En plein déménagement, après une année intense marquée par la pandémie et une fausse alerte de cancer, Julie Snyder aborde la rentrée déterminée à prendre plus de temps pour elle. Tout un défi pour ce bourreau de travail habitué à rouler à plein régime. Nous avons passé une journée avec elle. Alors, plus zen, Julie ? Elle y travaille.

Quand l’entourage de Julie Snyder nous a assuré que « Julie était dans le lâcher-prise », on a un peu souri intérieurement.

Cette femme n’a jamais connu qu’une seule vitesse, la plus élevée. En deux ans, après avoir frôlé la faillite, elle a relancé son entreprise de zéro. D’une seule émission au départ – Occupation double –, elle est passée à huit productions qui seront toutes à l’antenne à l’automne. Si elle connaît autant de succès, c’est entre autres parce qu’elle ne compte pas ses heures et qu’elle veille à chaque détail. Et elle aurait changé ?

C’est donc un peu sceptique qu’on s’est présentée chez elle mercredi dernier. À l’heure où certains n’ont pas encore pris leur deuxième café, il y avait déjà de l’effervescence dans la grande demeure outremontaise. Coiffeur, maquilleur, caméraman, attaché de presse, productrice, assistant… sans compter l’efficace Mannica, qui préparait les repas pour toute l’équipe de tournage. Disons que ça bourdonnait dans l’immense rez-de-chaussée où on trouve, çà et là, des meubles, des cadres appuyés contre les murs, des rouleaux de papier d’emballage et des boîtes de carton ouvertes qui jonchent le sol. Le jour du déménagement approche à grands pas et, soyons honnête, il reste encore beaucoup de ménage à faire.

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L’équipe se prépare pour une journée bien remplie dans la cuisine de la maison d’Outremont de Julie Snyder.

Au beau milieu de cette agitation, Julie Snyder apparaît, franchement rayonnante. Cheveux plus blonds, teint éclatant, regard reposé : la productrice et animatrice de La semaine des 4 Julie est rentrée des Îles-de-la-Madeleine la veille. C’est dans sa maison de L’Étang-du-Nord qu’elle a passé une bonne partie de l’été en mode mi-travail mi-vacances, à faire du ski nautique, de la planche à pagaie et même du yoga avec sa fille Romy. « Avant, tu ne m’aurais jamais vu faire du yoga au bord de la plage, lance-t-elle en riant. Jamais, jamais, jamais… »

Une frousse qui fait réfléchir

Depuis le début de la pandémie, comme nombre d’entre nous, Julie Snyder a pris conscience de deux ou trois choses assez fondamentales. La première : la vie est fragile. Il faut dire qu’elle a eu très peur, l’automne dernier, lorsqu’elle est allée au CUSM passer son test de dépistage du cancer des ovaires (sa mère a succombé à ce cancer silencieux en 2018). « J’ai testé super positif au cancer du côlon, nous révèle l’animatrice. Tellement que le médecin m’a envoyée passer un scan pour voir si je n’avais pas de métastases ailleurs… »

Les médecins ont ensuite soupçonné quelque chose au sein. Julie Snyder a donc subi une biopsie, en janvier dernier. « Il n’y a pas grand monde qui était au courant, mais j’animais mon talk-show le soir et, le jour, je passais des tests, dit-elle. J’ai été scannée du menton aux genoux. Finalement, j’étais un rare cas de faux positif. »

Soulagée, Julie a accepté d’être porte-parole de DOvEE, un projet de recherche du CUSM pour détecter plus tôt le cancer des ovaires, pour lequel elle s’est engagée à recueillir un quart de million de dollars. Mais cette grande frousse a aussi renforcé la volonté de la productrice de changer de mode de vie.

Je veux me prioriser davantage comme femme, comme amoureuse. J’ai réalisé l’an dernier, en revenant des vacances, que je ne voulais plus vivre dans l’intensité et le stress. J’ai beaucoup de choses à faire pour y arriver, et la première, c’est de vendre la maison et de déménager.

