Les Grands Ballets Canadiens offrent une très belle lecture de La dame aux camélias, tout en élégance et en finesse.

Le roman d’Alexandre Dumas fils raconte la tragique histoire d’amour entre la courtisane Marguerite Gauthier et le jeune bourgeois Armand Duval. Le chorégraphe canadien Peter Quanz a choisi d’illustrer les grandes étapes de cette passion avec trois excellentes interprètes pour le rôle de Marguerite. Rachele Buriassi se montre brillante dans un premier tableau, alors que Marguerite et Armand éprouvent un amour sincère l’un pour l’autre et se réfugient à l’écart de la société.

Dans un deuxième tableau, le jeu d’Anya Nesvitaylo est empreint de subtilité et de détresse alors que Marguerite accepte de quitter Armand, à la demande du père de ce dernier, pour mettre fin au scandale d’une telle liaison. Enfin, Maude Sabourin est particulièrement émouvante lorsque Marguerite se voit isolée, abandonnée, alors que la tuberculose la condamne.

Peter Quanz leur offre une chorégraphie classique, romantique, mais il ouvre la porte à une danse de facture plus contemporaine dans les transitions, alors qu’un narrateur (interprété spectaculairement par le danseur Célestin Boutin) reprend les mots d’Alexandre Dumas fils pour exprimer les états d’âme d’Armand.

Il y a quand même dans la chorégraphie quelques moments de gaieté, et même d’humour, pour alléger le propos.

Le chorégraphe s’est fait généreux à l’égard des danseurs, qu’il s’agisse des solistes ou des membres du corps de danse, en leur donnant l’occasion de faire valoir leur talent. Cela entraîne toutefois à l’occasion quelques longueurs.

La musique, essentiellement des pièces de compositrices comme Lili Boulanger, Louise Farrenc, Fanny Mendelssohn et Clara Schumann, colle parfaitement bien au récit. Le chorégraphe fait un choix particulièrement éclairé en plaçant le piano sur la scène, près des danseurs. La pianiste Rosalie Asselin se trouve ainsi à jouer un rôle direct dans la production.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Deux des danseurs lors des répétitions

Les costumes d’Anne Armit ajoutent au romantisme de l’ensemble. Les tenues des danseuses sont évidemment très belles, qu’elles soient éthérées ou ornementées, selon le contexte. Mais ce sont surtout les vêtements des messieurs qui enchantent par leur élégance. Vestes, redingotes, hauts-de-forme, les danseurs ont fière allure.

Un dernier tableau, plus onirique, ferme la production. Les trois Marguerite se retrouvent au seuil de la mort, dans une chorégraphie particulièrement touchante. Chacune disparaît littéralement sous nos yeux, dans un procédé astucieux.

L’histoire de La dame aux camélias a été reprise à maintes reprises au cinéma et sur scène. Plusieurs grands chorégraphes ont proposé leur lecture du roman d’Alexandre Dumas fils. La chorégraphie de Peter Quanz et la prestation des danseurs des Grands Ballets peuvent prendre place fièrement aux côtés de ces productions.

La dame aux camélias

La dame aux camélias

Les Grands Ballets Canadiens

À la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, du 19 au 28 octobre

8/10