La comédie Les Beaux malaises a, de nouveau cette année, dominé la soirée des 30e Prix Gémeaux, alors que 19-2 confirmait une popularité couronnée d'un 29e trophée.

Claude Legault a récolté un premier prix pour l'interprétation de l'agent Ben Chartier. 19-2 a par la suite été sacrée meilleure série dramatique saisonnière, tel qu'il convient désormais de la nommer aux Gémeaux.

Au total, la série policière a cumulé 29 prix Gémeaux, une moyenne de 9,6 trophées par saison, a souligné en voix off le commentateur de la soirée, Paul Houde, qui fournissait faits et statistiques sur les gagnants.

Il a aussi noté avec justesse que Les Beaux malaises cumulait cette année 18 nominations. La comédie en a gagné neuf, soit meilleure comédie, meilleur premier rôle féminin pour Julie Le Breton, et meilleur premier rôle masculin pour son créateur, Martin Matte.

Macha Grenon a marqué le public cette année en incarnant une mère malade dans Nouvelle adresse et sa performance a été soulignée par le prix du meilleur premier rôle féminin dans une série dramatique saisonnière. Touchée, celle-ci a remercié le public qui a bien accueilli cette histoire, qui «faisait peur à tout le monde, à moi la première».

La Voix a obtenu le prix de la meilleure série de variétés ou des arts de la scène. Le succès de cette émission n'était pas à prouver, avec ses quelque deux millions de téléspectateurs à chaque semaine, mais la productrice Julie Snyder a indiqué que des 58 pays où est diffusé The Voice, «c'est le Québec qui obtient, de loin, la meilleure part de marché au monde».

Le retour de Productions J et des émissions de Fabienne Larouche aux Gémeaux s'est avéré payant. Unité 9 et 30 vies ont respectivement raflé les prix de la meilleure série dramatique annuelle et de la meilleure série dramatique quotidienne.

Le comédien Éric Paulhus a gagné un prix d'interprétation pour son rôle de Romain dans Les argonautes. En récoltant son prix, il s'est porté à la défense de la télévision jeunesse, soulignant la disparition probable de son émission, «malgré l'amour des jeunes et des parents pour la série, malgré les cotes d'écoute».

«La longévité en télé tient du miracle maintenant», a ajouté celui qui, ironiquement, devient un immortel des Gémeaux, ayant gagné trois trophées en trois nominations.

Si on le croit, Jean-René Dufort est donc un miraculé, lui qui en est à sa 16e saison d'Infoman. Trophée de la meilleure animation, de la meilleure recherche et de la meilleure série humoristique en poche, le brigadier de la politique-spectacle a affirmé que recevoir le Gémeaux d'animateur équivalait à remettre «la Coupe Stanley au préposé aux bâtons».

Réconciliation

Dès le numéro d'ouverture, les animateurs Véronique Cloutier et Éric Salvail ont souligné qu'il s'agissait du «grand gala de la réconciliation», puisque s'y trouvaient les productrices Julie Snyder et Fabienne Larouche, qui boycottaient depuis de nombreuses années le gala de l'Académie canadienne du cinéma et de la télévision. Pour appuyer ce thème, Michèle Richard et Serge Laprade ont été réunis sur scène pour la première fois depuis des années, pour chanter le thème de Garden Party.

Or, Mme Larouche et sa compagnie de production Aetios traversent une crise alors que les techniciens de Ruptures ont récemment quitté le plateau, encouragés par leur syndicat, pour protester contre leurs conditions de travail.

Des blagues ont bien été faites sur les conditions de travail et les coupes budgétaires dans l'industrie de la télévision, mais seul Martin Matte a abordé directement cet épineux dossier. «On fait des grosses journées (...) mais quand on coupe et qu'on impose un rythme qui met en danger la santé des techniciens et des comédiens, c'est inacceptable pis il faut se le dire.»

Juste assez ironiquement, Fabienne Larouche a présenté le prix qui a suivi. Un beau malaise?

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Les animateurs Véronique Cloutier et Éric Salvail ont souligné qu'il s'agissait du «grand gala de la réconciliation».