Non, vous n’avez pas la berlue : voici un nombre impressionnant de personnes rassemblées sur la place des Festivals qui vous invitent à entrer dans leur microcosme. Vous vous y reconnaîtrez peut-être au passage.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Pas moins de 75 personnes participent au spectacle, qui tient plus de l’organisation collective spontanée que des pas de danse chorégraphiés. Des danseurs amateurs d’âges, de morphologies et d’origines de tout horizon ont auditionné pour prendre part à cette expérience hors du commun.

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D’abord immobiles, les dos se courbent, les genoux ploient, les corps s’échoient par terre. Tranquillement, un mouvement s’opère ; contaminés l’un par l’autre, les interprètes commencent à se mouvoir dans l’espace. Leurs regards se croisent, les immobilisent, ils se toisent sans ciller avant de reprendre leur trajectoire.

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Dans le grand carré formé sur la place des Festivals, les mouvements se forment, organiques, véritables essaims portés par une énergie vibrante, nerveuse. Frontale, la marche devient latérale, se meut en course circulaire. À travers la foule, des corps tombent à la renverse, sans filet. D’autres se précipitent pour les attraper et les déposer lentement au sol.

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Un grand mouvement en spirale finit par agglutiner les interprètes en son centre. C’est la fin d’un cycle. Quelques instants plus tard, le groupe sera traversé par les rires et l’hilarité, dans une euphorie collective qui mènera à une autre course plus chaotique, où les corps s’élancent dans tous les sens.

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Plutôt que d’opposer individualité et collectivité, Multitud fait la démonstration que la somme de toutes nos singularités est ce qui tisse le monde dans lequel nous vivons, que de leurs expressions peut naître une forme de communion. La différence devient ici l’élément unificateur, et c’est ce qui rend la pièce particulièrement poétique, et certainement teintée d’une consonance politique.

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Puisque ce sont des danseurs amateurs, on pourrait penser que Multitud offre somme toute une partition simple et peu exigeante, mais c’est loin d’être le cas. L’investissement et le lâcher-prise des interprètes, physique, mais aussi dans la vulnérabilité à laquelle ils doivent accéder, sont impressionnants.

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En 1 h 30, l’œuvre présente un concentré de la société, des forces vives qui l’animent, l’élèvent, l’abaissent, la distendent. Ce n’est pas une chorégraphie de masse, mais une « danse des relations », explique la chorégraphe dans un entretien sur le site du FTA. L’image est juste. Pour notre part, c’est surtout l’expérience humaine qu’elle fait vivre –– aux spectateurs, mais aussi aux interprètes - que nous en retiendrons.

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Multitud est présenté à la place des Festivals à nouveau ces 24 et 25 mai, dès 21 h.