Julie Snyder

Un train d’enfer

Le jour de notre rencontre, l’horaire de Julie Snyder est super rempli : conférence de presse virtuelle pour présenter sa nouvelle émission, entrevues téléphoniques avec des journalistes, réunion de production pour son talk-show qui reprend l’antenne sur Noovo le 13 septembre…

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Julie Snyder répond aux questions des journalistes pendant la conférence de presse virtuelle de Canal Vie.

Quelques minutes avant la conférence de presse, Madeleine Cantin lui présente un épisode d’Escouade poilue, émission absolument bouleversante qu’elle a produite et réalisée pour Canal Vie, et qui met en vedette l’intervenante en zoothérapie Anne-Caroline Coutu. Julie Snyder nous jure qu’elle découvre le produit fini en même temps que nous. « Avant, j’aurais supervisé chaque détail, reconnaît-elle, mais j’apprends à déléguer. »

Ce désir de se délester et de se dégager plus de temps est au cœur de sa nouvelle émission, Le jour J, qui prendra l’antenne mercredi prochain sur Canal Vie. L’idée de produire une émission de type téléréalité dans laquelle on suivrait son déménagement est née quand la chanteuse Marie-Mai est venue présenter sa propre émission de rénovation à La semaine des 4 Julie. « Elle m’avait fait une surprise en venant boucher un trou dans ma maison à mon insu, raconte Julie Snyder. C’était super drôle et je me suis dit que ce serait tout aussi drôle de faire un show sur mon déménagement. »

Mais Le jour J aura une twist plus humaine qu’une simple émission de déco. L’animatrice y parlera aussi des changements profonds qu’elle souhaite mettre en place dans sa vie personnelle. Gageons que beaucoup s’identifieront à cette volonté de profiter d’un déménagement pour prendre un nouveau départ et, dans certains cas, se libérer du passé. L’animatrice a-t-elle hésité avant de s’exposer de la sorte et de faire entrer les gens dans son intimité et celle de ses enfants ? « Je leur en ai parlé et ils ont décidé d’embarquer », affirme la mère de deux ados, Romy et Thomas, âgés de 12 et 16 ans.

C’est sûr qu’il y a du monde qui va me juger en disant, c’est trop ceci ou trop cela, mais c’est ça, ma vie, et c’est ça, mon métier. Tu ne peux pas plaire à tout le monde et je m’assume.

Julie Snyder

Une nouvelle adresse aux Îles

Il est 14 h et Julie a à peine le temps de s’asseoir pour manger une bouchée. Charles Lemay, directeur des communications des deux entreprises de la productrice (les Productions J et les productions ToRoS) – et qu’elle a rebaptisé le « gardien du temps » –, lui rappelle qu’elle n’a toujours pas pris sa pause pour aller faire son jogging.

  • Julie Snyder fait le ménage et classe des souvenirs. Dans les prochains jours, elle quittera une immense maison de 10 000 pieds carrés pour s’installer dans un condo de 2500 pieds carrés.

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    Julie Snyder fait le ménage et classe des souvenirs. Dans les prochains jours, elle quittera une immense maison de 10 000 pieds carrés pour s’installer dans un condo de 2500 pieds carrés.

  • À mesure que le jour J du déménagement approche, la maison se vide. En attendant, d’emménager dans son nouveau condo, Julie Snyder dort sur un matelas posé sur le sol.

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    À mesure que le jour J du déménagement approche, la maison se vide. En attendant, d’emménager dans son nouveau condo, Julie Snyder dort sur un matelas posé sur le sol.

  • Un dernier coup de chiffon avant que les déménageurs ne partent avec le piano, qui s’en va dans la chambre de Romy, fille de Julie Snyder, dans le nouveau condo.

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    Un dernier coup de chiffon avant que les déménageurs ne partent avec le piano, qui s’en va dans la chambre de Romy, fille de Julie Snyder, dans le nouveau condo.

