle a étudié le théâtre au cégep de Saint-Hyacinthe avant de s’inscrire, lors du printemps érable de 2012, à l’École nationale de l’humour.

« J’étais en communication à l’UQAM. On était en grève. Je n’avais rien à faire. Je travaillais dans un bar. J’avais zéro envie de faire du stand-up, mais je trouvais ça cool d’apprendre toutes les bases de l’humour. Je me disais qu’après, j’allais pouvoir écrire des séries, faire des mises en scène et jouer. »

Sa rencontre avec Ève Côté a changé sa trajectoire. Mais aujourd’hui, avec Le fabuleux printemps de Marie-Lyne, elle sent qu’elle s’approche de l’objectif qu’elle s’était fixé en début de carrière.

« Je rêve encore d’avoir un talk-show de fin de soirée comme Marc Labrèche, François Morency et Julie Snyder. Un late night show d’une heure par jour pour moi. J’ai eu plein de bons commentaires quand j’ai remplacé Julie Snyder [à La semaine des 4 Julie] cette année. Mais ce n’était pas mon projet. Je conduisais le bateau de quelqu’un d’autre. Le fabuleux printemps de Marie-Lyne, c’est mon affaire. C’est la plus belle porte d’entrée. »

Mais dans l’éventualité où elle décrocherait son propre talk-show de fin de soirée, comment l’animation d’une telle émission s’accorderait-elle avec son désir de passer ses soirées peinardes chez elle ? « Je finirais à 22 h, je prendrais mon char, pis je serais chez moi à 22 h 15 ! », lance-t-elle.

Un été « calme »… ou presque

Une fois les 10 semaines du Fabuleux printemps de Marie-Lyne terminées, Marie-Lyne Joncas aimerait louer une décapotable et sillonner les routes de l’Italie avec Ève Côté.

« En amitié, Marie-Lyne est très présente », confie l’autre moitié des Grandes Crues, à l’autre bout du fil. « Elle a son franc-parler, mais elle a beaucoup d’écoute. Elle pense beaucoup aux autres. »

Le reste de l’été, Marie-Lyne compte le passer dans Lanaudière, où elle possède un chalet, un quai et, surtout, des herbes fraîches qu’elle aime regarder pousser.

« J’ai décidé de prendre ça calme », assure l’humoriste, juste avant d’indiquer qu’elle enregistrera « quelques petits trucs pour Occupation double avec Sacha Bourque » et qu’elle souhaite avancer l’écriture d’un scénario de comédie romantique « edgy » avec deux amis. Le tout sans mentionner la vingtaine de représentations des Grandes Crues inscrites à l’agenda.

Bref, le divan devra attendre.

Noovo présente Le fabuleux printemps de Marie-Lyne du lundi au jeudi à 18 h 30. L’animatrice démarrera la saison avec Rémi-Pierre Paquin, Christian Bégin, Mariana Mazza et François Arnaud. Marie-Lyne Joncas pilote également la troisième saison des Génies de la vitesse, qui commence ce lundi à 21 h sur Z.