L’auteur-compositeur-interprète québécois Lumière — Étienne Côté de son vrai nom — a assuré huit fois cet automne la première partie de la superstar française Clara Luciani dans sa tournée des Zénith, des salles qui peuvent accueillir 10 000 spectateurs. Celui qui sera en spectacle à la Sala Rossa ce mardi à Coup de cœur francophone raconte son expérience.

Q. Comment vous êtes-vous retrouvé à faire les premières parties de Clara Luciani ?

R. C’est grâce à Pierre Lapointe. J’avais fait ses premières parties en France au printemps, et à Paris, il est allé chanter son duo avec elle au Zénith. Je l’ai rencontrée dans les loges, alors quand elle est venue aux Francos à Montréal l’été dernier, je l’ai invitée à venir voir mon spectacle. Clara est fine et drôle, elle te met à l’aise tout de suite. Un soir, on est allés prendre un verre, et là, elle a eu un flash : « Mais tu devrais faire ma première partie des Zénith cet automne ! » Et moi j’ai dit : « pas de problème ! »

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Lumière en spectacle aux Francos en juin

Q. Comme batteur pour Bon Enfant, avec Lumière, entouré d’un band, comment gérez-vous le fait de vous retrouver seul devant des milliers de personnes ?

R. Comme logistique, c’est plus facile, et je trouve ça très avantageux de jouer mes chansons seul à la guitare. Mais de me retrouver devant autant de monde, je ne l’avais pas envisagé du tout… Le premier soir à Amiens, j’ai été déstabilisé. J’ai vraiment eu peur. J’ai oublié mes paroles, ce qui ne m’arrive jamais, et j’ai été obligé de recommencer ma chanson. C’est comme se retrouver devant un terrain de football rempli de monde, avec un mur au fond rempli de monde aussi. J’ai trouvé mes 30 minutes stressantes.

Q. Comment cela s’est-il passé les soirs suivants ?

R. Je me suis dit : minute là, je vais me ressaisir. J’étais déterminé à ce que ça ne se reproduise pas. Je suis arrivé avec une autre set list, des tounes plus dynamiques. J’ai été plus en confiance, je me disais : je suis là pour réchauffer la salle, les gens attendent Clara, je connais mon rôle. Si ce n’est pas moi, ce sera quelqu’un d’autre, alors let’s go ! Ça prend du guts, oui, mais il fallait que j’arrive à m’amuser et j’ai réussi, au boutte !

Q. Était-ce comme un apprentissage en accéléré ?

R. Absolument. Déjà avec Pierre [Lapointe], j’ai appris énormément en observant comment il parle au public, sa routine avant et après le show. Là, j’apprends à fonctionner avec une équipe énorme. Il y a beaucoup de monde impliqué. Clara, c’est 50 personnes qui la suivent, trois autobus de tournée… Moi, je dois être à l’heure, m’accorder à telle place, aller chercher mes écouteurs à une autre place…

Q. Est-ce que les salles sont pleines ?

R. Oui, pleines à craquer, tout le temps. On a fait Lille deux soirs, c’était plein les deux soirs. Ça marche super, les gens l’adorent. Elle est devenue une célébrité de la scène musicale, elle a fait beaucoup de télé aussi. Et il y a une culture là-bas. Les gens, quand ils t’aiment, ils t’aiment en tabarouette.

Q. Vous serez à la Sala Rossa ce mardi avec votre groupe dans le cadre de Coup de cœur francophone. Comment voyez-vous ça ?

R. Je me suis ennuyé de mon band et j’ai hâte de le retrouver. J’espère que la spontanéité sera au rendez-vous, qu’on vivra quelque chose d’agréable. J’ai vraiment hâte à ce public, je suis prêt pour eux autres. J’espère qu’eux sont prêts !

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Le groupe Bon Enfant, dont Étienne Côté (en jaune) est le batteur, a reçu le Félix de l’album rock lors du Premier Gala de l’ADISQ mercredi dernier.

Q. Bon Enfant vient de remporter le Félix de l’album rock de l’année pour Diorama. Quelle place occupe le groupe pour vous ?

R. Il est toujours cher à mon cœur. J’ai adoré l’été passé ensemble, on prépare de la nouvelle musique tout le temps. C’est rendu le seul projet dans lequel je joue du drum, et c’est un rôle que j’aime beaucoup. Je me suis fait remplacer pour la première fois pour un show l’été dernier, et ça reste toujours possible.

Q. Après cette expérience, aviez-vous le désir de faire carrière en France ?

R. Je l’avais déjà. J’y suis allé beaucoup avec Canailles. J’aime tourner en France. Par rapport au Québec, c’est une autre mesure dans le temps, plus à l’année. Ici, c’est super bien l’été, il y a plein de festivals, mais après, faire son avenir au Québec, c’est difficile. Tu te ramasses à jouer dans des petits bars, ce n’est pas facile de tourner l’hiver. Arriver en France, je vois ça comme un grand terrain de jeu qui s’ouvre à nous et qui vient compléter le réseau des festivals au Québec. Mais il faut travailler pour ça, ce n’est pas facile et c’est ce que je suis en train de faire. L’air de rien, le projet Lumière a un CV que je suis en train de garnir.

Par souci de concision, l’entrevue a été remaniée.

À la Sala Rossa ce mardi 20 h dans le cadre de Coup de cœur francophone ; au Club Soda le 19 novembre, 19 h, dans le cadre de M pour Montréal

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