Pour avoir embelli des souvenirs d'Irak datant de 2003, le présentateur vedette de la chaîne de télévision NBC, Brian Williams, a été suspendu mardi pour six mois sans salaire, un coup de tonnerre dans le paysage audiovisuel américain.

Brian Williams, 55 ans, qui présentait les journaux du soir de NBC depuis 2004, était jusqu'au début du mois l'un des présentateurs les plus célèbres des États-Unis, extrêmement respecté. Il avait renouvelé son contrat en décembre avec NBC News, désormais payé quelque 10 millions de dollars par an.

Sa suspension est en vigueur immédiatement, a annoncé mardi soir la présidente de NBC News Deborah Turness dans un mémo interne, ajoutant qu'il ne serait pas payé durant ces six mois.

Lors de son journal du 30 janvier, Brian Williams, qui en est aussi le rédacteur-en-chef, avait affirmé à l'antenne qu'un hélicoptère dans lequel il voyageait en Irak en 2003 avait été attaqué au lance-roquettes. Il avait déjà raconté une histoire similaire en 2013 à l'humoriste de télévision David Letterman.

La version de l'incident s'était embellie au fil des ans: en 2003, Brian Williams avait en effet expliqué: «À terre, nous avons appris que le Chinook devant nous avait presque explosé en plein ciel».

«Brian a déformé des événements qui s'étaient produits lorsqu'il couvrait la guerre en Irak en 2003. Il est ensuite devenu clair que, dans d'autres occasions, Brian avait fait la même chose en racontant cette histoire. Il a eu tort, c'était complètement inapproprié pour quelqu'un dans la position de Brian», a écrit Deborah Turness, qui a ajouté que la chaîne avait aussi «un souci avec des commentaires tenus en dehors de NBC News, alors que Brian parlait de son expérience sur le terrain».

Après le journal du 30 janvier, des militaires avaient mis en doute la version des faits racontée par le présentateur. Un pilote avait affirmé que l'hélicoptère transportant le journaliste en Irak se trouvait au moins à 30 minutes derrière celui visé par les tirs. Les réseaux sociaux s'étaient enflammés.

Excuses contreproductives

Brian Williams avait alors présenté ses excuses à l'antenne le 5 février, affirmant avoir fait une «erreur».

«J'étais dans un appareil qui suivait», avait reconnu le présentateur du journal regardé en moyenne par plus de 9 millions de personnes chaque soir. «J'ai fait une erreur en rapportant cet événement d'il y a 12 ans».

Il avait ensuite expliqué sur Facebook avoir «mélangé» les deux appareils.

Beaucoup n'avaient pas cru en sa bonne foi, doutant qu'on puisse se tromper sur le fait d'avoir essuyé des tirs de lance-roquettes. Ses aveux n'avaient fait qu'attiser les doutes sur sa crédibilité, certains commentateurs estimant qu'il ne pourrait pas survivre à la tempête médiatique.

NBC avait ouvert une enquête en interne, et Brian Williams avait annoncé samedi dernier qu'il se retirait volontairement de l'antenne «pour les prochains jours».

Alors que cette enquête se poursuit, le PDG du groupe NBC Universal Steve Burke a eu des mots très durs pour celui qui est le visage de l'info sur NBC, et génère des dizaines de millions de dollars de publicité par an.

«Par ses actions, Brian a mis en danger la confiance que des millions d'Américains placent dans NBC News. Ses actions sont inexcusables et cette suspension est sévère et appropriée», a écrit Steve Burke à la fin du mémo.

Il a cependant ajouté que Brian Williams lui avait fait part «de ses profonds remords. Il veut regagner la confiance de tous», a-t-il ajouté, évoquant une «seconde chance».

Cette suspension intervient alors que les chaînes de télévision américaines luttent pour garder leur audience des journaux du soir depuis plusieurs années.