Pour la première fois, un superhéros tiré des bandes dessinées intègre l’Univers cinématographique Marvel (MCU) avec sa propre série sur Disney+et non au grand écran. Dans Moon Knight, Oscar Isaac incarne le vengeur au costume blanc ainsi que les autres personnalités qui habitent sa tête. Explications, car c’est un peu compliqué.

L’origine

IMAGE TIRÉE DU SITE DE MARVEL

Moon Knight volume 1, lancé en 1980

Créé par Doug Moench et Don Perling en 1975, Moon Knight souffre d’un trouble dissociatif de l’identité. Ainsi, différentes personnalités habitent son corps. Lorsqu’il est Marc Spector, il est un mercenaire sous l’emprise du dieu égyptien de la lune, Khonsou (Khonshu, chez Marvel). Ramené à la vie par ce dernier, Marc est devenu le bourreau terrestre de celui qui est aussi le dieu de la « juste vengeance ». Le costume et la cape de Moon Knight ne donnent pas de pouvoirs particuliers à Marc, qui est tout de même habile de ses poings, fort agile et très tolérant à la douleur. La violence et l’humour noir occupent d’ailleurs une place importante dans les BD. Steven Grant est quant à lui un milliardaire qui finance les opérations de Moon Knight. Il y a aussi Jake Lockley, un chauffeur de taxi, puis Mr. Knight, qui agit parfois comme consultant des forces policières.

L’adaptation

PHOTO FOURNIE PAR MARVEL STUDIOS

Oscar Isaac joue à la fois Steven Grant et Marc Spector dans la série Moon Knight.

Transposer plus de 40 ans de délires dessinés au petit écran n’était pas une mince tâche. La Presse a pu visionner quatre des six épisodes de Moon Knight et constaté que le scénariste Jeremy Slater (les séries The Umbrella Academy et The Exorcist) et son équipe ont modifié passablement d’éléments de la BD. Le changement le plus significatif concerne Steven Grant. Il n’est pas un riche homme d’affaires — probablement pour éviter les fréquentes comparaisons entre Moon Knight et Batman —, mais plutôt un Britannique maladroit, égyptologue, qui travaille à la boutique de souvenirs d’un musée de Londres. « J’adore l’humour britannique ! Je me suis imaginé ce qu’aurait fait Peter Sellers si on lui avait demandé de prendre part à un projet de Marvel », a raconté Oscar Isaac lors d’une rencontre virtuelle à laquelle La Presse a assisté. Khonshu (dont la voix est celle de l’excellent F. Murray Abraham) déteste lorsque Steven, « l’idiot », est celui qui contrôle le corps qu’il partage avec Marc Spector, mais lui accorde quand même le pouvoir de porter le costume de Mr. Knight, qui le protège du danger. Il n’hérite toutefois pas des talents pour le combat de Moon Knight.

La distribution

PHOTO FOURNIE PAR MARVEL STUDIOS

Ethan Hawke incarne Arthur Harrow.

Oscar Isaac brille dans ses rôles multiples. L’acteur, qu’on a entre autres vu dans Dune et Inside Llewyn Davis, s’est inspiré de comédiens britanniques, dont Karl Pilkington, et a « étudié les différents accents de la communauté juive de Londres » pour créer Steven Grant. « Ce n’était pas seulement l’accent, mais sa timidité et son désir de se rapprocher des autres sans trop savoir comment faire que je recherchais », a précisé Oscar Isaac en rencontre de presse. Celui-ci a convaincu son voisin Ethan Hawke de se joindre à l’aventure. Le Texan, habitué des films indépendants, incarne ici Arthur Harrow, qui est à la tête d’un culte voué à la déesse Ammit (Ammout, en français). « Il existe un nombre incalculable d’histoires dans lesquelles le méchant souffre d’une maladie mentale. Ici, le héros est celui qui a une maladie mentale, alors, comme antagoniste, je devais incarner une force malveillante, mais saine d’esprit », a expliqué Ethan Hawke. May Calamawy, une actrice aux racines palestiniennes et égyptiennes, complète le trio en tête d’affiche. Son personnage de Layla El-Faouly, grandement inspiré de Marlene Alraune des BD, est la débrouillarde femme de Marc Spector. Sans surprise, leur relation est très compliquée.

La réalisation

PHOTO GABOR KOTSCHY, FOURNIE PAR MARVEL STUDIOS

May Calamawy et Oscar Isaac dans une scène qui se déroule en Égypte

Le cinéaste égyptien Mohamed Diab réalise les deux tiers des épisodes, alors que le duo de Justin Benson et Aaron Moorhead s’occupe des autres. Peu importe qui est derrière la caméra, on retrouve une bonne dose d’humour, un suspense haletant et de l’action spectaculaire. On pense à Indiana Jones et à Tomb Raider, surtout pour les scènes en Égypte. Fidèle aux comics, Moon Knight frappe aussi plus fort que la plupart des superhéros de Marvel et reçoit plus de coups. On navigue également avec beaucoup plus d’incertitudes qu’à l’habitude. Les intentions de Khonshu sont-elles si nobles ? Comment deux personnes peuvent-elles mener des vies si différentes dans un même corps ? Dans quelle tête sommes-nous réellement ? Pour Mohamed Diab, qui tourne habituellement de petits films davantage politiques situés au Moyen-Orient, Moon Knight était, d’une part, l’occasion de raconter l’histoire d’« une personne normale qui découvre que son autre identité est celle d’un superhéros ». « L’autre aspect qui m’a vraiment séduit est la partie égyptienne du récit. En tant qu’Égyptien, nous sommes souvent montrés d’un point de vue orientaliste dans lequel nous sommes exotiques et déshumanisés. Avec le personnage de Layla, je voulais montrer que nous sommes des humains comme les autres. Je voulais aussi montrer la véritable Égypte, car 90 % du temps, ce n’est pas celle que l’on voit. »

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