C’est dans la soirée du 30 juin que le volatile d’acier a officiellement déployé ses ailes pour une épopée en sons et lumière qui sera présentée jusqu’au 4 septembre au Massif de Charlevoix. À bord des télésièges de la station, transformés en immense carrousel nocturne, les spectateurs du Vol de l’Oiseau mécanique ont survolé la forêt à hauteur de cimes sur un parcours de 6 km, unique au monde.

L’épais brouillard des derniers jours s’est dissipé à temps pour ce soir de première. Le voyage fantastique s’ouvre sous un ciel étoilé, au sommet de la montagne, où se terre le « nid » de l’Oiseau de fer. La descente s’amorce au crépuscule, à bord d’une gondole aérienne d’où défilent les paysages spectaculaires de ce coin de pays fait de montagnes, de forêts et d’eaux grandes comme la mer. Les lumières des villages environnants s’y confondent avec les étoiles et les hordes de lucioles.

En apesanteur, transporté par la musique onirique de Philippe Brault, qui magnifie l’expérience et le rythme, notre oiseau file vers le fleuve. Quelques effets sonores – craquements et cris d’animaux – accompagnent cette envolée à flanc de montagne qui débute en douceur. Le premier émoi de ce segment de 10 minutes a lieu au pied de la montagne, tandis que la bête plonge dans le Saint-Laurent, frôlant au passage les poissons et cétacés de lumière.

De la base de la montagne, les spectateurs poursuivent le périple à pied, lanterne à la main, dans des sentiers animés qui conduisent à la seconde portion du voyage, deux fois plus longue que la première. C’est dans cette remontée que se concentrent la plupart des tableaux de lumière, projetés au ciel ou au sol, et que s’enchaînent les « oh ! » et les « ah ! » à bord du télésiège #27.

Certaines réalisations sont particulièrement saisissantes, notamment la traversée de faisceaux lumineux et l’ombre de l’oiseau rasant la falaise. La magie opère.

Un immense manège

  • Segment en télésiège du Vol de l’Oiseau de mécanique, dans lequel se concentrent la plupart des tableaux de lumière.

    PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, LA PRESSE

    Segment en télésiège du Vol de l’Oiseau de mécanique, dans lequel se concentrent la plupart des tableaux de lumière.

  • Le concept est déployé sur près d’une heure.

    PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, LA PRESSE

    Le concept est déployé sur près d’une heure.

  • De la base de la montagne, les spectateurs poursuivent le périple à pied, lanterne à la main.

    PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, LA PRESSE

    De la base de la montagne, les spectateurs poursuivent le périple à pied, lanterne à la main.

  • L’expérience n’est proposée nulle part ailleurs.

    PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, LA PRESSE

    L’expérience n’est proposée nulle part ailleurs.

  • Le compositeur Philippe Brault s’est chargé de la musique du spectacle.

    PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, LA PRESSE

    Le compositeur Philippe Brault s’est chargé de la musique du spectacle.

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Le concept, déployé sur près d’une heure, a pris forme dans l’imaginaire d’un enfant, celui de l’éclairagiste Martin Labrecque, cocréateur et concepteur lumière du Vol de l’Oiseau mécanique, ainsi que plus de 200 autres productions pour le théâtre et le Cirque du Soleil. Lors d’une journée de ski, le fils a fait remarquer à son père que le remonte-pente était semblable à un manège. Il n’en fallait pas plus pour faire germer l’idée.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, LA PRESSE

Martin Labrecque, concepteur lumière du Vol de l’Oiseau mécanique

« Je me suis dit que ce serait bien de faire ça la nuit et d’éclairer la forêt pour utiliser ces infrastructures sur quatre saisons », raconte le créateur. Le projet a été amené à la table de discussion d’Atelier Occhio, qui réunit quatre artisans de la scène et collaborateurs du Cirque : Stéphane Mongeau, Yves Aucoin, Olivier Kemeid et Martin Labrecque.

L’expérience n’étant proposée nulle part ailleurs, le collectif a rapidement cherché à évaluer la faisabilité de son projet. Il y a trois ans, il contactait le propriétaire du Massif et cofondateur du Cirque du Soleil, Daniel Gauthier, pour avoir son avis. On ne pouvait cogner à meilleure porte : le Massif cherchait justement un divertissement pour bonifier son offre estivale à la suite de l’inauguration du Club Med au pied de la montagne. L’idée a été adoptée.

Une féérie en musique et lumière

Rapidement, le compositeur Philippe Brault s’est joint au processus créatif. Sa musique, enveloppante, est essentielle à la magie de ce long plan-séquence immersif et contemplatif, où le spectateur est pris en charge du début à la fin. « On s’est inspiré de la beauté du lieu et des particularités du terrain pour créer. C’était nouveau pour tout le monde et on ne savait pas comment nos approches respectives pouvaient évoluer dans cet environnement », relève Martin Labrecque.

Le terrain est abrupt, soumis aux intempéries, vaste : des défis de taille pour tout créateur, malgré les années d’expérience réunies dans Atelier Occhio.

On voulait créer une expérience ludique, sans tomber dans la surcharge et en faire un Walt Disney.

Martin Labrecque, concepteur lumière du Vol de l’Oiseau mécanique

Les spectateurs entrent dans cette magie qui alterne entre l’obscurité et l’éblouissement, les effets de surprises et l’apaisement.

Le spectacle est tributaire de la météo. Cependant, une fine pluie, des nuages ou un brouillard n’auraient été en aucun cas des obstacles pour la bête mécanique, que seules de fortes pluies, des orages ou des vents violents empêchent de fendre le ciel, précise l’éclairagiste. La pluie ou la bruine modulent d’ailleurs la lumière autrement pour créer des expériences uniques chaque soir.

Le parcours s’aborde, au choix, depuis le sommet de la montagne ou sa base. Cette dernière option est probablement plus intéressante pour s’imprégner de l’ambiance dès le départ, puisque la descente permet de rétrograder graduellement. Ce segment, moins spectaculaire, semble toutefois incomplet comparé à la montée où certains tableaux se chevauchent moins habilement sur le plan sonore. L’expérience est inégale et la trame, peu présente malgré la simplicité de l’histoire – celle d’un oiseau qui part pêcher les victuailles qu’il ramènera à ses oisillons. Les adultes devront s’abandonner avec candeur au moment, ce que leurs enfants n’auront aucune peine à faire.

On comprend que cette scène de plusieurs kilomètres en nature n’est pas des plus simples à habiller et qu’elle se peaufinera avec le temps. Le Vol de l’Oiseau mécanique est néanmoins incontournable lors d’un périple dans Charlevoix. On annonce déjà que la féérie sera reconduite à l’été 2024. Puisque des plages horaires affichent complet cette saison, on recommande de réserver ses billets à l’avance sur le site, où l’on propose aussi un forfait incluant un souper trois services à la buvette de montagne Camp Boule qui met la table pour une soirée mémorable.

Consultez le site du Vol de l’Oiseau mécanique