C’est assez cruel et injuste de juger Noovo Le fil sur la foi du seul bulletin diffusé lundi à 17 h. Car mettre un aussi gros paquebot à l’eau nécessite plusieurs ajustements avant d’atteindre la vitesse de croisière désirée.

Allons-y avec indulgence et commençons avec le positif : l’animatrice Noémi Mercier. Elle est excellente, bien préparée, conviviale et chaleureuse. Visiblement, elle a trouvé sa place chez Noovo.

Les petits bémols, maintenant. Noémi Mercier a trop interrompu le premier ministre François Legault pendant l’entrevue de type hot seat, clairement inspirée par sa mentore Marie-Louise Arsenault.

Ça devenait agaçant et intense. Par contre, sa question sur les deux fils adultes de François Legault a donné une impulsion différente — et agréable — à cet entretien. J’en aurais pris davantage.

Autre aspect à débattre : était-ce nécessaire d’avoir autant d’effets de caméra dans cet entretien serré de 12 minutes ? Non. En plus de révéler qu’il s’occuperait personnellement du dossier de la violence contre les femmes, François Legault a répété son nouveau mot préféré : pissou. Les pissous qui insultent sur les réseaux sociaux, les pissous qui s’en prennent aux femmes. L’image restera, c’est clair.

Noovo Le fil ressemble davantage à un magazine d’actualités qu’à un bulletin d’information. Lundi soir, la première demi-heure a entièrement été consacrée à la violence familiale. C’était risqué comme choix éditorial. Et ça augmente considérablement le risque de décrochage.

À 17 h, en plein cœur du tourbillon de l’heure du souper, qui dispose d’assez de temps pour regarder une émission plus lente comme Noovo Le fil ? C’est la grande question à laquelle tout le monde tente de répondre. Toutes les hypothèses sont bienvenues.

En studio, les deux analystes du jour (Martine St-Victor et Yves Boisvert, mon collègue à La Presse) ont été pertinents et éclairants. Leurs échanges avec Noémi Mercier coulaient de source. Le reportage sur la maman de Wendake, dont les deux garçons ont été assassinés en octobre, était touchant.

Comme je le mentionnais précédemment, Noovo Le fil définira sa personnalité dans les semaines à venir. Parfois, on croirait regarder Rad (allô le topo sur les tatoueurs). Parfois, on croirait être au bulletin de Pierre Bruneau à TVA avec la lecture des manchettes en rafale.

Parfois, ça fait professionnel. Parfois, ça fait amateur. Et il faut se parler du décor, en terminant. Ça manque d’envergure. On y sent les collaborateurs à l’étroit. Il faudra aussi régler les problèmes de bruit ambiant.

Maintenant que la glace est enfin brisée, laissons ce gros bateau voguer. Ça serait étonnant qu’il reste coincé dans un canal de Suez.

Costaud Tout le monde en parle

Excellent épisode de Tout le monde en parle dimanche soir, qui n’a jamais aussi bien porté son nom. L’entrevue de rédemption de Denis Coderre ou la réplique de Jacynthe René aux méchants médias (soupir !), l’émission a été pertinente et rythmée du début à la fin, vraiment.

PHOTO FOURNIE PAR RADIO-CANADA

Anaïs Favron

Ce qui a beaucoup fait jaser, également, c’est l’invitation lancée à Anaïs Favron pour seconder Guy A. Lepage, cinq semaines après la démission de Dany Turcotte.

Anaïs Favron, une humoriste vive et allumée, a commencé fort en affirmant être « toujours prête pour un suicide professionnel ». Bien envoyé. Elle s’est bien débrouillée dans cette formule en direct et sans public pour s’esclaffer après chacun de ses gags.

Pas certain, par contre, des blagues sur le poids de Denis Coderre. « Il y a un éléphant dans la pièce et ce n’est plus Denis », a blagué Anaïs Favron avant l’interview avec l’ex-maire de Montréal, ou plutôt ce qu’il reste de lui, a-t-elle précisé.

Si un homme avait prononcé les mêmes paroles à propos d’une femme en surpoids qui a maigri, il aurait été exécuté sur les réseaux sociaux. La question à choix multiples qu’Anaïs Favron a posée à Claude Dubois venait contrebalancer le côté plus fan de Guy A. Lepage. Il n’y avait rien de méchant là-dedans. Même qu’il fallait revenir sur ces moments moins glorieux de la carrière du chanteur de 73 ans. Sinon, les accusations de complaisance auraient arrosé le grand plateau de Radio-Canada.

Maintenant, Anaïs Favron décrochera-t-elle le poste de « folle du roi » de façon permanente ? Pas nécessairement.

Ce qu’on veut, c’est essayer différentes choses. Après 17 ans, on a une opportunité, on se donne le droit de voir ce que ça donne. Pour le moment, on n’a appelé personne pour dimanche qui s’en vient.

Guillaume Lespérance, producteur de Tout le monde en parle

Il reste encore huit émissions originales de Tout le monde en parle avant la pause estivale. Qui verriez-vous dans le fauteuil de Dany Turcotte ? Ce travail requiert de la répartie, un sens du punch, une bonne connaissance de l’actualité et une grosse carapace anti-trolls.

Le dernier épisode de Tout le monde en parle a été vu par 912 000 curieux. À TVA, le gala de Star Académie a intéressé 1 285 000 fans, suivi de Vlog (968 000), qui a chatouillé la barre magique du million de téléspectateurs. Sur Noovo, 608 000 personnes ont assisté à l’éviction de l’humoriste Richardson Zéphir, apprécié de tous dans la maison.

Qui verriez-vous dans le fauteuil de fou du roi qu’occupait Dany Turcotte à Tout le monde en parle ? > Envoyez-nous vos suggestions