Les patrons de Radio-Canada demeurent optimistes pour l'avenir du diffuseur public, malgré le contexte difficile de compressions qu'ils traversent.

Le vice-président principal des services français de Radio-Canada, Sylvain Lafrance, a pris la parole, mardi, devant l'Académie canadienne du cinéma et de la télévision, tout comme son homologue de CBC, Richard Stursberg.

«On en a passé beaucoup des crises, en 74 ans, et on s'est toujours adaptés», a lancé M. Lafrance à son auditoire du milieu du cinéma et de la télévision.

Il a même refusé de blâmer directement le gouvernement conservateur pour les présentes compressions budgétaires et suppressions de postes à Radio-Canada, rappelant que celles-ci étaient dues à la baisse des revenus et à une augmentation des dépenses, non à une décision du gouvernement. Il a souligné, toutefois, que le gouvernement fédéral a refusé à Radio-Canada la marge de manoeuvre et la souplesse financière qui lui auraient permis de ne pas se retrouver dans cette situation de comprimer ses dépenses et son personnel.

«Dans ce cas-ci, les difficultés financières ont beaucoup de sources et ce ne sont pas des sources gouvernementales», a-t-il souligné aux journalistes, au cours d'une rencontre après son allocution.

MM. Lafrance et Stursberg n'ont pas non plus baissé les bras devant la possibilité de convaincre un jour le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) d'accorder aux télévisions généralistes des redevances d'abonnement au câble, tout comme les chaînes spécialisées. Ils comptent revenir à la charge à ce sujet dès septembre devant le CRTC.

M. Lafrance a d'ailleurs fait de l'accès à ces redevances d'abonnement l'une de ses quatre «conditions gagnantes» du développement du diffuseur public. Les trois autres sont le financement pluriannuel de Radio-Canada, le Fonds régional de production et les critères du nouveau Fonds des médias.

Fonds des médias

Sur ce dernier point, M. Lafrance s'est dit inquiet. Il craint que les critères de sélection du nouveau Fonds des médias tiennent trop compte du succès d'écoute aux dépens de critères comme le caractère distinct d'une émission.

«Ce serait extrêmement dangereux» si la sélection des émissions financées était basée sur les cotes d'écoute plutôt que la diversité, a opiné M. Lafrance.

«Moins de diversité, ça veut dire moins de force dans le système, ça veut dire moins de qualité dans le système, dans mon esprit. Pas parce que les émissions populaires ne sont pas de qualité, mais parce qu'un système de qualité, c'est un système qui a une offre très large, une offre très diversifiée», a-t-il commenté.