Un souper presque parfait entame cet automne sa 10e saison. Dix ans de repas plus ou moins réussis, de moments de malaise, de candidats drôles, attachants ou extravagants. Dix ans de narration aussi. Entretien avec celui qui rythme ces soupers de ses commentaires depuis le tout début, André Ducharme.

Comment l’émission Un souper presque parfait est-elle arrivée au Québec ?

Le concept original, Come Dine With Us, vient d’Angleterre. Il a été repris dans une vingtaine de pays. On est arrivés cinq ans après le lancement en Angleterre. […] Quand le producteur Guillaume Lespérance m’a proposé l’animation, j’ai dit non. La téléréalité ne m’attirait pas tant. Il m’a donné des épisodes à écouter des versions anglaise et française. Après ça, je lui ai dit que je ne lui parlerais plus jamais s’il donnait la narration à quelqu’un d’autre.

Qu’est-ce qui fait qu’Un souper presque parfait fonctionne si bien ?

Il n’est pas question de former des couples ou de mettre des gens dans un environnement fermé. On allait complètement ailleurs. Le fait que ce soit des personnes différentes chaque semaine, c’est le fun.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK D’UN SOUPER PRESQUE PARFAIT

Scène d’Un souper presque parfait

Si tu ne tripes pas sur les candidats, la semaine d’après, ça recommence. Au-delà de la nourriture, ce qui est intéressant, c’est ce qui se passe entre les cinq personnes. La cuisine est importante, mais accessoire. La narration est aussi une grande différence. Elle ajoute quelque chose.

Quel ton avez-vous voulu donner à travers la narration ?

La narration française était plus dans le sarcasme, la moquerie. Moi, j’avais tripé sur la version britannique, dans l’humour flegmatique. On fait plus dans ce genre-là. Depuis le début, on voulait que les participants trouvent ça drôle.

En 10 ans, qu’est-ce qui a dû être adapté ?

Par rapport à la narration, on a développé le dialogue avec le participant. C’est quelque chose qui n’était pas dans la version originale. Ce sont de faux dialogues, mais beaucoup de gens pensent que je suis vraiment là, alors que je n’ai aucun contact avec les participants lors des tournages.

Quel est le principal défi du narrateur ?

En tant que narrateur, je suis pris avec la situation. On me donne le montage et je dois trouver une façon de rendre ça le fun pour tout le monde. 

Comment les candidats sont-ils choisis ?

Certains sont bons en cuisine, d’autres veulent faire les clowns. Ça prend des gens extravertis. Parfois on tombe sur des gens qui perdent les pédales. Dans ces cas-là, il faut les disqualifier. C’est arrivé deux ou trois fois. […] Des appels sont passés régulièrement et vu que le public se renouvelle, les candidatures aussi. On commence à avoir des gens de 18-19 ans qui disent que leur « rêve », c’était de participer à Un souper.

De votre côté, vous semblez toujours être passionné par votre rôle de narrateur.

Oui. Ça fait 10 ans et c’est une méchante job. Mais je ne m’en plains pas. Je ne suis pas du genre à me tanner. Et quand je n’y trouverai plus mon compte, je ne m’acharnerai pas.

Quelques anecdotes…

Un moment particulièrement marquant ?

Il y a déjà eu une descente de police pendant un enregistrement à Repentigny. Le candidat de la veille avait raté son souper et avait voulu faire un gag en se présentant avec une cagoule. Les voisins l’ont vu et ont remarqué les camionnettes blanches de l’équipe de tournage. Ils ont pensé assister à une invasion de domicile. L’escouade policière a fait sortir tout le monde de la maison les mains en l’air.

Des candidats que vous avez particulièrement appréciés et pourquoi ?

On a eu 1500 participants. J’en ai rencontré plusieurs par la suite. On a une page Facebook privée depuis la deuxième année où tous les participants se retrouvent. J’ai déjà été invité à souper par certains. […] Je ne peux pas dire qu’ils sont devenus des amis, mais je garde des liens avec plusieurs d’entre eux. On s’écrit.

Une recette que vous avez refaite ?

Ça m’arrive souvent de refaire des recettes. J’ai découvert certains plats que je ne connaissais pas, comme la joue de bœuf. J’ai aussi découvert la cuisine sous vide. Astheure, j’ai une machine chez nous.

Une recette vraiment ratée ?

Un participant avait dit qu’il était chef et quand est venu le temps de son souper, tout venait de cannes et de sauces en poudre. Mais il s’est présenté avec une toge et son nom brodé dessus ! […] Dans les classiques des repas ratés, on a eu la soupe à la tortue.

Que serviriez-vous à votre souper presque parfait ?

Je ne suis pas un assez bon cuisinier. J’aurais sûrement un 7 et je perdrais. Je ferais un ceviche en entrée, que j’essaierais de pimper. Ensuite des joues. Et en dessert, des verrines. Ce n’est pas compliqué et ça a l’air impressionnant. […] Mais je ne pourrais jamais participer. Si je perds, je n’ai plus de crédibilité. Si je gagne, on va penser que c’est arrangé.