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Après quelques coups de téléphone et une séance photo avec La Presse, on se déplace vers le nouveau condo où l’équipe du Jour J va tourner la réaction de Julie lorsqu’elle découvrira l’avancée des travaux pendant qu’elle était aux Îles.

Le contraste entre les deux demeures est saisissant. D’une maison centenaire aux multiples recoins et aux planchers qui craquent, on arrive dans un condo moderne, lumineux et épuré. On a confié l’aménagement et la décoration à trois designers : Jacinthe Piotte, à qui on doit les très beaux décors des restaurants LOV, est responsable des pièces communes – cuisine, salle à manger, salon ; Valérie Morisset a décoré la chambre et la salle de bain de Julie ; et Taktik Design a supervisé la déco des espaces des enfants, qui occuperont l’étage inférieur.

Tout le condo est baigné de lumière grâce aux immenses fenêtres et, comme on est chez une femme qui aime la fantaisie, les designers en ont saupoudré un peu partout.

  • Julie Snyder découvre le décor de son nouveau condo.

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    Julie Snyder découvre le décor de son nouveau condo.

  • Dans le nouveau salon de Julie Snyder, on retrouve les meubles mid century qui ont appartenu à sa mère. Dans la vitrine de la bibliothèque, la designer Jacinthe Piotte a disposé des objets qui appartenaient à la grand-mère de Julie.

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    Dans le nouveau salon de Julie Snyder, on retrouve les meubles mid century qui ont appartenu à sa mère. Dans la vitrine de la bibliothèque, la designer Jacinthe Piotte a disposé des objets qui appartenaient à la grand-mère de Julie.

  • Julie étant Julie, la voilà debout sur la table de la salle à manger, entourée de l’équipe de tournage de l’émission Le jour J, pour observer de plus près l’installation végétale conçue par la firme Vertuose.

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    Julie étant Julie, la voilà debout sur la table de la salle à manger, entourée de l’équipe de tournage de l’émission Le jour J, pour observer de plus près l’installation végétale conçue par la firme Vertuose.

  • Dans le hall d’entrée du nouveau condo de Julie Snyder, une création composée de fleurs en tissu de l’artiste Jannick Deslauriers accueille les visiteurs.

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    Dans le hall d’entrée du nouveau condo de Julie Snyder, une création composée de fleurs en tissu de l’artiste Jannick Deslauriers accueille les visiteurs.

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« J’ai décidé de mettre l’argent sur les œuvres d’art plutôt que sur les meubles », lance la nouvelle propriétaire, qui nous invite à admirer les fleurs en tissu suspendues dans le hall d’entrée, les lampes brodées de laine et une imposante sculpture végétale au-dessus de la table de la salle à manger. À travers tout ça, on retrouve les meubles mid century de sa mère ainsi que des objets ayant appartenu à sa grand-mère. L’ensemble est doux, une bulle apaisante qui fait l’effet d’un sas de décompression.

Julie Snyder réussira-t-elle sa quête de temps et de paix intérieure ? L’animatrice et productrice compte en tout cas passer encore plus de temps aux Îles, où sa société de production vient d’acheter le petit Hôtel de la Grave, dans l’île du Havre Aubert. Son équipe pourra y loger lors des tournages ou encore se réunir pour faire du développement ou se ressourcer. La femme d’affaires travaille aussi à un autre projet « complètement en dehors du monde médiatique », dont elle ne peut parler pour l’instant.

« Les changements que j’opère ne sont pas seulement extérieurs, affirme-t-elle avec conviction, ce n’est pas juste la déco et le condo. C’est aussi physique et psychologique. Je le dis haut et fort parce que je sais que j’ai besoin d’être surveillée et ramenée à l’ordre. Je veux que ces changements s’inscrivent dans la pérennité. »

Le jour J, à Canal Vie, le mercredi, 20 h, dès le 25 août