L'un des acteurs les plus brillants de sa génération pour incarner l'un des esprits les plus brillants de la littérature? Benedict Cumberbatch en Sherlock Holmes, c'était élémentaire! Et brillant.

La distribution

Sherlock Holmes est un as du déguisement et il trouve le plus formidable des caméléons en Benedict Cumberbatch. D'autant que ce dernier bénéficie d'un format idéal pour s'éclater: chaque série (il y en a quatre à ce jour) ne comporte que trois épisodes (c'est peu!), mais chacun dure 90 minutes (c'est merveilleux). Assez pour que l'acteur et le personnage prouvent, chaque fois, la justesse de cette formidable description que Holmes fait de lui-même: «Je ne suis pas un héros, je suis un sociopathe hautement fonctionnel.» À ses côtés, Martin Freeman fait merveille en ce John Watson qui n'est pas qu'un faire-valoir: il y a une faille dans ce médecin qui est allé au front en Afghanistan et qui n'en est jamais tout à fait revenu.

L'écriture

Il y a eu, il y a et il y aura encore beaucoup d'adaptations des aventures de Sherlock Holmes. Actuellement, on pense aux longs métrages de Guy Ritchie, avec Robert Downey Jr. dans le rôle-titre (dont un troisième volet est dans l'air), ou à la série mainstream Elementary, portée par Jonny Lee Miller. Mais Sherlock est dans une classe à part. Outre sa distribution, ce qui la distingue est le brio de son écriture, tant dans les intrigues que dans les dialogues. Ainsi, si chaque épisode (ils sont tous signés par Mark Gatiss, Steven Moffat ou Stephen Thompson) se tient par lui-même, il offre un supplément de pertinence à quiconque connaît l'oeuvre et l'esprit de Conan Doyle - car les deux sont respectés, à travers les situations actualisées et transposées aujourd'hui.

L'image et le son

Visuellement, chaque épisode de Sherlock apporte ses surprises grâce aux différentes techniques utilisées pour rehausser ce qui se passe à l'écran (ou dans la tête des personnages, celle de Sherlock en particulier). Le contenu des textos se promène dans l'image, même chose pour les déductions que Sherlock tire en observant un client ou un suspect. Et puis, il y a le travail sur la lumière dans les scènes nocturnes (elles sont nombreuses), les ralentis, le bullet time, etc. David Arnold et Michael Price ont pour leur part créé un thème aussi bizarre que la série. Enfin, aussi bizarre - et un peu bancal - que la série peut le sembler au premier abord. Puis, on se familiarise avec l'un et l'autre, et de l'ensemble émerge une beauté particulière et unique.

La finale

Le dernier épisode de la quatrième saison, The Final Problem, a été reçu de façon mitigée. Impossible d'en dire beaucoup sans jouer les divulgâcheurs, mais disons que Holmes y trouve un adversaire digne de lui. Un adversaire qui n'est pas Moriarty et qui, à travers les épreuves qu'il soumet à Sherlock, permet une incursion dans le passé de l'homme. On comprend un peu mieux comment et pourquoi Sherlock est devenu Holmes. Et cela mène à des secondes finales à la fois douces et amères. Mais qui pourraient servir de tombée de rideau sur la série : Moffat et Gatiss ont annoncé qu'ils avaient défini les grandes lignes de la cinquième saison (pour laquelle Cumberbatch a signé) mais qu'ils ignoraient encore si elle serait produite.

Les trois premières saisons de Sherlock sont offertes sur Netflix. La quatrième devrait l'être l'été prochain.

Photo fournie par BBC

Benedict Cumberbatch, Martin Freeman et Mark Gatiss