Le suicide de l'héroïne au dernier épisode de 13 Reasons Why ne surprendra personne: la série de Netflix s'annonce d'emblée comme une incursion dans l'univers de l'intimidation qui mènera à cette fin tragique. Mais c'est la représentation très explicite du suicide qui a choqué plusieurs téléspectateurs pourtant prévenus de cette issue dramatique.

Certains experts ont estimé que la scène tend à insuffler une dose de romantisme au geste ultime. Des écoles secondaires aux États-Unis ont même envoyé une lettre aux parents et aux éducateurs pour les prévenir.

Mais les créateurs de la série n'en démordent pas: le geste devait être représenté dans sa plus franche brutalité. Le scénariste Brian Yorkey, qui a adapté le roman de Jay Asher, soutient que les créateurs ont tenu absolument à ne pas «glorifier» le suicide: ils voulaient à tout prix représenter justement le geste dans toute son horreur, avec aussi ses effets dévastateurs sur ceux qui restent.

Netflix a offert les 13 épisodes de la série en bloc, le 31 mars dernier, et des experts en prévention du suicide ont craint qu'une écoute en rafale ne permette pas aux adolescents de bien digérer les enjeux et de poser les questions qui s'imposent. Ils auraient aussi aimé que les coordonnées d'organismes de type Tel-aide apparaissent périodiquement à l'écran.

Selon Phyllis Alongi, directrice clinique à la Société américaine pour la prévention du suicide chez les jeunes, «il est bien connu que la représentation explicite du geste n'est pas recommandée». Elle comprend la position des créateurs de la série, mais elle estime qu'on doit faire preuve de responsabilité.

Netflix rappelle que les créateurs se sont entourés de plusieurs professionnels en santé mentale et qu'on offre en prime a la série un segment documentaire de 30 minutes, «Au-delà des raisons», sur l'intimidation, la dépression et les agressions sexuelles, avec les acteurs, les producteurs et des spécialistes.

La docteure Helen Hsu, psychologue californienne qui a participé à la création de 13 Reasons Why, rappelle que les experts ne s'entendent pas sur les risques de «contagion» lorsque l'on montre un suicide. D'autant plus que les jeunes peuvent déjà trouver facilement sur internet de nombreux sites qui «montrent comment faire», rappelle la docteure Hsu. Par contre, il faut montrer selon elle la douleur du geste et les ravages qu'il cause.